Nicky Larson et le titre manquant de critique (98 - 07/02/19)
Corentin : Nyeh eh eh ! On est des méchants de la version française de Nicky Larson! ! Club Dorothée tout ça ! J’ai très très bobo !
Benjamin : Très bobo monsieur Larson. Alors, cher tous. Vous voici dans la tant attendue critique ciné de Nicky Larson et le parfum de cupidon. Nicky Larson, le coureur de jupons au grand coeur chérie de la génération Club Do. Je ne dis pas ça pour me faire mousser, mais parce qu’un grand nombre de cercles attendait ce film au tournant, généralement une paume sur le front et l’autre en train de taper sa crainte sur Twitter. C’est un projet parfaitement casse-gueule entériné par Phillippe Lacheau et sa fameuse bande à Fifi.
C : Si tu dis ça, c’est avant tout parce que ce réalisateur et ses potes ont passé les cinq dernières années à se constituer une filmographie… clivante.
B : Je vais prendre aucune pincette : des films généralement de merde qui culminent entre Alibi.com, fait sans la moindre volonté d’intelligence, ou Epouse-moi mon pote de Tarek Boudali et que j’ai du mal à ne pas trouver juste homophobe. Avant il y a Babysitting 1 et 2, qui sont des found footages assez fatigants et feignants à la fois, c’est quantique. Quelle ne fut la torpeur de l’Internet quand est annoncé, en 2017, le début du nouveau projet de Philippe Lacheau, qui est d’adapter l’oeuvre célèbre de Tsukasa Hojo ?
C : Elle était grande. On venait de voir Death Note sur Netflix. C’était un rappel que les oeuvres occidentales sont rarement géniales quand elles sont adaptées un continent plus loin.
B : SURTOUT A LA SAUCE COMEDIE FRANCAISE, genre le plus navrant de son époque, avec un Didier Bourdon qui, avec Christian Clavier, se retrouve toujours dans les pires scripts. Un projet où, d’apparence, rien ne va, les fans du manga ont peur, les fans de comédies française ont peur, les distributeurs ont l’air d’avoir peur parce qu’ils ont organisé un milliard d’avant-premières, sans doute dans l’espoir de pipoter les chiffres de première semaine. Promotion qui a rassuré du beau monde, le film est quand même distribué par Sony et a la bénédiction de Tsukasa Hojo, réputé difficile avec la propriété intellectuelle. Philippe Lacheau, lui, a clamé a qui veut l’entendre son amour inconditionnel de cette saga, de la version animée, et du doublage français non-sensique que vous connaissez peut-être.
[EXTRAIT DOUBLAGE]
B : Une volonté de plaire à tout le monde et de rendre hommage, le tout avec l’approbation de l’auteur original. Ca sent un peu meilleur, non ?
C : Le film est sorti et tu l’as vu. Les retours du public sont relativement bons. Tu as trouvé ça bien ?
B : EH BAH NOOOON. C’est pas très bien… on est pas dans l’infâmant et je vois la bonne volonté derrière mais le produit fini est encore faible. Je récapitule : Nicky Larson, c’est Philippe Lacheau, il résout des trucs et vit avec son associé, incarné par Elodie Fontand. Ils vont devoir mettre la main sur le fameux Parfum de Cupidon, qui rend instantanément amoureux tous ceux qui le respirent. Un gigantesque lieu commun de fiction, et le principal moteur comique du film. Parce que Nicky a le cerveau derrière la braguette, du coup il va tomber amoureux de Didier Bourdon et progressivement questionner son hétérosexualité, c’est fantastique de dire et d’entendre une phrase pareille.
C : J’ai une question d’importance. Est-ce que le reste de la bande à Fifi est là ?
B : Mais bien sûr. Il y a mon compère rueillois Julien Arruti, qui campe un rôle que je trouve… insupportable, c’est le mot, il est parfaitement gavant. On trouve aussi Pamela Anderson et Dorothée, qui est là, toujours au top. Dorothée qui sort des paroles de chansons de Dorothée, et c’est parti pour une montagne de référence. Nicky appelle une serveuse. « Hey Ranma ! Un demi » Clin d’oeil complice au public ! L’humour de ce film ne fait que pointer du doigt. As-tu vu, c’est telle série, c’est tel marqueur temporel et yadda yadda.
C : Mais le film est surtout construit autour de sa promesse de fidélité envers l’oeuvre originale. Qu’en est-il ?
B : Je sais que City Hunter est, de réputation, pas très subtil et libidineux. Si on a pas ce bagage-là, tout ce qui reste c’est un esprit vraiment beauf et slapstick. Des chutes, des collisions, des trucs dans des gueules, un mec menotté à un lit en feu qui dévale des rues en hurlant. Ce genre de choses. Beaucoup de pénis, quelques grosses pointrines, plein de male gaze, le perso perd en charisme viril et gagne en balourd. Du coup, quand le film Nicky Larson essaie de faire de l’émotion, ça ne marche pas. Et en substance, je retrouve la même flemme d’écriture que j’ai vu dans tout le Lacheau-Verse et Taxi 5, récemment. La même esthétique, les mêmes décors, les mêmes gags téléphonés, le même chemin de fer dans le script. Au moins, techniquement, Nicky Larson est plutôt léché, avec une photo correcte et deux trois moments de bravoure technique.
[EXTRAIT BANDE ANNONCE]
B : Mais ça ne suffit pas. L’envie et le peps sont là. Je les capte. L’esprit du support original est bien présent, au moins dans le cahier des charges et des moyens du cinéma français. Il n’empêche que c’est pas si drôle. Un truc m’a déridé, c’est cette histoire de parodie des Zamours avec Didier Bourdon. Ca m’a arraché un sourire. Il n’empêche que l’ensemble ne dépasse pas ce carcan de fan qui fait joujou avec ses séries favorites, et ça donne un résultat proche de Valérian. Pas infamant, mais franchement pas terrible. Il partait de loin, c’est pas nul… mais pas terrible quand même Corentin.
C : Alors qui va le voir ? Les fans peuvent le voir ?
B : Les fans curieux, bien sûr. La satisfaction sera peut-être au rendez-vous. Si vous accompagnez un fan, ça peut être plus problématique. Si les films du Lacheauverse vous font rire, celui-là vous l’aimerez sans problème. Donc Nicky Larson est une toute petite surprise, mais ça l’élève pas bien haut. Au moins, il y a une progression. Faites la même au prochain semestre et vous aurez les encouragement du conseil de classe.
C : Bon ben merci et à la prochain, Benjamin-kun.
B : Mais de rien, Corentin-Senpai.
Avec son « Nicky Larson », Lacheau évite de peu le fifiasco
Qu’elle était casse-gueule cette mission d’adapter « Nicky Larson » au cinéma ! Surtout quand on sait qu’elle a été confiée à Philippe Lachaux, dont la filmographie est... discutée, dirons-nous. Au bout du compte, il en ressort un film plein d’énergie et de bonne volonté, mais qui n’en reste pas moins médiocre. C’est en tout cas l’avis de Benjamin Benoit qui nous en parlera tout à l’heure.
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