Corentin : Une planète Terre à l’agonie, rongée par les technologies, des robots qui ressemblent
fort à s’y méprendre à des humains : aujourd’hui, Morgane Giuliani nous parle de Blade Runner
2049, sorti le 4 octobre un peu partout en salles. C’est la suite de Blade Runner, film de science-
fiction réalisé par Ridley Scott, sorti en 1982.
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Corentin : Ça sort de Blade Runner ça ??
Morgane : Tout à fait Corentin. Ce qu’on vient d’entendre, c’est la sonnerie de téléphone portable
de K, le personnage principal de Blade Runner 2049, joué par Ryan Gosling. Si elle vous dit
quelque chose, c’est normal, puisqu’il s’agit d’un extrait de Pierre et le Loup, de Prokofiev. Pour
revenir au film : c’est le Canadien Denis Villeneuve qui est passé derrière la caméra, mais Ridley
Scott est présent à la production.
Corentin : D’accord. À la base, Blade Runner est inspiré d’un roman de Philip K. Dick.. Pour ceux
qui ne l’ont pas vu ou ne s’en souviennent pas bien, peux-tu nous refaire un topo ?
Morgane : Avec plaisir ! Blade Runner se passe en 2019, dans un Los Angeles cauchemardesque.
La faune et la flore ont quasiment disparu de la surface de la Terre, et les humains ont immigré en
masse vers des colonies extraterrestres. Pour ajouter à cette ambiance glauque, la Tyrell
Corporation fabrique en masse des Réplicants, des robots créés à partir de l’ADN humain, et à la
force surhumaine. D’une durée de vie limitée, ils sont voués à des travaux pénibles ou à la
prostitution. Certains Réplicants se rebellent sur une colonie, et sont bannis de la Terre. Le
problème, c’est qu’ils sont difficiles à discerner des humains. C’est là qu’interviennent les Blade
Runner, des détectives chargés de les traquer et de les éliminer. L’un d’entre eux est le
charismatique et bougon Rick Deckard, joué par Harrison Ford.
Corentin : Merci pour cette piqure de rappel Morgane ! Où Denis Villeneuve reprend-il l’histoire ?
Morgane : Comme son titre l’indique, Blade Runner 2049 se passe 30 ans après le premier film,
mais toujours à Los Angeles. La traque des Réplicants dangereux se poursuit. Cette fois, elle est
menée par de nouveaux modèles de Réplicants, très dociles. L’un d’entre eux est K, interprété par
Ryan Gosling, parfait en robot sage mais avide de justice. C’est de son point de vue que l’histoire
se déroule. On écoute un extrait de la bande-annonce :
[EXTRAIT]
Corentin : Qui vient-on d’entendre parler dans l’extrait ?
Morgane : Niander Wallace, businessman assez flippant très bien incarné par Jared Leto. Son
entreprise a racheté la Tyrell Corporation, et a développé de nouveaux modèles de Réplicants,
toujours plus avancés, toujours plus semblables aux humains mais très obéissants, comme on l’a
dit juste avant. Son assistante, Luv, jouée par Sylvia Hoeks, est une machine de guerre servant les
ambitions démesurées de son créateur.
Corentin : Peux-tu nous en dire un peu plus sur K ?
Morgane : K travaille pour la police de Los Angeles en tant que Blade Runner. Sa cheffe, jouée par
la magnétique Robin Wright, l’envoie à la recherche d’un vieux Réplicant. Sur son lieu d’habitation,
K découvre une malle renfermant le squelette d’un ancien modèle de Réplicant femelle enceinte,
ce qui est normalement impossible. Dans son enquête, K retrouve Rick Deckard, toujours incarné
par Harrison Ford. La rencontre des 2 Blade Runners était très attendue par les fans. Extrait :
[EXTRAIT]
Corentin : Vu le culte qu’il y a autour de Blade Runner, il y a énormément d’attente autour de cette
suite. Est-elle fidèle au premier film ?
Morgane : Complètement. Le réalisateur, Denis Villeneuve, à qui l’on doit notamment l’excellent
film de science-fiction Premier Contact, a respecté scrupuleusement l’oeuvre originelle de Ridley
Scott, aussi bien sur le plan visuel que sonore. Los Angeles est toujours noyée sous une pluie
continue, pavée de hauts buildings sombres, éclairée juste par des publicités ou hologrammes
gigantesques. Les humains méprisent toujours autant, voire, encore plus, les Réplicants.
Corentin : Blade Runner s’était aussi distingué par sa réalisation, ses décors, est-ce que cette
suite est au niveau ?
Morgane : Oui, et j’ose penser qu’elle supplante bon nombre de films de science-fiction sortis ces
10 dernières années. Denis Villeneuve a accompli un travail remarquable. Le film est beau,
majestueux, il transporte dans un univers glauque tellement bien imaginé que l’on s’y croit. Ça
passe par les effets spéciaux, très impressionnants Je pense notamment à la petite-amie
holographique de K, interprétée par Ana de Armas. Il y a une scène d’amour juste dingue sur le
plan visuel, mais je n’en dis pas plus.
Corentin : Les fans de Blade Runner ne seront donc pas perdus. Mais on n’a pas une impression
de réchauffé ?
Morgane : Pas du tout. Certes, l’histoire s’inscrit dans les bases posées par Ridley Scott, mais, elle
évolue dans une direction totalement plausible. Résultat : la curiosité et la fascination du
spectateur pour cet univers sont satisfaits.
Corentin : Blade Runner est aussi devenu culte parce qu’il pose de nombreuses questions
philosophiques. C’est aussi le cas pour cette suite ?
Morgane : Tout à fait, et c’est aussi en ça qu’elle est captivante. La déshumanisation de la Terre
est exacerbée. Les humains qui y vivent encore n’ont plus grand chose d’humain. Réplicants et
hologrammes semblent plus nombreux qu’eux. K est par exemple amoureux d’une femme
holographique. On n’arrive pas à savoir si l’amour qu’elle lui porte en retour est sincère, ou le
résultat d’un programme informatique. La mégalomanie de Wallace interroge sur la dangerosité
d’un homme à vouloir maîtriser la vie dans une volonté de pouvoir, jusqu’à se prendre pour Dieu.
Bien que forts, les personnages féminins sont pour la plupart enchaînés, d’une manière ou d’une
autre, à une figure masculine. Un parti-pris qui suit le film original, et qui a de quoi glacer le sang.
Enfin, le personnage de K pose la question du rapport au pouvoir. Jusqu’à quel point doit-on obéir,
simplement parce qu’on ne nous a jamais appris à faire autrement ? Mais le film laisse en suspens
plusieurs zones d’ombre de son prédécesseur, et là aussi, je n’en dirai pas plus pour ne pas
spoiler.
Corentin : Il y a donc de quoi potasser pendant un bon moment. Est-ce qu’il faut à tout prix avoir vu
le premier film ?
Morgane : Ce n’est pas obligatoire mais c’est quand même un plus parce que ça permet de
remarquer les clins d’oeil, et puis, ce nouveau film prend encore plus de sens si on a vu le premier.
Corentin : C’est noté. On rappelle que Blade Runner 2049 est sorti depuis le 4 octobre, un peu
partout en salles. Merci Morgane Giuliani !
Morgane : Merci Corentin, à très vite.
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