B : Salut les jolly mates, salut Thomas. Aujourd’hui on parle d’un film britishe qui envoie le vocabulaire local. Donc on y va pour les cor blimey, les bloody et autre faffing about que j’aime et qu’on aime. Mais sais-tu ce que j’aime encore plus Thomas ?
T : Wow, c’est difficile de faire plus vague comme question. Faire ta compta ? Le mini-golf ? Les paris-brest ? Bojack Horseman ? La piscine en milieu scolaire ? Respirer ?
B : Aeuh non, OUI, ouiii, AH OUAIS, non c’est une phobie et y’a intérêt oui. Non y’a un genre cinématographique qu’on évoque pas assez dans les Croissants : le film de casse, ou de braquage. C’est super les casses. Le bandit sophistiqué qui fomente son coup, qui le réussit sans faire aucun bobo à qui que ce soit et qui s’en va vers le soleil couchant, c’est une chouette figure romantique ! Et pour les années 2000, difficile de dépasser le travail de Steven Soderbergh avec Ocean’s Eleven ou, bien plus récemment, Logan Lucky. Les films de casse c’est bien.
T : Bon, ça, les grosses légumes du cinéma en sont bien conscientes, mais il leur faut un petit quelque chose en plus. Des suites, un high-concept ou un fait divers à adapter. Et justement…
B : Le week-end de Pâques 2015, un casse fort singulier a lieu en plein Londres, dans la salle des coffres de Hatton Garden. Quatre quidams s’emparent d’un butin d’environ 200 millions de livres. Fait particulièrement notable : ils ont une grosse soixante-dizaine d’années de moyenne. Un fait divers rigolo qui a déjà donné lieu à une série et deux longs-métrage dont celui dont on parle aujourd’hui, et, spoiler : rien n’est bien dans le lot, vous êtes prévenus. Les distributeurs ont dû s’en rendre compte car la couverture n’est pas fofolle pour Gentlemen Cambrioleurs - si vous tenez absolument à la voir, il faut vous dépêcher. C’est de James Marsh, qui a aussi réalisé une Merveilleuse Histoire du temps.
BANDE ANNONCE 1
B : Gentlemens Cambrioleurs, ou King Of Thieves dans la langue de la perfide albion raconte et romance ce fait divers avec un casting plutôt sexy, mené par Michael Caine, Jim Broadbent, et Charlie Cox, alias Dardevil-sur-Netflix. So far so jolly mais le film a petit problème…
EXTRAIT TUTOTAL
B : Le film est vraiment super giga masculin, le seul rôle féminin de tout le script c’est la femme de Brian Reader, le personnage incarné par Michael Caine, qui décède en tout début de scénario et qui déclenche les motivations de ce casse en plein Londres. Brian était un bandit de grand chemin célèbre, et il décide de remettre ça pour tromper le deuil, l’ennui, ou je ne sais, les motivations sont très floues. Il constitue une équipe, il fait la feuille de route du braquage, ce dernier a lieu avec la petite dose nécessaire d’imprévus… et quand c’est fait, on est même pas à la moitié du film.
T : C’est un peu prévisible hélas, puisqu’à la fin du fait divers, il finissent par se faire attrapper et ils atterrissent tous en zonzon.
B : SAUF UN. C’est vrai, mais James Marsh aurait pu adapter la structure du film de casse moyen et s’arrêter quand il réussit, puis expédier cet épisode. Non, ça c’est une heure de film, les doutes, les trahisons, l’argent caché, tout le monde qui panique et la police qui arrive - le film s’y attarde dans les longueurs.
T : Mais c’est potentiellement fascinant ça. Une équipe soudée qui se délite, puis qui commet de plus en plus d’erreurs…
B : Hélas, pas sur le produit fini. James Marsh ne fait RIEN de son casting. Ils font le choix de l’apathie, d’une espèce de pragmatisme un peu déplacé : ils sont vieux, donc rincés - et je pense que c’est involontaire. Le film fait un truc un peu élégant : de temps en temps, il cite directement de vieux films de casse en noir et blanc. Il insert de vieilles images. Mais Gentlemens Cambrioleurs n’arrive jamais à atteindre cette classe-là. Il cite sans jamais arriver à ce niveau de citation et c’est bien con.
EXTRAIT BANDE ANNONCE 2
B : Tu vois ça pourrait parler d’une génération de voleurs dépassés par la technologie d’aujourd’hui. Bah non, pas vraiment. Le film n’est jamais original, et son principal défaut est un manque criant de panache. Il n’y a pas la moindre trace de modernité dans le genre, pas de subversion, pas d’invention, c’est pas bien. Après des films ultra académiques, Gentlemens Cambrioleurs tombent dans l’automatique et plante un excellent matériau de base. J’ai un peu vieilli devant ce film et ce n’est pas généralement ce que je vais y chercher.
T : Est-ce qu’on va voir Gentlements Cambrioleurs ? Le film de casse entre personnes âgées est-il validé par les Croissants ?
B : Franchement, bof. Y’a pas grand intérêt à voir Gentlemens Cambrioleurs. Que ce soit en solo, entre amis, en famille, il y a peu de chances d’en tirer quoi que ce soit. C’est pas un bon film de casse, c’est pas un bon feel-good movie, c’est pas un bon documentaire, c’est pas un film très intéressant tout court, il ne fait que romancer un fait divers rigolo sans lui apporter de perspectives - et même l’immense casting n’est pas bien exploité. Si vous vouliez voir Dumbledore, aussi connu sous le nom de Michael Gambon, il n’est là que pour quelques scènes. Si les casses vous fascinent, la maison recommande plutôt le podcast Affaires Sensibles. Ou la trilogie Ocean’s.
T : Merci Benjamin, et à la prochaine !
« Gentlemen Cambrioleurs » : un film vieux, usé et fatigué
En s’inspirant d’un fait divers amusant et avec un casting en or fait de légendes du cinéma britannique, le film « Gentlemen Cambrioleurs » a tout pour plaire. Pourtant, il n’a pas convaincu Benjamin Benoit qui nous explique pourquoi.
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