Une brêve enquête sur le nouveal album de The 1975 (87 - 13/12/2018)
[INTRO THE MAN WHO LOVED A ROBOT]
Benjamin : L’internet le regarde, et lui dit « oui, je t’aime vraiment beaucoup beaucoup, je suis ton meilleur ami, et jamais je ne veut qu’on soit séparés.
Corentin : Il est bizarre ce conte de Noël dicté par Siri.
B : Wow, là on est entre Radiohead et I’m Blue Dabadi Dabada. Vous vous trompez, on ne parle pas encore de Black Mirror… mais cette chronique est, dans un sens, dédié à la technologie, à ses mauvais cotés, aux relations, aux réseaux sociaux, à Donald Trump, à la jeunesse, et à NOUS. Aujourd’hui Corentin, je vais te montrer un groupe de musique qui adore ne PAS être subtil… et pour une fois, ça marche. Salut les campeurs, hauts les coeurs, et bienvenue à tous en 2019.
C : Bonne année à toi aussi Benjamin, bonne année aux auditeurs. Aujourd’hui, tu vas nous parler d’un groupe assez peu mainstream en France et c’est dommage car leur musique devient de moins en moins efficace.
B : C’est un boy’s band, c’est The 1975 (à l’anglais, puis à la française).
[GIRLS]
B : Surtout à leurs débuts, il était très facile de détester ces quatre britanniques. Parce que le matériel était pas mal, certes, mais ils ont toujours eu ce gout très prononcé de l’ironique, d’aucuns diraient de l’edgy. Et jamais sans rapport avec le genre emo, très années 2000. Un peu grandiloquants tout de même, du genre à nommer leur second album I like it when you sleep, for you are so beautiful yet so unaware of it. Le leader, Matty Healy, actuellement 29 ans… est passé par tous les excès possibles. Ex héroïnomane, c’est le genre de mec qui cultive les clichés de la rockstar mais avec une conscience de soi et une modestie assez épatante. C’est un mec extrême mais gentil, c’est un drôle d’équilibre. Dans le clip de Girl, qu’on vient d’entendre, le groupe fait joujou avec des clichés pop et des clichés sexistes. Bref, The 1975, c’est de l’ironie de moins en moins ironique mais toujours assez carrée et travaillée, c’est ce qui caractérise leur musique. Là, par exemple, je vous met The Sound, issu de leur deuxième album.
[THE SOUND]
B : Pas très radiophonique mais je dois préciser que dans les clips du groupe, les coiffures de Matty sont toujours légendaires. Donc de la pop. De la pop assez efficace, mais léchée, très premier degré avec un poil de pince-sans-rire. Leur troisième disque vient de sortir, il s’appelle A Brief Inquiry Into Online Relationship et il n’a pas peur d’envoyer de l’autotune de temps en temps. Dès le premier titre d’ailleurs, qui, comme à chaque fois, s’appelle : The 1975. Pas pratique pour Deezer et Spotify les amis.
C : Bon je vais prendre la parole un jour quand même. Je lis dans tes pensées et devine que c’est un album thématiquement très fort.
B : C’est un album qui capture bien son temps. Et je ne suis pas du tout ironique en disant ça. On est en train de boucler l’imaginaire pop des années 2010, tout de même très flamboyant vers 2012, une super année pour la pop, et puis ça a sombré direct. Eux ils mettent les points sur les i et n’hésitent pas à être sombres. Dans les paroles, on parle des horribles tweets de Trump qui remercient Kanye West, de coeurs brisés, et pas mal de paroles anti-suicides. Matty nous le propose, dans les pires moments, pourquoi ne pas essayer, juste essayer, de se donner une chance ?
[GIVE YOURSELF A TRY]
B : Un morceau qui bouge, joyeux dans la forme, mais qui parle quand même de Ian Curtis, lui aussi un mancunien, qui n’a pas dépassé les 23 ans. Oui parce que là on entend un sample du morceau Disorder. Mais Give Yourself A Try…parle aussi d’une de leurs fans qui s’est donnée la mort à 16 ans. L’album se conclut sur un morceau qui s’appelle I Always Wanna Die (Sometimes), qui se termine littéralement par des violons, et qui fait très hymne à la Oasis. Le groupe hein. Lui aussi de Manchester, ça alors. C’est la chronique des diables rouges. Encore une fois, il chante « si tu peux pas survivre, essaie » et c’est un message somme toute sain, et chanté avec plein de vie. Donc un album sombre et désespéré mais lumineux à la fois. Pas sombre et froid comme peut le faire Grimes par exemple. Ohlala Coco on parle de Grimes un jour ?
C : Elle a sorti un titre il n’y a pas si longtemps, un peu de patience. Restons sur nos mancuniens. Cet album est très large ! Une heure pour quinze morceaux !
B : C’est rare, et il brosse quelques genres, jamais trop rock, jamais trop pop, jamais pompier. Et toujours, le post-modernisme, l’hyperconnexion, et ces fichus résocociaux qui nous pourissent la vie. Alors Matty moi je suis pas allé en désintox aux Barbades mais pour les réseaux sociaux, je suis d’accord.
C : Attention Benjamin, ça fait réfléchir ! Tu vas nous faire trop réfléchir
B : Merci, merci. Donc vraiment, malgré ses atours et ses gros sabots, ce groupe et cet album est d’une acuité visuelle confondante, et la musique est juste variée et très bonne. Le single qui pourrait percer est Love If We Made It, single et albums tous les deux classé label Best New Music par Pitchfork, un site de critique musical très exigeant et très snob, c’est un bon indice.
[TOOTIMETOOTIMETOOTIME]
B : Donc oui, cet album est un peu objet de Millenials, le truc le plus milleniant ayant jamais millenié, et c’est vraiment très bien. Et on se retrouve pour le quatrième volet, Notes On A Conditional Form, déjà prévu pour juin 2019. Vous voyez, Neil Gaiman avait raison. Quand il vous arrive des crasses, vous les exorcisez en make good art. Thanks Matty mate !
C : Et merci à toi Benjamin pour cette petite présentation. Et toi, si tu faisais un album pour décrire les vissiscitudes du monde moderne, comment tu l’appellerai ?
B : Heu… (accent british) euh Le Monde Secret Des Emojis
The 1975 : des millennials qui débordent d’én-edgy
Ils sont britanniques, ils sont jeunes et ils sont à la fois névrosés et lumineux ! The 1975 vient de sortir son troisième album « A Brief Inquiry into Online Relationships » et Benjamin Benoit nous en dit tout le bien qu’il en pense.
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