Les âmes sœurs existent-elles vraiment ?

Les âmes-soeurs existent-elles ?
Corentin : Les âme-soeurs existent-elles ? La compatibilité totale qu’elle soit intellectuelle, émotionnelle et sexuelle avec une personne est-elle un gage d’amour sain et surtout, la recherche-t-on inconsciemment ? Angèle Chatelier s’interroge aujourd’hui sur les âmes-soeurs.
Angèle : Vous l’avez peut-être déjà ressenti : rencontrer quelqu’un de si semblable à vous-même que cela en devient renversant. Déroutant, même. Cela vous semble de l’ordre de l’évidence (EXTRAIT 1)
Mais que dit la philosophie des âmes-soeurs ? Revenons-en déjà à sa définition. Le concept des âmes-soeurs désigne une compatibilité amoureuse absolument parfaite. D’âme à âme. Pour comprendre cette définition, il faut revenir aux bases.
C : Soit… le Banquet de Platon
A : Le fameux mythe d’Aristophane. Pour la faire courte, Platon raconte que Dieu a créé trois êtres absolument parfaits, tout-puissants, et à son image : l’homme, la femme mais aussi l’androgyne. Nous étions des êtres en totale plénitude avec nous-même, car ensemble.
Sauf qu’un jour, ces êtres ont voulu escalader le ciel. Damnation ! Pour les punir, Dieu n’a pas pu les tuer. Ce serait presque se tuer lui-même. Alors il a fallu trouver une solution. Il décida de couper ces êtres en deux. Vous l’aurez compris, ce mythe expliquerait pourquoi nous sommes dans une quête constante de l’autre : nous recherchons notre autre moitié. Celle qui faisait que j’étais parfait et dans un état de plénitude totale.
En ce sens, l’Homme serait né pour être avec un autre.
C : C’est pas très joyeux non plus…
A : Bin oui. On pourrait voir la chose autrement. Etre dans une constante recherche de sa moitié veut aussi dire que l’on est souvent malheureux. Et puis, une fois trouvée et que celle-ci s’en va, c’est aussi un déchirement vertigineux.
C : Viens donc la question : les âmes-soeurs existent-elles réellement et faut-il passer son existence à rechercher la sienne ?
A : Qu’est-ce que la complicité parfaite, déjà ? Ressentir que l’autre me correspond intellectuellement, affectivement, sexuellement, émotivement… Tout. Dans sa totalité. Mais attention à ne pas tomber dans un certain écueil : si vous êtes de nature romantique, il est fort probable que vous voyez des âmes-soeurs partout. Une tendance humaine à idéaliser quelqu’un, surtout quand cette relation est perdue. Si vous êtes amoureux de l’amour, aussi. Une âme-soeur est quelqu’un pour qui c’est de l’ordre de l’évidence. L’avez-vous déjà ressenti plusieurs fois dans votre vie ? Peut-être, mais certainement pas à chaque fois.
C : On en vient donc à la question capitale et pessimiste : rencontrer son âme soeur veut-il nécessairement dire que l’on se mariera et que l’on fera de beaux enfants ?
A : Malheureusement… non. Il s’agit là de sortir du carcan sociétal dans lequel nous avons grandi qui pose le postulat suivant : tu dois rencontrer l’amour éternel, immuable et durable. Et cela doit être logique. Une fois l’âme-soeur trouvée, la moitié retrouvée, c’est pour la vie.
Or, la vie - et l’amour surtout -, c’est plus compliqué que cela, non ?
Et puis, une âme soeur peut ne pas vous convenir. Oui. On sort alors là du concept platonicien partant du diktat que l’on recherche constamment sa moitié. Je m’explique.
Une âme-soeur est quelqu’un avec qui, d’âme à âme, c’est évident. C’est d’ailleurs de là que vient cette compatibilité amoureuse. Sauf que c’est une compatibilité amoureuse qui se situe en vous, en vous deux. Sauf que des évènements extérieurs peuvent venir entacher une telle idéologie, un tel mécanisme.
Et ça… ça fait mal (EXTRAIT 2)
C : L’âme soeur serait donc une connexion pour la vie, mais pas nécessairement dans le quotidien
A : Exactement. L’âme soeur serait quelqu’un avec qui l’on a une connexion réelle à un instant de sa vie, mais qui peut s’étioler à cause d’évènements extérieurs. Vous étiez disposé à rencontrer cette âme à cet instant précis. Peut-être qu’elle, non, ou la vie a fait que cela n’était pas possible. Sauf que cette âme restera connecté à la vôtre toute votre vie. Vous en garderez un souvenir mélodieux, nostalgique.
Nous ne sommes pas à l’abri de rencontrer d’autres âmes soeurs, donc ?
A : Evidemment que non. S’il y a bien un précepte qu’il faut retenir même dans les pires moments de doutes, c’est que la vie réunit toujours les gens qui s’aiment. Si non… c’est que ce n’était pas le bon.
C : Merci Angèle Chatelier pour ces paroles. Je rappelle qu’il existe dans le brunch d’autres chroniques philo sur l’amour, le bonheur, la vie, la mort, si comme Angèle, vous aimez réfléchir. A très vite !