C: Ah il n’était pas content Patrick. Il voulait me faire Simetière Patrick. Mais c’était trop tard. Du coup, eh ben, il a dû se rabattre sur ce qui restait et qui vient de sortir ! En l’occurrence, La Malédiction de la Dame Blanche, le nouveau film produit par James Wan, considéré comme l’un des maîtres du cinéma d’horreur actuel. Quant à la réal, elle a été confié à Michael Chaves. Alors Patrick, pas trop colère ? Elle vaut quoi cette Dame Blanche ?
P: Ça partait pas bien Corentin. Et ça n’a pas fini bien Corentin.
C : Oooooh dommage !
P : Alors oui, déception de mon côté. Avant même de rentrer dans la salle je dois bien le dire. Car contrairement à ce que le titre français peut laisser croire, il ne s’agit pas du spectre bien connu de la Dame Blanche. Cette légende urbaine d’un spectre squattant les bords de route.
Le titre en VO est d’ailleurs radicalement différent : The curse of the llorona. Il renvoie à une légende urbaine très populaire au Mexique. L’esprit torturé d’une jeune femme ayant trucidé ses enfants et qui cherche la consolation en massacrant la progéniture des autres.
C : C’est son thérapeute qui lui a prescrit le massacre d’enfant ? Faut appeler le conseil des médecins, là...
P : Le film qui nous intéresse suit les mésaventures d’une assistante sociale dans le Los Angeles des seventies. Elle s’intéresse à une maison avec deux enfants et leur mère. Elle y voit des murs avec des inscriptions très bizarres et les enfants, ils ont des brûlures au bras… Alors ni une ni deux, paf, en famille d’accueil.
Alors qu’en vrai, tout ça, c’était des rituels de protection contre… Je te le donne en mille Corentin.
C : Freddy Krugger !
P : Mais non !
C : Michael Myers !
P : Mais tu ne suis rien, ma parole ! Mais, non ! De la Dame Blanche ! Et les enfants en question vont le sentir passer. Rapidement, la revenante va se retourner contre l’assistance sociale et ses propres enfants. Un ancien prêtre va intervenir pour protéger la famille. Bref, on est vraiment en terrain connu.
[son de la bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=L7IQ_P9qtUk]
C: Le film s’inscrit dans ce que l’on appelle le “conjuring-verse”, cet univers macabre commun qui relie les films de la série Conjuring et les spin-off Annabelle ou la Nonne, non ?
P: Tout à fait, et le réalisateur Michael Chaves travaille d’ailleurs actuellement à la pré-production de Conjuring 3, très attendu après le succès des premiers.
Concrètement, on croise dans La Dame Blanche des personnages vus dans de précédents films de cet univers. Il y a même un plan qui nous renvoie à la fameuse poupée maléfique, Annabelle. Franchement, ce n’est pas d’une subtilité absolue et surtout, cela n’apporte pas grand chose au film si ce n’est peut-être la volonté de raccrocher les wagons avec des succès récents. Et visiblement ça fonctionne puisque le film était en tête du box office aux Etats-Unis le weekend de Pâques.
C: Entre l’appellation de “Dame Blanche” et le titre Conjuring présents en bonne place sur l’affiche, j’ai l’impression que tu avais beaucoup d’espoirs en entrant dans la salle ?
P: C’est un métrage assez terrifiant, mais pas dans le sens que tu penses Corentin. Il a beau multiplier les jump scares, les apparitions subites et les portes qui claquent, le film ne parvient JAMAIS à surprendre. C’est bien simple, j’ai rarement j’ai vu un métrage aussi préoccupé à remplir mé-ti-cu-leu-se-ment le cahier des charges du film d’horreur. Problème, on les connait par coeur !
C: Bah surtout toi qui est un grand amateur de films d’horreur ! T’as des exemples ?
P: J’en ai même plein ! On a une scène dans une baignoire, une trappe du grenier qui s’ouvre toute seule, un reflet dans une vitre, un mannequin dans un coin de la pièce que tu prends pour une apparition, un exorcisme du prêtre bougon qui tourne mal, des enfants qui prennent des risques insensés dans une maison hantée pour récupérer une peluche… C’est un festival !
Ça en devient gênant on bout d’un moment. Très vite même ! On n’est jamais surpris et on peut quasiment prévoir systématiquement la scène suivante. Il est peut-être symptomatique ce film, finalement. Comme s’il montrait les limites d’une certaine formule. Attention. Le found footage a connu ça ! Après The Blair Witch Project, le genre a été essoré jusqu’à l’écoeurement pendant des années.
[extrait 2]
C: Ok, c’est bien noté. En tout cas, sur le film en lui-même, je te sens clairement sceptique ! Est-ce que c’est un film recommandé par les Croissants ?
P: Franchement, à moins de découvrir le genre, bien difficile d’être marqué en quoi que ce soit par cette production sans âme. C’est un peu dommage quand même pour un film de fantôme...
C: Alors tu nous aiguillerais vers quoi dans le genre ?
P: Pas besoin d’aller chercher très loin puisqu’il suffit de piocher dans les très bonnes péloches de James Wan, en tant que réalisateur, pour faire monter le trouillomètre. Le premier Saw reste mémorable, infiniment supérieur à ses suites d’ailleurs. Je garde aussi un bon souvenir d’un film de série B comme Dead Silence. Insidious provoque immanquablement de vraies sueurs froides qui ont d’ailleurs contribué à ériger Wan en maître de l’horreur moderne. Bon, il a aussi signé Aquaman récemment, mais ça, c’est une autre histoire !
Enfin, même s’il est imparfait et prend quelques libertés avec l’excellent roman de Stephen King, j’ai trouvé la récente adaptation de Simetiere un peu plus engageante. Même adapté à l’écran sans génie, l’univers de King reste fascinant. La version de 1989 était d’ailleurs bien meilleure dans mon souvenir.
C: Ok Patrick, on note tes réserves pour cette Malédiction de la Dame Blanche. A priori, pas d’urgence sauf si vous êtes vraiment très curieux, ou vraiiiiiiment en manque de frissons vite oubliés. Merci ! Et à très vite !
P : À très vite.
« La Malédiction de la Dame Blanche » : il ne fait vraiment pas illusion
Sorti le 17 avril 2019, « La Malédiction de la Dame Blanche » est l’une des dernières invitations au grand frisson dans les salles obscures. Mais que vaut cette histoire de fantômes revanchards dans le Los Angeles des années 1970 ? Entre deux visionnages de « SOS Fantômes », Patrick Hellio est allé se frotter à la Dame Blanche, il nous en parle.
0:00
6:32
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.