Corentin : Disney partout, justice nulle part. Tant que vous écouterez les Croissants, vous aurez droit à une chronique cinéma par mois minimum fraîchement sortie de l’écurie Disney. Des suites, des adaptations, des live action des remakes en veux-tu en voilà…
Benjamin : Et plus aucune créativité parce que c’est interdit, et il faut bien financer la phase 8 du Marvel Cinématic Universe.
C : Ah, c’est Benjamin Benoit qui chronique, et il est ronchon. Il n’a pas du aimer le Disney du mois. De quoi on parle aujourd’hui Benjamin ?
B : Aujourd’hui c’est ma 100è chronique et j’aurais vraiment aimé vous parler d’un truc pour lequel je me suis passionné, qui m’a hanté, qui m’a retourné le cerveau ou qui se révêle juste très intéressant. Autant vous dire que vous n’aurez rien de tout ça aujourd’hui puisqu’on va parler d’un film qui avait une sacrée sale gueule et qui s’est rêvélé à la hauteur de ses non-promesses : je ne pris aucun, AUCUN plaisir devant Ralph 2. La suite de Wreck-it Ralph, sorti à la toute fin 2012. Et pour fêter ce chiffre rond, Disney m’a sorti un hommage involontaire à l’une des chroniques stars de la jeune histoire des Croissants. Une petite bande annonce ? Allez une petite bande-annonce.
[BANDE ANNONCE 1]
B : Donc en attendant Toy Story 4 de Pixar et La Reine Des Neiges 2, Disney nous gratifie de la suite des Mondes De Ralph, un film d’animation sommes toute potable où un personnage de jeu vidéo assigné méchant se rebelle contre sa vraie nature, et veut être gentil et être reconnu comme tel. Bon c’est pas demain la veille qu’on va comparer les script Disney à la littérature russe mais au moins il y a un coté héhé ludique hoho à cet étalage de référence de jeux vidéo. Et, il faut le dire, c’était il y a six ans. Temporellement c’était hier mais l’animation et la manière de la narrer ont bien évolués.
C : De quoi ça parle ce deuxième opus ? Même si je me doute un peu parce que le titre Ralph 2.0 est déjà très évocateur.
B : Accrochez-vous. Un personnage qui a envie d’être quelqu’un d’autre est accompagné par son sidekick qui a envie d’ailleurs. Ils vont se retrouver dans le monde merveilleux d’internet, des applications, et vivre moult aventures qui seront leur propre thérapie. Une terrible thérapie. Y’a plein de marques partout et c’est super générique. Je suis je suis je suis je suis ?
[DEUX SECONDES DE THE EMOJI MOVIE]
B : Je suis The Emoji Movie 1.5 et je ne peux pas physiquement laisser passer ça, même si c’est Disney, surtout si c’est Disney. Ce serait injuste de critique une comparaison, mais je vais vous expliquer, je trouve pas mal de défauts en commun. J’approfondis un peu le scénario. Quelqu’un casse le volant de Vanellope, l’amie de Ralph, ce qui menace le jeu d’arcade dans lequel elle vit. Le temps de vous dire que c’est exactement le scénario du premier film, voilà nos deux compères partis dans l’Internet pour acheter ce volant. Ils vont gagner une enchère sur Ebay en promettant 20 000 dollars quelque chose du genre, puis ils vont trouver l’argent en piquant une caisse dans un GTA like etc etc etc.
C : Attends, attends. Un GTA ? Mais je croyais que ça parlait d’Internet.
B : Le film en a eu marre de son high-concept très vite, et il se rend compte qu’effectivement c’est super faible au niveau créatif. Du coup il cherche des excuses improbables pour varier les genres, les images, et faire un peu d’animation technique. Y’a une séquence vraiment très longue sur Youtube, une autre qui implique un virus, comme The Emoji Movie ! Et un moment où ils vont sur Disney.com, rencontrer toutes les princesses Disney. Et là on part dans une cavalcade d’autoréférences.
C : T’as pas l’air d’aimer ça.
B : Parce qu’il y a aucun intérêt. Je vais pas au cinéma pour qu’une franchise qui bouffe tout MONTRE par dessus le marché qu’elle a tout bouffé et qu’elle peut en faire n’importe quoi. Dans un marché qui commence à produire des abberations comme un potentiel film Funko Pop ou un film Just Dance je trouve très inquiétant de voir le mastodonte Disney t’agiter du Star Wars et des Avengers sous le nez, comme si j’étais un bébé à qui il faut agiter un trousseau de clé sous le pif pour avoir son attention. C’est un terrible message quand même. Regardez, on est Disney, on monopolise tout, on achète, et on fait rien de créatif avec. Tu vas faire quoi ? Bah regarder. Et c’est un système qui va mettre des années et des années à, peut-être, se dégonfler.
C : Je te connais, tu vas citer une métaphore involontaire.
B : Ecoute, c’est aussi un pouvoir de Super Fac De Lettres… je…. je le connais bien, il m’a raconté comment on pouvait faire ça. Ralph 2 parle de lui-même sans le savoir. A la fin, plein de petits Ralphs font un Ralph géant, et la seule manière de le calmer c’est de lui dire d’être moins égoïste, de penser aux autres et de lâcher l’affaire. Bah voilà Disney se décrit tout seul.
C : Prenons la chose sous un autre angle. Est-ce que c’est drôle ?
B : Mais non c’est pas drôle ! Encore un film qui croit que pointer du doigt quelque chose fera rire le spectateur. A un moment le film se lance dans une espèce de radiographie des mèmes à la mode et de ce qui marche sur Internet. J’ai souri à une référence à Bob Ross, parce que j’étais plus proche de l’âge des scénaristes que de celui du public visé.
[BANDE ANNONCE 2]
B : Ralph 2 c’est un humour méta qui ne va jamais très loin si tu y réfléchis deux secondes. Je te donne un exemple très simple : la scène post-générique c’est quelque chose qui était très populaire dans une bande-annonce du film, mais qui n’est pas dans le cut final. Du coup ils la mettent ici en soulignant cet état de fait, mais du coup si tu as la blague c’est que t’as déjà vu la scène, où est l’intérêt ? Et le film se conclut sur un mème vieux comme le monde et pas très créatif. Rien ne marche dans ce film. Quand il veut faire du tragique ou de l’introspectif ça atterit à coté, et c’est dommage parce que le film tente un message plutot risqué et intéressant. Et j’ai même pas le temps de vous parler des marques invasives du film.
C : Est-ce que Ralph c’est le Ready Player One de Disney ?
B : Tu vois Corentin, ça c’est une périphrase un peu feignante pour déterminer les films feignants. Et ouais, Ralph c’est un tapis roulant de références et de marques. Son énergie est trop sporadique, et le fun n’y est pas du tout. Je trouve vraiment mais vraiment crétin de nous mettre le lieu commun du personnage féminin qui rêve d’ailleurs dans un film où t’as toutes les princesses Disney qui viennent parader. Et offrir la meilleure scène du film.
C : Bon, je crois que c’est clair. On va s’arrêter là alors.
B : Revenez pour le Chant Du Loup sur le brunch ce sera bien mieux. Je me souhaite une autre centaine de chroniques… avec des trucs sans personnages qui traversent l’internet.
« Ralph 2.0 » : c’est zéro, point
Après un premier film plutôt bien accueilli dans lequel il visitait de nombreux jeux vidéo, « Ralph » revient dans un deuxième opus où il s’aventure avec humour dans les méandres d’internet ! Ça n’a pas du tout fait rire Benjamin Benoit qui ne se privera pas des pires comparaisons pour décrire ce dernier long métrage de l’écurie Disney.
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