Thomas : Hey, Corentin, tu connais la blague sur les otakus et les ampoules ?
Corentin : Ah… non, je crois pas. Tu peux me la raconter ?
Thomas : Oui, bien sûr ! Alors, d’après toi, il faut combien d’otakus pour changer une ampoule ?
Corentin : Je sais pas. Un ?
Thomas : Non, il en faut
[weeaboo.mp3]
1, 2, 3, 4 ! Je suis une weeaboo, pas une otaku, je suis une weeaboo, pas une otaku, je m’habille en pika, pika pikachu. Pika ! Pika !
Corentin : Nan mais t’es sérieux ? Ca va pas de passer ce morceau ? Des gens se réveillent en nous écoutant ! Faut vraiment être inconscient des fois…
Thomas : Non mais c’est parce que je viens parler du manga Otaku Otaku, de la mangaka Fujita, édité par Kana. A l’heure où nous enregistrons la chronique, deux volumes sont disponibles en français.
Corentin : Oh non, ça va encore parler de trucs de nerds…
Thomas : Je ne vais pas te contredire à ce propos. Mais Otaku Otaku, c’est un peu plus que ça.
Corentin : Bon, OK. Mais avant que tu commences, peux-tu nous rappeler ce que signifie otaku ?
Thomas : Il s’agit d’un mot japonais désignant communément un geek ou un nerd japonais. Fondamentalement, un ou une otaku sera fan de manga, d’anime, de jeux vidéo... Alors que les termes geek et nerd ont un peu perdu de leurs connotations négatives dans les pays occidentaux, le terme otaku reste assez négatif au Japon : on ne va pas se déclarer otaku à la face du monde, de peur d’être rejeté par la plupart des gens.
Corentin : Merci pour ce rappel. Et du coup, Otaku Otaku, c’est de ça que ça parle ?
Thomas : Alors oui… mais surtout non. On suit Hirotaka, jeune homme de 26 ans, employé de bureau discret comme il en existe des millions au Japon, fan de jeux vidéo. Un beau jour, dans les couloirs du bureau, il va croiser Narumi, une amie d’enfance. Très rapidement, Narumi va le prendre à part : elle aussi est une otaku, et si elle a changé d’entreprise, c’est parce que son terrible secret a été découvert par ses anciens collègues. De même, chacune de ses relations passées a échoué parce qu’elle cachait systématiquement sa passion à ses petits amis, jusqu’à ce qu’ils découvrent eux aussi le pot aux roses. Elle compte donc sur la discretion de Hirotaka pour ne pas se faire griller.
Une relation se noue alors, de façon assez naturelle : aux côtés de Hirotaka, Narumi peut être elle-même, puisque les deux ont des références communes. Ils vont également être épaulés par un autre couple de collègues, un peu plus âgés, et tout aussi otaku, Kabakura et Hanako.
Au final, on a une comédie romantique tranche de vie plutôt bien pensée, accessible à toutes et tous - la notion d’amour est universelle - avec, ça et là, quelques références qui feront plaisir aux otaku, sans gâcher la lecture des normies.
Corentin : Je vois bien où on va avec ce manga, mais sorti des références otaku, justement, qu’est-ce qui le distingue d’autres titres du genre ?
Thomas : Justement, c’est ce focus sur la sociologie des otaku qui est intéressant. Souvent, l’otaku est vu par le biais de la caricature. Même Genshiken, qui est un autre titre qui traite de thématiques similaires, manquait parfois d’un peu de finesse à ce propos. Otaku Otaku permet d’aborder les questions de l’isolement des otaku, d’un sentiment de rejet de la société “normale” et de la difficulté finalement à s’intégrer à un groupe social quand on a passé sa vie à nourrir une passion à la marge.
Sans grossir le trait, Fujita nous présente ses personnages en toute sensibilité, et c’est ça qui est bien. C’est d’ailleurs tellement bien que le manga a été adapté en série animée au printemps 2018. Elle est disponible sur Amazon Prime, sous le titre “Wotakoi : l’Amour, c’est compliqué pour un otaku”.
[02 - wotakoi.mp3]
C’est un extrait du générique d’ouverture de la série, interprété par le groupe Sumika.
Corentin : Tu nous as vendu le fond de la BD, qu’en est-il du dessin ?
Thomas : Le manga est dans l’air du temps, avec un dessin précis, plutôt économe en traits et expressif. Fujita joue intelligemment avec les trames, dynamisant les actions et renforçant l’état d’esprit des personnages.
Au final, on a droit à une série drôle, parfois touchante, et finalement assez juste. Je recommande donc chaudement de mon côté.
Corentin : On l’aura compris, Otaku Otaku, de Fujita, et publié chez Kana, c’est validé par toi, Thomas. Le volume 2 est disponible à 7€45. A bientôt !
0:00
4:14
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.