BENJAMIN EST A CANNES. IL PREND UN TON BUSY.
B : Eh oui Thomas je suis en direct du tapis rouge pour les Croissants ! C’est la montée des marches ! Des gens montent des marches ! C’est l’opulence, le star-système, l’accomplissement ! Des carrières se lancent, des drames se font ! C’est L’ENDROIT OU IL FAUT ÊTRE ! Mais attends ! Je vois des stars qui s’avancent au micro des Croissants, ils viennent de planter Didier Allouche et Laurent Weil et ils arrivent ! Han ! C’est Adam Driver et son grand nez, il est beau !
(Fade out progressif) Nice to meet you Adam it’s an honor to meet you and your cyclopean nose the croissants are fresh much auditeurs wepwpewpp
EFFET SPECIAL DU REVEIL – GENRE HARPE VOUS VOYEZ LE GENRE
T : Bah Benjamin, on s’endort en pleine chronique des Croissants ? T’es censé réveiller nos auditeurs, tu vas avoir du mal si tu as toi aussi besoin d’être réveillé.
B : Je faisais un rêve si doux. Euh oui pardon petite faiblesse, mais il était fort à propos.
T : Ça parlait d’emojis ?
B : NON ! Je vous emmène à Cannes. Enfin, mentalement hein, pour le troisième festival rapporté de Cannes des Croissants. Et quoi de mieux que le film d’ouverture 2019 pour s’y mettre, c’est The Dead Don’t Die de Jim Jarmush.
[BANDE ANNONCE 1]
B : The Dead Don’t Die a été projeté en séance d’ouverture. Et laissez-moi vous dire que ce n’est pas un bon signe pour lui. La programmation met systématiquement un film un gros casting mais parfois TRÈS MOYEN parce que écoutez. Dans les années précédentes on peut citer Everybody Knows, Les Fantômes d’Ismael, Grace de Monaco ou Gatsby le Magnifique. Ce n’est pas une fatalité mais ce n’est pas un super signe. Par contre c’est tout de même une réal de Jim Jarmush, le réalisateur américain qui a déjà signé Broken Flowers, Only Lovers Left Alive ou Paterson. Je vous recommande ce dernier, par exemple, qui est d’une poésie envoûtante. C’est pas palpitant mais c’est très beau. Et justement, c’était avec Adam Driver, qui est aussi dans le film qui nous intéresse.
T : Tu parlais de film à casting. C’est pas ce qui manque ici. On y trouve Adam Driver, Bill Murray, Selena Gomez, Tilda Swinton, Steve Buscemi et plein d’autres caméos comme Iggy Pop en zombie, ils ne l’ont pas maquillé c’est très bizarre.
B : C’est pas très gentil !!! C’est clairement un film qui se repose plus sur son casting que sur son scénario. J’aurais du mal à tarir d’éloges sur ce réalisateur qui sait de quoi il parle hein parce que c’est probablement un vampire lui-même, je vous invite à vérifier son âge et voir sa photo. Mais alors ce film… il m’a laissé pantois. Dans sa manière de faire, dans ce qu’il raconte ou ce qu’il ne raconte pas, et dans son traitement du film de zombies.
T : Nous sommes dans la petite ville de Centerville, et la terre est désaxée, les calottes glaciaires fondent et les morts sortent de terre. Agrougroum !
B : C’est effectivement le scénario. Bill Murray et Adam Driver sont deux flics un peu dépassés par les évènements. Enfin, dans l’absolu, parce qu’eux affrontent cette apocalypse Zombie avec un calme olympien, dans un pur décalage de ton. The Dead Don’t Die n’est rien d’autre que la confluence de petites histoires toutes très clichés dans l’histoire du film de zombie. Et c’est l’un des soucis majeurs de ce film : Jarmush n’apporte RIEN à l’histoire du genre. On a des geeks déboussolés, des bandes de cool kids, des américains très américains, des racistes, un diner, des serveuses de diner. Et dans tout ce fatras cliché, on a Tilda Swinton en thanatopactrice qui manie le katana avec talent. A la fin du film, une soucoupe extraterrestre débarque et enlève sans contexte l’un des personnages.
T : Centerville, la ville au centre de l’histoire, je l’ai ?
B : Bravo Thomas, tu l’as. 12 points pour Thomas. Et c’est ça le truc, tout est méta, mais tout est stabiloté au forceps. C’est très technique. Le film est très forceur dans ses démarches, par exemple dans sa manière de donner un porte-clé Star Wars à Adam Driver ! Eh oui ! Avez-vous compris pourquoi ? Moi je l’ai compris. Car je suis… un geek. Et tout est prescriptif et souligné dans ce film, notamment cette manière de deviser sur le regard, les nouvelles technologies, c’est Black Mirror Thomas.
[BANDE ANNONCE 2]
On dirait parfois une mauvais caricature. De temps en temps c’est drôle, ça marche, c’est souvent lié à la nonchalance d’Adam Driver et Bill Murray. Mais là je fais davantage un effet de loupe qu’un constat sur l’ensemble du film. D’ailleurs, c’est une sacrée impasse comme projet. Les films de zombie sont toujours condamnés à un peu se terminer de la même façon, mais là ça tombe à plat comme rarement des films de zombies sont tombés à plat, c’est troublant. Je suis twoublé. Donc de l’humour très sporadique, une démarche de forceur et pas beaucoup d’invention dans The Dead Don’t Die, si ce n’est une certaine capacité à se regarder le nombril.
T : Alors, est-ce que The Dead Don’t Die a la Palme d’Or des Croissants ? Ca a l’air mal parti.
B : Non, il n’y a pas grand intérêt. Je peux même pas citer de dispositif technique quelconque, TDDD n’est porté que par son casting et cette storyline bizarre avec Tilda Swinton. Sinon, trop de méta. Le Almodovar le fait bien mieux, par contre c’est toujours pas le film qui lui a valu une Palme, d’ailleurs. Donc vraiment si vous avez une carte illimitée et que vous êtes curieux, ou fans inconditionnels de Jarmush. Sinon ben… c’est une petite mort lente ce film !
T : Je l’ai, bravo.
« The Dead Don’t Die » : Jim Jarmush se la goule douce
Film d’ouverture du Festival de Cannes 2019, « The Dead Don’t Die » de Jim Jarmush se pose comme un film de zombies pop et absurde. Mais sorti de son casting 4 étoiles, est-ce que ce long métrage tient la route ? Pas si sûr si l’on en croit Benjamin Benoit qui vient nous en parler.
0:00
5:11
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.