Google trace un trait sur l’Hexagone
Corentin : Avec Geoffroy, on va parler de Google qui boude la France c’est bien ça ?
Geoffroy : Le 4 octobre dernier, c’était la fête à Moutain View, le siège de Google. Comme à chaque rentrée depuis quelques années, le moteur de recherche s’improvisait constructeur et dévoilait ses nouveaux produits. On a ainsi eu droit à des écouteurs intra-auriculaires, à deux enceintes intelligentes, à un casque de réalité virtuelle, à un ordinateur, à une mini-caméra et à deux smartphones. Bref, le programme s’annonçait intéressant, avec un beau line-up, digne d’une conférence de Microsoft, Samsung ou Apple. Du moins aux États-Unis. [INSERT Pixel Family] Alors oui, ils fonctionnent très bien ensemble, mais pour la France c’est autre chose
C : Comment ça ?
G : Et bien, sache Corentin que sur les sept produits dont je t’ai parlé, seulement deux sortiront officiellement dans l’hexagone : la version mini de l’enceinte intelligente et connectée Google Home, et la nouvelle version du casque Google Daydream View. Ni les écouteurs, ni la caméra qui prend des clichés en permanence, ni le PC portable PixelBook, ni même les smartphones Google Pixel 2. Quant à l’enceinte haut de gamme Google Home Max, il faudra attendre 2018 pour savoir si la France fera effectivement partie des pays concernés après le lancement américain.
C : Mais c’est la première fois que Google boude la France comme ça ?
G : Pas vraiment non. Déjà l’an dernier, Google présentait la première version de ses smartphones Pixel et Pixel XL. Déjà à l’époque, l’entreprise les avait réservés au marché américain, mais à l’époque il y avait une bonne raison. Les smartphones étaient les fers de lance de Google Assistant, l’assistant vocal concurrent de Siri d’Apple ou d’Alexa d’Amazon. [Insert Google Home] Dès lors, pour vraiment tirer parti des smartphones, il fallait que Google Assistant comprenne le français. Et ça n’a jamais été le cas, du moins jusqu’à cet été. Or, si Google a pu sortir son enceinte Google Home en France dans la foulée, 9 mois de retard c’est un peu long pour un smartphone. Surtout qu’à ce moment-là, tout le monde se disait que le Pixel 2 serait lancé en octobre et serait, cette fois, disponible en France.
C : Ceci dit, si Google boude l’Europe, il n’y a pas de raison que la France soit épargnée…
G : Ah mais je t’arrête tout de suite, Google ne boude pas l’Europe. Les Pixel 2 et Pixel 2 XL sortiront en Grande-Bretagne et en Allemagne en même temps qu’en France. Puis en Espagne et en Italie en début d’année prochaine [Insert dispo Pixel]. C’est vraiment la France qui semble poser problème. À tel point que le compte Twitter officiel MadeByGoogle a confirmé le soir de la présentation que les Pixel 2 sortiront en France, avant de se rétracter alors que les responsables de la communication de Google, sur place, expliquaient que ce ne serait pas le cas.
C : Et on a une explication sur cet « oubli » ?
G : Eh bien non, aucune. Au mieux, et c’est ce qu’on va faire, on peut avoir des hypothèses. D’abord, les Pixel 2 et Pixel 2 XL sont les tout premiers smartphones au monde équipés d’une eSIM. En gros, plus besoin d’une carte SIM, elle est intégrée directement dans le smartphone. Or, la France est un marché où les opérateurs ont traditionnellement une grande importance. Et ils ne sont pas prêts encore pour passer à l’eSIM. Mais la théorie ne tient pas vraiment parce que les deux smartphones sont également compatibles avec les cartes Nano SIM classiques. Et que d’autres produits ont été oubliés pour la France.
Ensuite, il se peut que Google n’ait pas le réseau de distribution suffisant en France, que ce soit du côté de la vente nue en boutique ou chez les opérateurs. Je rappelle que si Google proposait des smartphones Nexus il y a encore deux ans, la distribution était à l’époque prise en charge par les constructeurs tiers (LG, Samsung, HTC, Hawei, etc.) et pas par Google même. Si Google a commencé à distribuer cet été ses Google Home chez la Fnac et Darty, ça reste encore limité à une simple enceinte, de niche. Google cherche peut-être à étendre son réseau sur un grand marché comme la France avant de proposer ses produits.
Enfin, une dernière explication possible serait la trop grande complexité du marché français. Sur les smartphones hauts de gamme, tous les constructeurs sont présents, de Samsung à Apple en passant par HTC, Motorola, Sony, LG, Huawei ou OnePlus. Même la start-up Essential pourrait se lancer prochainement dans l’hexagone. Un peu difficile du coup pour Google de s’imposer sur son propre nom sans réseau de distribution ni accord d’opérateurs.
On espère toujours que Google changera d’avis d’ici le début d’année, ne serait-ce que pour permettre aux consommateurs de bénéficier des premières mises à jour d’Android avant tout le monde, d’avoir une interface rapide et fluide et de bénéficier de quelques innovations comme la reconnaissance en permanence de la musique jouée en fond sonore, le tout à la sauce omelette du fromage à la française.
C : Merci Geoffroy !
0:00
6:22
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.