B : Bonjour à tous ! J’adore Wes Anderson ! J’adore l’Ile Aux Chiens ! Tout le reste est superfétatoire ! L’Ile Aux Chiens ! Le film qui a... du chien ! Wouaf !
C : Ouhla ! Attention Benjamin, tu deviens soudainement nul quand tu es enthousiaste. Calme-toi. Pense à quelque chose de décevant.
B : D’accord. Euh... Les brunchs en général. Les jeux en early access. Les comédies françaises. Les soldes. La vie d’adulte. Les listes. Ah bah ça va mieux.
C : Très bien ! Donc ! Bonjour à tous, j’acceuille donc Benjamin Benoit, qui va nous parler de l’Ile Aux Chiens, le dernier film de Wes Anderson, sortie le 11 avril.
B : Je suis un peu biaisé, je l’avoue. Je suis très fan de Wes Anderson, réalisateur américain qui fêtera bientôt ses 50 ans. Je voue un culte au Grand Budapest Hotel, son précédent film, qui regroupe toutes ses lubies et une manière de faire. Si vous ne savez pas qui c’est, réjouissez- vous, vous allez découvrir un concept esthétique. Un casting choral mais surtout une manière de filmer très spécifique. Wes Anderson a ses obsessions : parmi une longue liste, on peut citer l’amour naissant entre ados. Coté technique, il y a une lumière très jaune et sépia. Le plus important ? Des plans symétriques. Partout. Tout le temps. Tout est ultra composé. Les déplacements de la caméra, la direction des acteurs, le rythme, l’humour. Une manière de faire /extrêmement/ carrée qui peut rebuter, mais si elle vous charme... vous avez de très belles choses à découvrir. Je vous fais une confidence, c’est dans The Grand Budapest Hotel qu’on trouve, de très loin, la meilleure performance d’Alexandre Desplat pour la musique originale. Desplat qu’on retrouve... pour l’Île Aux Chiens.
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Dans l’Ile Aux Chiens, le compositeur français sort de sa zone de confort et nous livre une bande-son quasi- exclusivement composée de percussions. Et plus particulièrement de percussions asiatiques.
C : Parce que l’Île Aux Chiens a un synopsis très lié au Japon. Mais tu n’as pas encore rêvélé un élément essentiel du film.
B : C’est un film d’animation. En stop-motion, plus précisément, comme Wes Anderson l’a déjà fait avec Fantastic Mr Fox. Des marionettes, une image, on les déplace un tout petit peu, une autre image, et voilà. L’Ile Aux Chiens, c’est la victoire des gens à chats contre les gens à chiens - nous sommes au Japon dans 20 ans, et tous les canins sont infectés par une grippe canine et un vilain virus truffoïde ! Le méchant maire de Megasaki ordonne la quarantaine de tous les cabots de la ville sur une île où on envoie déjà tous les déchets - elle devient l’île aux chiens. Mais le petit Watari, pupille du maire prend son avion et s’y écrase dans l’espoir de retrouver son cher chien Spots. Il va y être receuilli par une bande de cinq chiens et à partir de là, c’est l’aventure, mon bon Milou.
C : Ca sonne comme un film pour enfants.
B : Oui... non... oui... disons que je doute qu’il leur soit destiné en priorité, mais il ferait parfaitement le taf. Sa structure est simple, mais l’humour y est peut-être un tout petit peu sophistiqué pour eux. Par exemple, le japonais, qui y a une place importante, n’est jamais traduit ou sous-titré. Ce qui est sûr, c’est que tout le monde peut profiter de l’expérience de cinéma. De la cinématographique. Comme d’habitude, chaque plan, cha-que-plan, est composé à l’extrême. Idem pour tout mouvement de caméra, chaque timing de ligne de dialogue, chaque mouvement. Chez Wes Anderson, une caméra qui recule d’un cran, c’est déjà un acte de montage dynamique, donc d’humour, donc de sens... c’est marrant d’ailleurs que le film soit très « Japon ». Il a été accusé d’appropriation culturelle et de jouer sur les clichés du pays. Oui, un peu, moi je dirais surtout qu’il en est fan ou qu’il a fait ses recherches.
C : Alors je t’en prie ! Explique-nous les influences nippones du film.
B : Tout va bien, Super Fac De Lettres est bailloné quelque part, on va rester concis : Akira Kurosawa déjà, c’est clair. Les plans, les thématiques, les personnages... Kurosawa a sorti Chien Enragé, ça ne sort pas de nul part. Mais aussi la narration à la japonaise et son humour bien spécifique, en plusieurs étapes. Je parlais de montage dynamique : dans l’Ile Aux Chiens, on retrouve presque des Yon-Koma, des gags de BD japonaises en quatre cases. Un mouvement de caméra, une punchline, tu répètes sur plusieurs étapes et voilà, tu as : le cinéma de Wes Anderson !
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Bref ! L’Ile Aux Chiens, c’est de l’invention visuelle plein tubes ! Un bon équilibre entre un ton naïf et compliqué, toujours avec une grande rigueur. Voir ces chiens interagir - oui ils parlent entre eux dans notre langue, je vous rassure - et un délice, un délice de fluidité. Il passe vite, privilégie te faire pouffer souvent que de te faire rire aux éclats une fois, et on y trouve toutes les thématiques de Wes Anderson - dont quelques-une personnifiées par une jeune lycéennes américaine en échange scolaire au Japon. Un perso délicieux et parfaitement doublé : je recommande la version originale et son super méga casting. Scarlett Johansson, Edward Norton, Bill Murray, Tilda Swinton, Bryan Cranston, Jeff Goldblum, Yoko Ono, Greta Gerwig, Frances McDormand... vous allez tous les reconnaître !
C : Bon, l’île aux chiens a l’air super recommandé par les Croissants !
B : Oui. C’est, sans surprises, très bien. Je ne sais pas s’il y a une « bulle Wes Anderson », mais le monsieur est au sommet de son concept, et la stop motion lui permet de laisser 100% libre cours à un imaginaire toujours foisonnant. Il y a une espèce d’harmonie dans ce film, un culte de faire rencontrer tout ce qui ne marche pas, tout ce qu’on pourrait trouver moche, il le fait marcher avec talent.
C : L’Ile Aux Chiens, c’est en salles le 11 avril. Et Benjamin est très content, ça a l’air bon signe. Bah alors Benjamin, tu tousses ?
B : Atchoum les chats c’est mieux. Pardon, une p’tite toux.
« L’Île aux chiens », film royal canins
À l’instar de « Fantastic Mr. Fox », « L’Île aux chiens » est un film de Wes Anderson qui a la particularité d’être en stop-motion ! Déjà adepte du style reconnaissable du réalisateur, Benjamin Benoit nous dira le plus grand bien de ce nouveau long métrage dans sa critique.
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