Corentin : Mais que se passe-t-il donc au coeur de la mairie de Paris ? Lundi 17 septembre, le premier adjoint d’Anne Hidalgo, Bruno Julliard démissionne. Un coup dur pour la maire à seulement 18 mois des élections municipales. Angèle Chatelier fait le point sur la guerre politique qui sévit au sein de la capitale.
Angèle : Souvenez-vous, c’était en 2014 (EXTRAIT 1 discours de victoire Anne Hidalgo)
Anne Hidalgo était élue maire de Paris face à Nathalie Kosciusko-Morizet. En 4 ans, Anne Hidalgo a subit de nombreux départs au sein de son cabinet. Myriam El-Khomri tout d’abord. Celle qui était porte-parole d’Anne Hidalgo lors de sa campagne est nommée vice-présidente de la commission permanente au Conseil de Paris un mois après l’élection. Six mois après, elle quitte ses fonctions à la mairie de Paris pour devenir secrétaire d’Etat à la Politique de la Ville dans le 2ème gouvernement Manuel Valls.
La guerre entre les deux femmes étaient déclarée lorsqu’Anne Hidalgo a fait savoir via la presse que la candidature d’El Khomri aux législatives de Paris était une très mauvaise idée.
C : Bon, après s’en sont suivis de nombreux départs, notamment d’élus pour aller dans le mouvement d’En Marche
A : Oui, Mao Peninou et Jean-Louis Missika, par exemple. Ian Brossat, son adjoint au logement, s’était lui tourné vers les élections européennes.
Mais Bruno Julliard, Bruno Julliard, c’est bizarre.
Bruno Julliard, cela fait dix ans qu’il est aux côtés d’Anne Hidalgo. C’est un vieux de la vieille en ce qui concerne la politique de Paris. Il fut élu au Conseil de Paris en mars 2008 puis adjoint au maire de Paris chargé de la jeunesse lorsque c’était Bertrand Delanoë. Outre ses fonctions de membre du cabinet de Vincent Peillon alors ministre de l’éducation nationale pour ne citer que cela, il est nommé en 2012 adjoint à la culture de Paris. Lors de la campagne d’Anne Hidalgo, il est même porte-parole aux côtés de Myriam El Khomri. Et puis ses efforts sont récompensés : dès avril de la même année, il est nommé premier adjoint et adjoint à la culture.
C : Mais alors que s’est-il passé ?
A : Et dans un entretien qui a duré seulement vingt minutes, parait-il, pouf, démission. Dans un long entretien paru dans Le Monde, il n’est pas tendre avec la maire de Paris. Il dénonce notamment, je cite, « de vifs désaccords d’orientation et des méthodes de gouvernance » qui les auraient éloignés. Une complémentarité initiale, dit-il, qui est devenue une incompatibilité.
C : A quelques mois des élections municipales, ça fait mal
A : D’autant qu’Anne Hidalgo avait proposé à Bruno Julliard de devenir son directeur de campagne en 2020. Invitée au 20h de France 2, Anne Hidalgo a d’abord déploré la perte d’un ami (EXTRAIT 2)
Face aux critiques, Anne Hidalgo, très calme, a martelé la difficulté d’être maire, de faire de la politique, et qu’en gros tout cela, c’est le jeu (EXTRAIT 3)
C : Qu’a prévu de faire Bruno Julliard et comment a réagi la classe politique ?
A : L’élu dit « réfléchir à un autre avenir professionnel ». On pourrait supposer qu’il s’investira encore plus dans les combats des LGBT+. Très investi dans la cause, Bruno Julliard avait notamment annoncé la création d’un centre d’archives LGBT à Paris en 2020.
En ce qui concerne les réactions de la classe politique tu as raison de le souligner car Julliard était très populaire chez les Verts. Second coup dur pour ceux qui ont déjà subi la démission soudaine de Nicolas Hulot. Le Parisien rapporte notamment les propos de David Belliard, président du groupe EELV. Il disait : « c’est une mauvaise nouvelle. Bruno avait conscience de la nécessité de travailler avec nous en partenariat sur un gros volet écologique ».
Pour les communistes, c’est une opération politicienne. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Nicolas Bonnet Oulaldj, président du groupe PC au Conseil de Paris. Selon lui, on retrouve dans les critiques de Julliard celles d’En Marche et de la droite.
C : L’avenir politique d’Anne Hidalgo est donc loin d’être assurée. La côte de popularité de la mairie n’était déjà pas au beau fixe
A : A cause du scandale des Vélibs, tout d’abord, je vous en parlais dans une chronique consacrée. Même si elle n’y peut pas grand chose, vous le verrez si vous l’écoutez, on lui impute cet énorme couac. Et puis, Hidalgo ne s’est pas fait que des amis non plus lorsqu’elle a piétonnisé les voies sur berge. En ce moment, le souci que l’on note, c’est la propreté de la ville de Paris. Les rats qui virevoltent dans les couloirs du métro et dans les rues sont devenus les animaux à abattre et la ville en a fait un champ de bataille.
Aujourd’hui, Bruno Julliard se dit soulagé et Anne Hidalgo souhaite tourner la page. Emmanuel Grégoire a été élu nouveau premier adjoint de la mairie de Paris. Il était jusqu’alors en charge des finances.
C : Merci Angèle Chatelier d’avoir fait le point sur la situation à la mairie de Paris. Je rappelle que les municipales auront lieu en 2020. On soupçonne que Benjamin Griveaux, actuel porte-parole du gouvernement et Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’État chargé du Numérique soient déjà sur le coup pour récupérer les reines de la Capitale.
Les coups pleuvent sur Anne Hidalgo à un an et demi des municipales
Coup dur pour Anne Hidalgo. Le 17 septembre dernier, Bruno Julliard, son bras droit, annonce sa démission, invoquant de profonds désaccords avec la maire de Paris. Avec Angèle Chatelier, nous verrons que la situation d’Anne Hidalgo n’est pas au beau fixe à un an et demi des prochaines élections municipales.
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