Corentin : Howdy ! J’espère que vous êtes tous bien réveillés car cette chronique sent bon le six-coup. Alors mettez vos bottes ! Scellez bien votre cheval ! Et hue dada ! On accueille le cowboy de la critique, Benjamin Benoit !
Benjamin : Alors, oui. Très bien Corentin, c’est donc une chronique très prévisible sur Red Dead Redemption 2. La suite du peut-être meilleur jeu jamais sorti de la décennie, et encore il est sorti à l’été 2010, c’est pas mal. Donc c’est vraiment très bien, et Rockstar va gagner des bazillions avec, vont probablement recapitaliser la boîte avec l’équivalent de la dette française, le temps de mettre GTA 6 en préproduction. Je serai eux, je me presserai pas, la sécurité de l’emploi doit être au top là-bas.
C : Alors je t’arrête tout de suite, on parle pas de Red Dead 2, mais du film Les Frères Sisters, de Jacques Audiard.
B : Ah ! Bon ben c’est pas grave, j’y avais pas joué de toute façon. À l’heure où on enrengistre il est pas sorti. Oups ! Mon terrible secret est découvert. C’est ça aussi mon pouvoir de Super Fac... de chroniqueur, c’est facile de parler de trucs qu’on a pas vus. Mais vous avez tous de la chance : le Audiard, je l’ai vu. Et comme tous les presque 200 films que je mate au ciné par an, j’ai même micro-siesté un peu devant au début.
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B : Alors les Frères Sisters. Donc déjà j’ai eu peur parce que je me suis souvenir de Seven Sisters d’il y a un an, et cette traduction de titre, aaaueueuea vraiment. Non là c’est Jacques Audiard, un réalisateur infiniment respecté dans le cinéma-game. Il a été derrière De Battre mon coeur s’est arrêté, de rouille et d’os, Dheepan il y a trois ans. Les Frères Sisters est son huitième film, et il s’est offert une production à l’internationale. Comprendre une distribution américaine : les Frères Sisters est un western. Un western américain très très tourné en campagne espagnole.
C : Ce qui veut dire un casting de gueules connues !
B : Absolument, on y croise John C. Reilly, Jake Gyllenhal et Joaquim Phoenix qui revient tout le temps dans les Croissants. Et avec Riz Ahmed, on a donc un casting super méga masculin, ce qui est aussi une prérogative de genre, ah-ah. Mais allez, certaines règles sont faites pour êtres brisées... et Audiard s’est fendu d’un pamphlet sur l’égalité au cinéma lors du dernier Cannes, où il était présenté. Ah oui, pour la deuxième fois, on rentre dans cette phase où je vous parle de Cannes tout le temps à rebours.
C : Allez, on rentre dans le vif du sujet quand même.
B : Oui, les Frères Sisters éponymes sont comissionnés par le Commodore. Alors pour moi les Commodores c’est ce groupe hein.
[SHE’S A BRIIIICK ! HOUUUUSE !]
C : Mais t’es distrait aujourd’hui !
B : Donc les Frères Sisters ont pour mission de récupérer un homme qui aurait inventé un vieux truc bizarre pour trouver de l’or plus facilement. Cet homme sur lequel un quatrième a déjà mis le grappin. Ce qui fait deux duos aux dynamiques différentes, dans un rapport de domination différent. Les deux frères sont violents mais l’un des deux est plus sentimental et on sent bien qu’il aimerait bien se ranger. Et à partir de là, on rentre dans les lieux communs du genre. Des six-coups, un salloon, une tenancière sagace, de grosses blessures et des chevaux. De jolis chevaux auxquels on s’attache... et on s’empoisonne, comme une flêche
Ensemble : Qui nous illusionne…
B : Voilà. Hum hum. Donc des dynamiques de conflits tous simples, qui rendent ces personnages violents assez attachants tout de même, et c’est l’atout du film, voire son naturalisme. Et bon dieu, je laisse Super Fac De Lettres enchaîné encore quelques chroniques, mais le naturalisme ce n’est pas les feuilles les arbres et le ciel, c’est le rapport au corps et à leur dégénérescence. Donc attendez-vous à vous un peu de violence, ça reste un western. C’est plus violent que Zola, un peu à lui tout seul à l’origine du naturalisme...
C : T’as eu un peu de mal à garder le fil de ta pensée aujourd’hui.
B : C’est pas pour rien. Dans Les Croissants je vous parle quand même de films que je trouve intéressants, dans un sens ou dans l’autre. Et j’ai beaucoup à trouver des aspérités aux Frères Sisters. C’est un western bien huilé avec un gender politics que vous trouverez mignon ou bizarre. Et sinon c’est une structure efficace mais un peu programmatique hein. Il y a de nombreux motifs, ils sont évidents, deux tandems un peu originaux et un petit peu d’humour. Et surtout, les premières brosses à dent ! C’est très important. On peut dire qu’il y a beaucoup de sens distillé dans les Frères Sisters, et c’est vrai, et tout ça et vrai. Toutes les autres bonnes critiques que vous lirez et écouterez sont justifiées, mais j’ai un mal fou à trouver ce film original et ça m’embête fort. Car je sais bien que c’est un bon film. Audiard tout de même, merdum.
C : Alors cowboy. Il faut rendre un verdict.
B : Alors les tutopoints. Déjà, pas d’herbe séchée qui roule. Moins 5 points. La confirmation de cette légende urbaine des araignées qu’on avale dans le sommeil. Plus deux points pour le fact- checking. Mais aussi une aventure initiatique et picaresque, badaboum, c’est très littéraire ça, plus 5 points. Et surtout, et c’est très important, Jake Gyllenhall et là et il joue un homme doucreux et lettré. Et ça c’est plus 30 points. Donc on ira voir les Frères Sisters mais on se souviendra de votre bon copain Benjamin qui a émis une toute petite pointe de doute.
C : Eh ben merci Benjamin. Je te laisse retourner à ta partie imaginaire de Red Dead Redemption 2.
B : Youhou je suis un aigle !
« Les Frères Sisters » : Audiard loin d’être à l’Ouest
Un western franco-américain réalisé par Jacques Audiard ? C’est quand même suffisamment étonnant pour être signalé ! Benjamin Benoit est monté sur son fidèle destrier, la ligne 13 du métro parisien, pour aller le voir et nous donner son avis.
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