Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon blzllzlldfllstop (95 - 07/02/19)
(Theme JAWS)
Corentin : Chez les Croissants, on aime beaucoup John Williams, visiblement… et les bons films. Mais là, c’est une chronique que vous attendez surement, car il est venu l’heure de parler d’un mastodonte du cinéma français… vous pouvez arrêter de contenir votre enthousiasme, car Benjamin Benoit est allé voir…
(Gémissement)
Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu. Un film de Philippe de Chauveron, l’indispensable réalisateur derrière Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu, Débarquement immédiat et l’indispensable A Bras Ouvert. Fans de Christian Clavier, c’est votre journée.
(Gémissement II)
Allez courage.
Benjamin : Je vais être prévisible. C’est vraiment pas intéressant du tout, mais allons-y pour le futur film français le plus vu de l’année.
[EXTRAT BA 1]
Dans les épisodes précédents, Christian Clavier Verneuil et Chantal Lauby Verneuil ont quatre filles, et elles épousent un noir, un asiatique, un juif et un arabe, et voilà ils sont tout contrits et comme le chante Avenue Q, « on est tous un titi peu raciste ». Bref le film a fait 13 millions de spectateurs en France en 2014, a été un super succès et voici donc le deuxième opus un lustre plus tard.
C : Parle-nous donc du scénario.
B : Tous les gendres de la famille Verneuil ont, de manière synchronisée, des envie d’ailleurs. Ils veulent tous quitter la France pour monter un commerce, pour intégrer Bollywood, pour ne plus subir le racisme, je ne sais. Du coup, le couple Lauby-Clavier va tout faire pour les faire aimer LA FRONSSE. Dans les faits, c’est quatre mecs qui ont envie de partir de France mais qui le font pas au final. Voilà. Donc dans ta face John Truby, dans ta face le monomythe, dans vos faces Hollywood, les meilleurs scripts sont français ! Le Bon Dieu 2 c’est juste une enfilade de saynètes très vaguement articulées, toutes connectées par un mariage lesbien et des blagues racistes, mais pas vraiment, et jamais justes dans le racisme. Genre à un moment t’as un mec d’origine chinoise qui lance des shurikens, la blague tape toujours sur deux pays trop loins, ça me fascine. Ah, et ce réalisateur a décidé de repomper son propre script d’A Bras Ouverts, puisqu’à un moment il y a l’accueil d’un réfugié Afghan qui va en prendre plein la gueule. Donc c’est un scénario giga plat et pas très concentré… et étonamment il reste en France, jusque là la formule des comédies françaises envoie toujours ses personnages à l’étranger pour le deuxième opus.
C : Ah bah justement, je croyais que c’était un film un peu chauvin, tout content d’être français.
B : Oui, mais la France du centre Val De Loire, qui a certainement mis quelques billes dans le film, parce qu’on ne voit que ça. En fait, la thèse de ce film, de se trouver un ennemi commun dans une figure : le Parisianisme ! Je vais vous dire, moi aussi j’ai envie de partir six mois à Kyoto pour plus prendre la ligne 13, j’en fait pas un métrage rempli DE VIDE. Parce que c’est ça la marque des grands : ce truc est affreusement automatique. A un moment, Frédérique Bel dit « mais papa, ça serait de l’humour, on rirait » et je crois que c’est un espèce de moment de lucidité pour un film qui a vraiment du mal à faire rire MALGRE Chantal Laby, qui donne tout. Et Clavier se réveille un peu à mi-chemin. Mais qui part de loin hein, il sont tous restés dans le premier film.
C : Comment ça dans le premier film ?
B : Mais je sais pas ils sont tous restés en 2014, justement. Ils parlent d’Hidalgo, du mariage pour tous, Chantal Lauby est toute contente de Twitter, ils évoquent des trucs qui ont un lustre et ils sont tout contents, on dirait un épisode des Simpsons. C’était pas si bien 2014 les gars, on a perdu en quart contre l’Allemagne, quelle indignité.
[BANDE-ANNONCE 2]
Bon, deux choses pour résumer. La réalisation. Vous vous doutez que ce sera pas cette comédie là qui aura une licence artistique ou un dispositif particulier. Pour ça je vous propose un Long Voyage Vers La Nuit et son plan-séquence en 3D, mais là j’oppose des objets avec si peu de rapport que je tombe aussi dans la basse caricature.
C : Et en vrai, c’est un film rassembleur ou l’inverse ?
B : Tu sais la substantifique moëlle de cette saga, c’est se rassembler autour des haines intestines. C’est devenu un carcan, un squelette, un truc super paresseux et malhonnête. En vrai c’est juste une enfilade de saillies vaguement racistes et juste écrites sans le moindre talent ou envie de faire quelque chose de bien, et ça va faire un carton, et le public va rire sans trop comprendre pourquoi il rira parce qu’il a besoin de rire et ça, je le comprends. Mais je peux vous recommander plein de trucs drôles, alors abonnez-vous.
[GENERIQUE PODCAST MDR]
Salut ! C’est Les Croissants. Ici on décortique, on analyse, on détruit la comédie française. Et dans Bon Dieu 2, vous serez heureux de comprendre que dès la troisième minute, il y a quelqu’un qui hurle et c’est très drôle. C’est un peu la Tchao Pantin de Pascal Nzonzi.
C : Ouhla, Benjamin est en train de faire son propre podcast dans son coin. J’ose plus lui demander si c’est bien comme film, mais je crois qu’on a compris.
B : On m’a demandé plusieurs fois où se situait Qu’est-ce qu’on encore fait au bon dieu par rapport au Monde Secret Des Emojis. Là c’est juste un mani maxi best off golden de médiocrité et d’automatisme en champ-contrechamp. Et financé par le Centre. Ca n’a aucun intérêt et ça va beaucoup marcher, et ça me désespère, mais je veux croire au Kharma, au pouvoir du CNC et que ces thunes-là iront financer des films plus intéressants. Grosse galère Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon dieu… Bon dieu.
C : Nous laisse pas comme ça en plan, dis un truc pour redétendre l’athmosphère.
B : Hey y’a un K-Mart qui a ouvert aux Champs !
C : Espece de gros parisien.
« Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu ? » pour mériter cette suite ?
« Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu ? » est la suite de, vous l’aurez compris, « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? », énorme succès commercial du cinéma français de 2014. Si le premier opus a souvent été critiqué pour son utilisation des clichés, parfois à la limite du racisme, il semblerait que cette suite continue sur cette même lancée ! Tout ça, bien sûr, au grand dam de Benjamin Benoit qui se l’est infligé rien que pour vous.
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