Le Chant Du Loup, mélodie en sous-marin (101 - 21/02/2019)
Corentin : Votre attention, votre attention, tous sur le pont. On demande votre attention. On va parler d’un film particulièrement déviant et inhabituel dans le paysage cinématographique français. On va entre en immersion… avec le commandant Benjamin Benoit.
Benjamin : Ohlala aujourd’hui on va parler d’un vrai bon film français, quelque chose qui, oui, sort du carcan de ce qu’on a à se mettre sous la dent d’habitude. Donc là c’est trop tard, vous devez écouter cette chronique jusqu’au bout, c’est la loi. Donc tant que je vous ai sous la main, laissez-moi vous raconter l’histoire du Chant Du Loup. C’est le titre du film. La bande-annonce et le film sont très visuels. Bande-annooooooonce !
[BANDE-ANNONCE]
Le Chant du Loup est le premier film d’Antonin Baudry, ancien diplomate qui a coécrit le scénario de Quai d’Orsay… le film, avec Thierry Lhermitte. Le casting est surprenant - on y trouve François Civil, Omar Sy, Reda Kateb, Matthieu Kassovitz et Paula Beer dans le quasi-seul rôle féminin de tout le film… on peut avoir plusieurs grilles de lecture sur ça, on va y revenir. Un casting de sacrées gueules un peu nécessaire, c’est un film où les gentils et les innocents sont interdits puiqu’on va rentrer dans le milieu militaire, chez les gars de la Marine. Attention, peut-être que la bande-annonce vous a intrigué, mais si vous voulez vous garder la totalité du film intact je vous conseille de revenir sur cette chronique après votre séance.
C : Le film tourne autour d’un certain Chaussettes. C’est un petit surnom.
B : Le petit surnom de Chanteraide, François Civil, qui a selon la légende passé deux semaines en sous-marin en chaussettes, c’est resté. Ce mec a un don particulier, il a été engagé comme expert dans la guerre sonore. Quand il embarque dans un sous-marin, il peut déterminer avec précision ce qu’il rencontre, et quel modèle. Ce petit prodige peut presque deviner votre mot de passe juste en vous l’entendant taper. Par contre, dans la première scène du film, il va faire une connerie. Nous sommes embarqués avec nos personnages en zone de conflit pour récupérer des plongeurs. Chanteraide repère quelque chose mais va se planter, et était à deux doigts de la catastrophe. L’ambiance est étouffante, les plans sont serrés, ça parle de technoblabla de sous-marin à tout va, personne ne comprend rien mais C’EST FASCINANT. Et cette première vingtaine de minutes va poser le ton du reste du film, dans cette claustrophobie qu’on quittera un peu dans son milieu.
C : Sans trop nous en dire plus, disons que Chanteraide sera emmené dans une suite d’évènements qui va le pousser dans une situation stressante à l’absurde.
B : Donc l’erreur qu’il fait est surprenante, mais la situation est rapidement sauvée, et le temps de dire ouf et de faire quelques beaux plans de Brest il se retrouve embarqué dans une suite d’évènements qui va le mener dans un potentiel conflit nucléaire international… oui, soudainement, on a changé de temps. Le Chant Du Loup c’est dans la lignée d’Octobre Rouge, et l’armée a pu aider pour les plans les plus compliqués.
C : Profitons-en pour parler des défauts du film.
B : On pourrait arguer qu’il y a des erreurs de casting. Omar Sy, toujours souriant, c’est difficile de le croire crédible à la tête de l’Effroyable, le sous-marin nucléaire français. Reda Kateb est plus crédible, Kassovitz un tout petit moins et c’est pas le dernier à connaître le corps armé, c’est bizarre. Aussi, il y a une petite amourette qui sonne vraiment superflue, mais qui est en fait un mécanisme caché pour relancer l’intrigue, mais ça donne au film une note finale super bizarre. Bref, c’est mineur, je vous invite à faire votre avis sur ce coup.
[BANDE ANNONCE 2]
Mais alors les qualités, c’est bien simple, c’est tout le reste. On va dire qu’il n’y a rien de français dans ce film français. Le Chant Du Loup est d’une extrême fraîcheur et c’est un délice pour les sens - pour un film qui fait du son un élément central pour son article, le sound design est au top. Si vous avez l’occasion de le voir dans une grande grande salle, il y aura une petite plus-value. L’image et la photographie de ce film sont au top - le travail du chef-op est remarquable, et le film sait filmer et rendre compte de tous petits espace. Je n’ai, par exemple, pas vu un tel tour de force depuis Dernier Train Pour Busan.
C : Sans oublier François Civil, la révélation du film.
B : Sans ironie aucune, oui. Le film est toujours à deux doigts de la rupture de ton mais ne l’atteint jamais vraiment. La tension est à son comble dans ce qui culminera dans une espèce de super dilemme du prisonnier, et lui est un élément tout perdu dans un carcan qui le dépasse, on y croit. Le film est surtout un vrai petit bijou visuel, sonore, d’ambiance, il met la priorité sur des éléments plutot inhabituel dans le cahier des charges et ça fait un bien fou.
C : Est-ce que Le Chant Du Loup sera le Cri Du Coeur pour les Croissants !
B : Quel sens de la formule, et oui carrément. Là je vous demande d’aller le voir, c’est du cinéma français qui fait progresser le médium, et qui tente quelque chose. Il est pas mal distribué, il sort du carcan, il est pas parfait mais il y a un début de dispositif technique qui le fait passer très vite… et on est toujours content d’être devant. C’est un beau projet, la démarche est bonne, le produit fini est très bon, différent, il m’a captivé. C’est super, allez-y de bon coeur.
C : Eh bien, quel enthousiasme ! Merci Benjamin et à très vite.
« Le Chant du Loup » : film français ou chef-d’œuvre ? Les deux mon capitaine !
Avec « Le Chant du Loup », le cinéma français sort clairement de sa zone de confort. Dans ce film étouffant racontant les péripéties de « L’Effroyable », sous-marin nucléaire fictif de la marine française, on reste au bord de son siège ! Benjamin Benoit l’a vu, a adoré et nous en parle.
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