C: Entre tradition et modernité, entre Orient et Occident, entre tacos trois viandes et okonomiyaki, vous entrez dans le monde mystérieux des adaptations. Benjamin Benoit est là pour nous parler des adaptations nippones…
B : Ni mauvaises. Enfin heu bon quand même souvent hein.
C : Dragon Ball ?
B : J’en sais rien mais je vous crois quand vous dites que c’était horrible. On a qu’une vie et c’est quand même cramer deux heures pour rien.
C : Et Ghost In The Shell y’a deux ans ?
B : Ca faisait le taf, c’était pas si mal, il y avait une vision. J’ai trouvé ça plus qu’acceptable.
C : Et Nicky Larson et le parfum de Cupidon ?
B : Oh non pas encore. Je vous redirige vers le brunch pour ça. Une semaine plus tard est sorti quelque chose d’un peu plus sexy, un peu plus intéressant, c’est Alita Battle Angel, une adaptation américaine de l’univers de Gunmm, G.U.N.M.M ou Gunmou pour les wéabouh. Neuf volumes publiés par Yukito Kishiro entre 1990 et 1995, c’est un récit cyberpunk iconique qui voit enfin le jour sur les écrans, hors de son continent d’origine. Internet a d’ailleurs eu un peu peur en voyant le premier trailer du film, où l’on voyait le rendu de son héroïne cyborg Alita et ses yeux DE MANGA.
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Bande-annonce qui ne faisait pas honneur à un projet d’ampleur qui traîne depuis longtemps, très longtemps, cultivé par James Cameron. Monsieur Titanic Himself est trop occupé avec ses quinze suites à Avatar pour, au hasard, sortir un BluRay d’Abyss. Et après s’être occupé du script pendant une quinzaine d’années, il l’a filé à un Yes Man, Robert Rodriguez, pour qu’il puisse le finir. Il a réalisé Sin City, Machete et Planet Terror donc plutôt un adepte du cinéma d’exploitation qui a fini la copie d’un blockbuster. C’est une longue histoire qu’on a pas vraiment le temps de développer ici, mais qui n’a rien d’inhabituel dans le nouvel Hollywood. Au moins, c’est un projet qui a vu le jour, pas comme Les Montagnes Hallucinées par Del Toro. Par exemple.
C : C’est l’histoire d’une cyborg qu’on récupère aux ordures.
B : C’est un univers qui, dans son récit et sa genèse, a beaucoup de similitudes avec Moral Engines. Dans Battle Angel Alita on est dans un monde dystopique très vertical. Plus on monte, plus on monte socialement. Par terre c’est Iron City, un immense bidonville cyberpunk - et la cité est régulièrement arrosée des ordures de Zalem, la ville suspendue, où tous les aristos contemplent la plèbe. Le docteur Christoph Waltz fouilles la décharge géante et il trouve une cyborg dont le corps va de la tête jusqu’au plexus solaire. Il la rafistole en lui donnant le corps qu’il comptait greffer à sa fille handicapée moteur, et débute une relation père-fille de substitution !
C : Mais ça, ce n’est que le tout début. Alita va vite découvrir qu’elle est les réflexes, l’énergie et les souvenirs d’une guerrière.
B : Cette cyberado a fait la cyberguerre sur la lune, elle ne le sait pas encore, mais elle va vite se rendre compte qu’elle a un lourd passé parce que sinon, y’a pas de film. Alita va vite se retrouver au coeur des luttes de pouvoir et d’autorité entre Iron City et Zalem, comprendre les liens qui l’unit à l’un ou l’autre, et yadda yadda vous avez déjà compris ça il y a longtemps. Donc tout l’intérêt du film c’est la retranscription de cet univers de fiction au canevas déjà écrit, dessiné, et lui-même adapté en deux épisodes d’animes. D’ailleurs, c’est davantage une adaptation de cette série animée que celle du manga, on y retrouve toutes les scènes iconiques en condensé.
C : L’univers est donc central. Ca vaut quoi ?
B : C’est bien ! En sortant je me disais que ça faisait bien le taf, et surtout que la demi-année de polish d’effets spéciaux a fait du bien au film. C’est indiscutable. Mais plus le temps passe, plus je le trouve riche et thématiquement intéressant. On retrouve bien la patte Cameron dedans, notamment dans la manière de montrer des scènes de mutation ou de transformation. Le seul problème n’est pas cyberpunk du tout : les années 90 viennent d’appeler, elles aimeraient récupérer leur romance. Celle-là elle est pas très bien et pas très intéressante.
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Je cite Télérama. « A la réalisation, Robert Rodriguez retrouve la veine de Spy Kids (2001) et un élan juvénile qui rend même la naïveté charmante. »
C : Ouhla.
B : Comme tu dis, je respecte cet avis sur Spy Kids mais vraiment pour être poli. Dans Alita, en deux heures de film on a suffisamment de petits morceaux d’univers cool pour que ça vaille le coup. On a le sport cyberpunk superviolent, qui rappelle le film maudit Rollerball. On a une rixe de bar, plein de cyborgs fascinants qui se mettent dessus, un méchant inutilement méchant, et Mahershala Ali qui est le pion d’un terrible complot…… même sans connaissances du matériau de base, vous n’aurez pas de grande surprise scénaristique devant Gunm. Le film fonctionne comme un introduction géante à un plus grand univers, on se donne potentiellement rendez-vous pour la suite.
C : La question me brûle les lèvres : est-ce que Battle Alita Angel est recommandé par les Croissants ?
B : Je recommande Angel Alita Battle a à peu près tout le monde pour une expérience qui n’est pas révolutionnaire mais qui met suffisamment de moyens et de détails dans une adaptation honnête et de grande envergure. C’est du grand spectacle loin du génial mais solide et qui a l’air de comprendre son matériau original. C’est un projet solide un petit peu miné par son processus de production... Donc allez-y, pas de problèmes. C’est cyber-recommandé. Mais je peux pas m’empêcher de penser que le projet sous la direction intégrale de Cameron aurait été meilleur.
C : C’est presque le cyber-enthousiasme ! A la cyber-prochaine Benjamin, battle chroniqueur !
« Alita : Battle Angel », un ange qui passe
L’adaptation en long métrage du légendaire manga « Gunnm » par James Cameron avait de quoi inquiéter, et ce depuis plusieurs années. Au final, c’est Robert Rodriguez qui s’est collé à la réalisation de ce « Alita : Battle Angel » pour un résultat… plus que passable il semblerait ! C’est en tout cas l’avis de Benjamin Benoit.
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