C - Aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, Geffroy Husson de Tom’s Guide vient nous parler de sport. Alors Geoffroy, comme ça on est un footix ?
G - Bonjour Corentin et tu ne pouvais pas viser plus juste, je suis le plus footix d’entre tous. J’avais neuf ans en 98 et, si j’ai suivi le Championnat de France et le PSG de Ronaldinho, Pauletta et Pochetino dans les années 2000, aujourd’hui, je ne m’intéresse plus qu’aux compétitions internationales.
C - Comme moi Geoffroy, comme moi.
G - Le truc, c’est que comme je ne suis pas le football toute l’année, mais que tous les deux ans, pendant l’Euro et la Coupe du monde, il faut à chaque fois que je me remette dans le bain. Et pour ça, certes, il y a Fifa ou les albums Panini, mais surtout il y a d’excellents documentaires sur le football notamment français. Et c’est de ça dont j’aimerais parler aujourd’hui : les documentaires sur l’Équipe de France au travers de trois cas assez distincts : Les Yeux dans les Bleus, les Bleus une autre histoire de France et le K Benzema.
C - Ah mais oui, les Yeux dans les Bleus, c’est un classique !
[Bed : les yeux dans les bleus]
G - Je ne te le fais pas dire, Corentin. C’est devenu très rapidement LE documentaire sportif par excellence. Pour les auditeurs et auditrices qui ne l’auraient jamais regardé, c’est en fait une tranche de vie en immersion totale avec l’équipe de France avant l’ouverture du mondial 98 jusqu’à la finale. En fait il faut savoir qu’avant même le début de la Coupe du Monde, le réalisateur Stéphane Meunier a négocié de suivre l’équipe de France, sans forcément trop bien savoir jusqu’où elle irait.
Ce qui est très fort dans ce documentaire du coup, c’est qu’on assiste à la vie du groupe pendant tout ces mois de juin et juillet 1998, le tout sans communication aucune. C’est quelque chose qu’on ne pourrait pas revoir aujourd’hui avec tous les services de presse. On a parfois le réalisateur tout seul dans la chambre de Lilian Thuram alors qu’il écoute du IAM, parfois on assiste au massage de Lizarazu et Petit, culs nuls, et puis il y a les fameuses scènes de vestiaire, comme Zidane, seul après avoir pris un carton rouge contre l’Arabie Saoudite, filmé pendant ce qui semble être des heures. Ou la fameuse mi-temps de France-Croatie en demi-finale.
C - Ah oui, la fameuse engueulade !
G - Exactement oui, quand le sélectionneur Aimé Jacquet essaie de reprendre en main une équipe de France complètement abattue qui n’arrive pas à percer la défense croate.
[Insert Aimé Jacquet]
Ce discours de Aimée Jacquet, c’est pour beaucoup ce qu’il reste de Les Yeux dans les Bleus, parce que c’est un moment rare de vie de groupe et de discours de motivation du sélectionneur comme on n’en voit d’habitude que dans les films sportifs ou les séries TV.
Mais de mon côté, ce que je retiens surtout du documentaire, ce sont les vannes entre les joueurs, l’impression de découvrir un esprit de groupe. Il y a un côté presque voyeur à comprendre comment ces 23 joueurs ont réussi à former une équipe dans leur château de Clairefontaine. Ils avaient conscience du public français qui les soutenait, mais c’est vraiment le groupe, les vannes, la musique qui les aidaient au quotidien.
C - Et il y a un autre documentaire aussi qui revient sur France 98, c’est celui de TF1…
G - Oui tout à fait, 98 Secrets d’une Victoire, qui a été diffusé début juin 2018 sur la première chaîne. C’est intéressant parce qu’on retrouve les mêmes joueurs et acteurs, y compris Zidane, Trezeguet ou Jaquet, mais avec vingt ans de recul qui reviennent sur leur parcours, mais en entretien. Ça permet d’avoir un autre point de vue, plus distant. Mais on va arrêter sur France 98, parce qu’il n’y a pas que cette coupe du monde, il y a aussi celles de 2002, de 2006, de 2010 ou de 2014 et pour revenir dessus, il y a un autre documentaire formidable : Les Bleus une autre Histoire de France.
C - Bizarre comme nom pour un documentaire sportif…
G - C’est normal, parce qu’il s’agit presque davantage d’un documentaire historique, politique, voire sociologique. En fait, c’est un film qui a été produit pour France 2, diffusé pour la première fois en 2016, avant l’Euro, et désormais disponible sur Netflix.
En fait, sa particularité, c’est qu’il va partir de 1996 jusqu’en 2016 et raconter la perception que les Français ont de l’équipe de France au travers des événements politiques et sociétaux du pays. Du coup on va évidemment aborder des événements sportifs comme la victoire de 98 et le mythe du black, blanc, beur, mais aussi la grève des joueurs en 2010, le coup de tête de Zidane en 2006, les discours très droitiers de Sarkozy, l’affaire des quotas visant les binationaux dans les centres de formation de la fédération ou le match contre l’Algérie en 2001 qui avait été à l’époque récupéré par Bruno Mégret, le candidat d’extrême droite.
C - Quel match contre l’Algérie ?
G - En septembre 2001, Marie George Buffet, alors ministre des sports avait voulu organiser un match au Stade de France entre la France et l’Algérie. Il faut savoir que les deux équipes ne s’étaient jamais rencontrées et qu’elles ne se sont plus affrontées depuis.
C - Pourquoi ?
G - Parce que le match a dégénéré. Le stade était rempli de maillots et de drapeaux algériens. La Marseillaise a été sifflée et surtout le terrain a été envahi et le match n’a jamais pu se terminer. On l’époque, on pouvait voir Lilian Thuram particulièrement remonté contre ces supporters algériens pourtant français.
[Insert Thuram]
Un autre événement qui est abordé dans Les Bleus une autre Histoire de la France, c’est évidemment la relation entre Karim Benzema et l’opinion publique. Que ce soit avec l’affaire Zahia ou celle de la sextape de Valbuena, on voit que dans les deux cas, l’attaquant du Real Madrid a été dézingué de toute part par les politiques et notamment pas Manuel Valls.
C - Oui et puis il y avait surtout Benzema dans la grève du bus, à Knysna
G - Eh bien non, Corentin, même pas. Je pensais aussi, parce que comme je le disais tout à l’heure, je suis un gros footix, mais c’est en regardant un autre documentaire que je me suis souvenu que Benzema n’était même pas sélectionné en 2010.
C - Quel documentaire ?
G - Le K. Benzema. A la différence des deux autres, c’est évidemment un documentaire bien plus hagiographique puisqu’il ne concerne qu’un seul joueur, Karim Benzema, que c’est donc un portrait en longueur de sa jeunesse à 2017, et surtout que le réalisateur a suivi le joueur au jour le jour pendant plusieurs semaines.
C - Et on y apprend des choses ?
G - Pas mal de choses oui, même si on ne s’intéresse pas plus que ça au football et qu’évidemment ce n’est que l’avis de Benzema et qu’il faut le prendre comme tel. On découvre par exemple un Benzema particulièrement discret, timide, loin de l’image que le grand public a pu avoir de lui pendant longtemps. On découvre aussi un père de famille particulièrement chouchouté par Zidane qui le considère comme un petit frère.
Et surtout, ça nous permet de remettre en cause la conception qu’on peut avoir d’un joueur simplement sur des déclarations dans la presse. Ça n’en fait pas un saint, loin de là, mais ça permet au moins d’entendre sa version et c’est toujours ça à prendre.
C - Et du coup si tu devais ne garder qu’un seul documentaire parmi les trois cités ?
G - Sans aucun doute, ça serait Les Bleus une autre Histoire de France. Parce qu’il parlera sans doute à tout le monde, même à celles et ceux qui ne s’intéressent même pas à l’équipe de France pendant la coupe du monde. Parce que le documentaire vise juste, est sans concession, parfois brillant de pertinence, et permet de montrer, même aux plus réfractaires, que l’image de l’équipe de France c’est quelque part aussi l’image de la France auprès des Français.
C - Merci Geoffroy pour tous ces conseils et à bientôt !
L’équipe de France, le maillot fort du film documentaire
Avec le mondial, cet été 2018 aura été marqué par le football. Pour faire durer le plaisir, Geoffroy Husson de « Tom’s Guide » s’est plongé dans les documentaires qui avaient pour thème ce sport, mais aussi l’équipe de France.
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