[JUMP IN THE POOL - FRIENDLY FIRES]
Corentin : Cette chronique des croissants a une odeur de chlore... avez-vous bien mis votre bonnet de bain ? Vous êtes bien passés par la douche ? Attention à ne pas tomber dans le pédiluve, c’est dégoutant... oh, salut Benjamin Benoit. C’est comédie française aujourd’hui ?
Benjamin : Salut Corentin ! Qui a écrit cette intro ? Elle est nulle ! Eh oui oui, panzer-comédie française avec plein de gens connus, et surtout qui ne partait pas favorable dans mon coeur. Une anecdote pour vous les auditeurs, j’ai deux phobies historiques : la piscine scolaire et le précédent film de Gilles Lellouche, les Infidèles. Les Infidèles me fait exploser de gêne. Badaboum. Un film à sketches vraiment très très inégal, dans lequel on trouve un début de noirceur utilisé à des fins radicales. Six ans plus tard, Gilles Lellouche revient, sans son pote Jean Dujardin, pour une comédie qui approche les 700 salles en première semaine. Autant vous dire que vous aurez du mal à passer à coté, et ça s’appelle Le Grand Bain.
[BANDE ANNONCE 1]
B : Et c’est The Full Monty vingt ans plus tard. À la française. Donc pour ceux qui dorment dans le fond, qui viennent de naître ou pour la grosse majorité d’entre vous qui ne tournent pas en boucle sur les chaînes cinéma du satellite, on parle d’un canevas très simple : une bande de loosers qui trouvent du sens à leur vie en faisant quelque chose d’artistique, en l’occurrence du strip-tease, et vous avez maintenant Looking For Hot Stuff de Donna Summers dans la tête. Et dans le Grain Bain, il sera question de...
C : Peinture !
B : Bah non.
C : De radio !
B : Mais t’es possédé ? Non ça c’est Radiostars et depuis Romain Levy a fait Gangsterdam donc bon. Non, le grand bain parle...
C : ... de strip-tease !
B : De natation synchronisée masculine, une discipline encore inconnue, dans un format de film d’équipe où une bande de ratés s’associent pour tenter de conquérir un titre prestigieux. Et là, le casting est all-stars : Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Jean-Hugues Anglade (hihihihi), Virginie Efira, Leïla Bekti, Marina Foïs, Philippe Katerine, Félix Moati et Mélanie Doutey - sans oublier Alban Ivanov et les débuts de Balasingham Thamilchelvan. Donc du beau monde, c’est un film choral. Où tout le monde a un rôle pas facile à porter, parce qu’ils devaient pas se sentir jeunes.
C : C’est là qu’on retrouve la noirceur du film précédent de Gilles Lelouche.
B : Ah ! Et toi t’as retrouvé ta lucidité. Euh oui. Donc Amalric est dépressif profond, à la limite du catatonique. Canet est colérique et va bientôt faire fuir sa famille, et sa mère est un élément de réponse à ce comportement. Anglade est looser au dernier degré et tu sens la déception dans les yeux de sa fille, Poelvoorde plante tous les commerces qu’il créé et tu comprends vite fait qu’il est très mauvais à ça, Katerine est probablement puceau à plus de 40 ans et est la carpette de tout le monde, bref ils sont tous en poudre. Tous, sans exception, quitte à réserver une ou deux surprise dans le film. Y’a que le personnage du sri-lankais qui est épargné, parce qu’il a ce rôle très cartoon du mec qui parle une autre langue mais que tout le monde comprend, sauf toi. Comme dans Ocean’s 11, film qui aura une petite parodie dans le Grain Bain, tout se recoupe.
C : C’est pas si nouveau que ça, la bande de loosers.
B : Oui mais là c’est particulièrement hardcore. C’est jamais comique, c’est sombre, c’est appuyé, tu sens la tristesse dans leur regard et le poids des années sur leurs épaules. Le Grand Bain est une vraie bande de dépressifs, c’est traité avec une approche naturaliste borderline cruelle. On est même pas vraiment dans l’humour noir. On commence l’histoire avec Mathieu Amalric, il est sonné en permanence, et son horrible belle-famille n’aide pas. Heureusement qu’il a Marina Foïs comme femme.
[EXTRAIT BANDE-ANNONCE 2]
C : Et à partir de là on rentre dans le schéma du film de ratés qui font une compétition.
B : Il y aura ce que tout le monde adore : un montage d’entraînement. Qui n’aime pas ça ? C’est génial les montages d’entraînement. Parce qu’ils sont tous médiocres et ils vont participer à une compète internationale en norvège. Je vous spoile pas la fin, car je suis un gentil garçon. Et didon Corentin, ce serait pas un film un poil progressiste ?
J’aime bien ce film parce qu’il a ces moments d’équilibre entre drame profond et comédie, relevés par quelques fulgurances dans les dialogues. Mais il présente un casting d’hommes sensibles, qui partagent leurs sentiments dans ce club qui est devenu leur sanctuaire. Et c’est très... salutaire, ça fait du bien. On y trouve un petit quelque chose de subversif. Je trouve ça très mignon et ça rend cette expérience de cinéma très contrastée encore meilleure.
C : Allez, maintenant... on rentre...
B : Si tu dis « dans le bain » j’annule cette chronique.
C : ... dans le vif du sujet, est-ce qu’on va voir Le Grand Bain ?
B : Eh bah oui. Une autre bonne comédie française dans les Croissants, c’est pas mal. C’est pas facile de filmer un lieu aussi cracra et jaune pipi qu’une piscine, Lellouche y arrive bien. Mais le film reste assez moche et anticinématographique au possible. Cette histoire de, je cite, « de ronds qui rentrent dans des carrés ». Le film ne cultive pas cette petite radicalité sur tout le tableau. Et hey Corentin, ça se passe clairement en Haute-Savoie. Des gens courent dans la neige entre deux montages et ça c’est si doux.
Il a réalisé un démarrage canon et devrait, vraisembablement, dépasser les trois millions d’entrées. C’est mérité ! Ce film rend le médiocre et le ridicule cools, et on le lui remercie.
C : C’est Le grand bain, c’est dans les salles depuis le 24 octobre, et ça va y rester quelques temps.
B : Et je préfère nettement ça aux Infidèles. À la prochaine !
« Le Grand Bain » fait un grand bien à la comédie française
Non content de sortir du chapeau un casting 5 étoiles, Gilles Lellouche parvient à mêler le drame et la comédie avec brio dans « Le Grand Bain ». Vous connaissez Benjamin Benoit, il n’est pas facile à impressionner, eh bien là, il en est ressorti bluffé.
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