Venom nom nom (72 – 16/10/2018)
Corentin : Cela faisait presque longtemps que Benjamin Benoit n’avait pas chroniqué un mauvais film. Presque un an après le légendaire Monde Secret des Emojis, il semblerait qu’un sérieux concurrent soit enfin arrivé sous ses yeux. Cette fois, on va passer aux symbiotes. Salut Benjamin.
Benjamin : Salut Corentin. Soyez bénis, ou soyez maudits, sûrement. Cela faisait un bail que je n’avais pas été surpris par la mauvaise qualité d’un film. Alors la bonne nouvelle, c’est qu’avec Venom, je le savais à l’avance. Les américains sont toujours très généreux sur l’agrégateur de notes Metacritic, mais avec un beau score rouge qui dépasse à peine le 30 sur 100, je savais que ça allait être très mauvais par définition. Alors tout d’abord Corentin, je dois t’avouer un truc. Spiderman, les univers partagés, et les univers partagés de Spiderman, ça n’a jamais été mon truc. Je n’y comprends pas grand-chose. Mais je me souviens que le personnage de Venom était au centre de Spiderman 3. Et c’est tout. C’était pas un grand souvenir.
C : Alors je te rassure tout de suite, Spiderman n’apparaît dans Venom. Du coup y’a rien à savoir au préalable.
B : Mais je le sais Corentin, je l’ai vu le film. Et je vais même te dire que j’étais l’un des derniers à rester après le générique de fin, et j’ai bien fait puisqu’après les crédits il y avait 5 minutes de teaser sur le long métrage animé Spiderverse. Donc en fait Venom dure 1h50 mais vous pouvez retirer un quart d’heure. Quelle bande de petits malins !
[UN EXTRAIT DE BANDE ANNONCE]
B : Allons y pour le film nul d’avance ! Donc Venom est un ennemi historique de l’univers Spiderman, ici incarné, ou littéralement transporté par l’hardi Tom. (pause) Même le scénario vous fera rire : une météorite, non un vaisseau spatial, non une fusée je crois j’ai même pas compris bref un truc s’écrase sur Terre et un vilain symbiote s’en échappe. Et quand je dis symbiote, ça ressemble à ce que je retrouve dans mon frigo quand je reviens après trois semaines de vacances. L’Elon Musk local, un méchant très très méchant fouyaya méchant j’ai très bobo – s’en empare. Il utilise sa gigacorporation de méchant qui fait semblant de sauver l’humanité pour faire des tests humains avec ce symbiote. C’est délicieusement diabolique, Corentin.
Moi ça me fait penser aux pires moments de Men In Black, qui dans la moyenne étaient pas des monuments de cinéma américain.
C : Donc Venom c’est pas un super héros ? Parce que ton truc ça ressemble méchamment à une origin story.
B : Si seulement Corentin. C’en est une. Dommage qu’elle soit toute naze. Mais notre héros c’est Tom Hardy, alias Eddie Brock, journaliste d’investigation, une sorte de Bernard de la Villardière mais sans le côté…. Russia Today, disons. Il va se rendre compte que le mec que je vais appeler Elon Ahmed, parce que c’est Elon Musk campé par l’acteur Riz Ahmed, aussi vu dans les Frères Sisters, bref Elon Ahmed il baigne dans des bails quasi sataniques puisqu’il capture des SDF pour faire des tests humains avec le symbiote. C’est vraiment un méchant de bande-dessinée ce mec. Eddie Brock va poser la question de trop, perdre son travail, sa fiancée et aussi son appart, mais heureusement, sa vie va changer quand il va fusionner avec le symbiote après une suite d’évènements picaresque !
Et à partir de là bah c’est le chemin un peu concon de l’origin story. Il entend des voix, il subit les pouvoirs, il faut joujou avec, il tue le méchant et fait la reconquête de femme et il retrouvera prestige et sérénité. C’est super, c’est vraiment très original comme film, surtout dans une époque où la mollesse du blockbuster de super-héros est particulièrement critiquée.
[UN AUTRE EXTRAIT]
C : Tu nous a dit que le rôle-titre était tenu par Tom Hardy.
B : Qui est l’atout du film. Le rôle lui convient bizarrement parce que vous vous souvenez sans doute de sa prestation très taiseuse dans Mad Max : Fury Road, et là on sent qu’il doit se limiter à un rôle vaguement comique, comique d’intention quoi. Il gesticule beaucoup, et n’est pas aidé par les effets spéciaux pas fantastiques du film. Mais il a une présence, un charisme. Le problème, c’est tout le reste. Tout est cliché au dernier degré. Les premières scènes et les premiers dialogues ressemblent à un nanard de série oméga. On va jamais décoller de cette impression. Venom est un film très pauvre, sans humour, sans suspense, sans surprises. C’est affreusement prévisible, avec des connecteurs logiques dignes du début des années 2000. Ça fait de lui un film un peu concon et daté, sans qualité particulière ni dispositif technique. Et le problème est qu’il se positionne dans cette horrible zone il où est vraiment mauvais, mais pas assez pour être iconiquement mauvais. C’est un sacré bazar, il approche le fascinant, mais Venom c’est comme une grenadine trop diluée, tu vois.
C : Rien de néfaste autour de ce film, pour une fois ?
B : Non, il est même trop gentil. La happy end est ridicule, le méchant symbiote avec plein de dents qui veut exterminer l’humanité se prend d’amitié avec Eddie et il change ses plans en 20 minutes. C’est méchamment consensuel, et à l’image du reste du film. On essaie de tirer du fun depuis le vide cosmique. C’est physiquement très compliqué. C’est pas bien réalisé, c’est pas du tout un bon film. Et rien n’a jamais de sens. Genre un truc parmi 1000 : le symbiote est censé ne pouvoir rentrer que dans une infime pourcentage d’humain. Et aucun problème pour la copine de Tom Hardy. Ils doivent avoir un ADN trop en commun, je serais eux je m’inquiéterai. Et Tom Hardy est cool et on aime Tom Hardy, Tom Hardy cabotine mais ça ne fait pas tout !
C : Alors on va pouvoir sortir l’échelle spéciale de notation des Croissants. De 1 à The Emoji Movie, Venom se positionne à…
B : Eh bah on va dire 5, comme ça nous aussi on va prendre aucun risque et même dans la note on va mettre aucune aspérité ! Ahahahah ! Te voilà bien pris, Venom le nuisant.
C : Bon eh bien à la prochaine Benjamin. Je te vois frétiller, un dernier mot ?
B : Bon Dieu, cette scène de baiser !
Malgré Tom Hardy, « Venom », c’est non
Antagoniste important de l’univers Spider-Man, le parasite Venom est de retour dans un nouveau long métrage avec en tête d’affiche le charismatique Tom Hardy. Mais nous verrons avec Benjamin Benoit que le talent de l’acteur ne suffit malheureusement pas à sauver le film.
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