L’heure de la sortie : l’écologie en conseil de discipline (89 - 8/01/19)
(LE TEMPS DE LA RENTREE)
B : Trop bien. Voilà une belle façon de commencer l’année. Bon réveil à tous, je suis Benjamin Benoit je ne vais surement pas me faire interr-
C : Ah mais si. Il y a erreur là, on va pas parler Du Temps de La Rentrée, mais de l’Heure de la Sortie. Oui, ça sonne un peu pareil, mais non finalement.
B : Ah. Très bien, je vois qu’on ne peut pas avoir de l’amusement ici. Amusement interdit en 2019, bravo. Mais c’est pas grave, parce qu’on commence l’année sur les chapeaux de roues avec un bon film. Et, miracle, un film français CHELOU. Un joli film de genre, sur lequel il faut garder un minimum de mystère, c’est quelque chose qu’il fait très bien tout seul, d’ailleurs. La bande-annonce pose très bien la bizarrerie du scénario.
EXTRAIT BANDE-ANNONCE
C’est donc Laurent Laffite qui est un prof un peu en retard dans sa carrière. Suppléant à 40 ans, il tombe sur une classe de surdoués de fin de collège pour enseigner le français. Deux éléments qui pimentent cette situation initiale encore un peu plate : il remplace un prof qui s’est défenestré sans crier gare en plein cours. Ce qui pose déjà un petit mystère, mais écoutez plutôt : un groupe de six élèves semble prendre leur remplaçant en grippe, sans raison apparente. Lui, il s’appelle Pierre, et rédige une thèse sur Kafka. Et ce n’est pas anodin, puisqu’il va voir pas mal de cafards dans ce film… et tomber dans un scénario Kafkaïen. Le comportement de ses élèves devient erratique, nuisant, pas loin du maléfique. Et lui devient obsédé par ça. Nous voilà avec un mystère mystérieux sur les bras Corentin !
C : C’est un scénario plutôt inhabituel, limite risqué pour du cinéma français. J’imagine que le métrage est filmé en conséquence.
B : C’est le deuxième film de Sébastien Marnier après Irréprochable, qui, via le personnage de Marina Foïs, distillait le doute et le malaise chez son spectateur. On ne sait pas s’il y avait plus de personnages bien intentionnés que mal intentionnés dans ce film. Dans l’Heure de la sortie, ce prof va se rendre compte du petit manège, et lui aussi se lancer dans un jeu de piste moralement trouble. Mais ce qu’il va trouver va poser encore plus de questions… donc oui, c’est un film de genre, assez malaisant mais ludique, qui a sous-texte que le bon sens m’empêche de déflorer. Un indice : j’ai vu le film et rencontré Sébastien Marnier en septembre, et je vais entretenir le mystère que vous comprendrez après avoir vu le film, mais il venait de se passer un fait politique étrangement pertinent avec son contenu. On écoute Sébastien Marnier, que j’ai rencontré à l’occasion de l’Etrange Festival.
GROS SOUNDBITE : « LAISSEZ TOMBER »
B : Film crépusculaire en diable, qui a une qualité, ou un défaut, c’est selon. Il vous laisse combler les trous.
C : Tu veux dire qu’il pose des questions et des pistes sans y répondre pleinement.
B : Oui. Le suicide originel n’est pas très clair, et les motivations de certains personnages, notamment dans le corps professoral, sont tout aussi floues. Pour un film qui parle du chaos dans lequel nous nous enfonçons, c’est dommage de ne pas plus essayer de verser une opinion. Mais c’est un choix que je respecte, et je trouve le flou toujours supérieur au prescriptif. Vous verrez ça par vous mêmes… Et le ramage est à la hauteur du plumage. C’est un film qui fait autant attention à l’image que son son. Le Score est d’un groupe nommé Zombies Zombies.
EXTRAIT 27 SECONDES SCORE DU FILM.
B : Aussi, je trouve un peu singulier de faire incarner ces angoisses et ces conflits générationnels par des surdoués, ce qui les rend un peu involontairement zinzins. C’est un choix, qui se comprend si on l’articule avec le genre du film. On se demande toujours si on va sombrer dans le fantastique. C’est pas X-Men, hein. Mais la cinématographie nous fait parfois penser à Romero, Carpenter, et le générique final est très très Lars Von Trier. Je vous le dis, c’est surtout un thriller, comme ont pu l’être Nocturama et Le Couperet. Et comme Le Couperet, L’Heure de la Sortie est adapté d’un livre. Par Christophe Dufossé.
C : Alors Benjamin, est-ce qu’on va voir l’Heure de la Sortie ?
B : Je suis très favorable. Pour plein de raisons. Je veux encourager le film de genre français à moins qu’il soit vraiment très moyen, ce qui n’est pas le cas du tout. L’Heure de la sortie est chelou, bien filmé, synesthésique, à tiroirs et avec une super musique originale. Le film est sombre et crépusculaire, va parfois chercher dans des recoins improbables comme le film de zombies, il est carré, bien filmé, bien joué. C’est cool, l’année commence sous des auspices déviants et inhabituels, donc de qualité ! Allez-y de ma part, c’est recommandé par Les Croissants. Et allez-y vite, le carton serait un peu improbable, Laurent Laffite n’est pas Superman. Et c’est un film distribué par Haut et Court, c’était gagné d’avance.
C : Quel enthousiasme ! L’année démarre sur les chapeaux de roue. Du chelou, du malaise, du crépusculaire. Bravo Benjamin ! Le contrat est rempli, tu vas à Baltard.
B : Merci, merci.
« L’Heure de la sortie » : face à Lafitte, des cerveaux
2019 démarre sur les chapeaux de roues pour le cinéma français avec un film que Benjamin Benoit a tout particulièrement apprécié. C’est « L’Heure de la sortie », avec comme tête d’affiche Laurent Laffite. Dans ce film de Sébastien Marnier, un professeur suppléant va se retrouver face à une inquiétante classe de collégiens surdoués qui semblent vouloir le tourmenter. C’est troublant, c’est perché et on en parle !
0:00
6:04
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.