« Tuca & Bertie » : la série bec plus ultra

L’aventure psychédélique et féministe de Tuca & Bertie (127 - 27/05/2019)
GENERIQUE TUCA ET BERTIE
B : Chers amis, chers auditeurs des Croissants. Ok, sur ces ondes j’ai râlé sur de nombreux trucs. J’en ai vu, des trucs ratés, médiocres, pas intéressants ou nuisants. Mais vous pourrez attester d’une chose : je surkiffe Bojack Horseman. Je vous redirige vers le brunch, écoutez donc ça, et la saison 6 est en cours. Mais cette intro est un peu piégeuse.
C : C’est vrai. Je peux l’attester, Benjamin aime au moins Bojack Horseman. Et bonjour à Benjamin.
B : Bonjour à toi Corentin, bonjour à tous. Alors, ça ne m’arrive jamais ! Je vais vous parler d’une série Netflix. En dix épisodes de vingt-cinq minutes à peu près. Je vais vous parler de Tuca et Bertie. Et même si le moindre coup d’œil sur un extrait de cette série vous fera demander si elles sont liées, eh bien non ! Il n’y a aucun lien, aucun caméo de l’un dans l’autre. Il s’avère juste que la showrunner de Tuca et Bertie, qui s’appelle Lisa Hanawalt, était productrice de Bojack. Elle a fait sa propre série. Et je vous le dis, c’est aussi super bien, et ça a le potentiel d’une autre série qui peut encore s’améliorer avec le temps. Je vous la recommande d’avance, mais restez quand même pour cette critique.
C : Comme le dit le titre, c’est l’histoire d’une toucan et d’une oiseau-chanteur, qui sont meilleures copines et elles ont des caractères bien opposés, vous vous en doutez.
B : Poil au nez. Tuca est super extravertie, limite reloue, tandis que Bertie est une fille calme et réservée, qui vient d’aménager avec son copains Speckles. Oui, c’est le genre d’univers ou humains et animaux cohabitent, et les humains et animaux ont des noms d’humains ou d’animaux. Les deux sont voisines et vivent l’une au dessus de l’autre, et à partir de là ce sont les aventures dingodingues de Tuca et Bertie, qui parlent du réel. Du harcèlement au travail, un concours de tapisserie, un road-trip nostalgique, la fête de la mue et plein d’autres, vous verrez ça par vous-même.
[MUSIQUE 1 – E1]
B : On va commencer par des comparaisons inévitables. Bojack parle de la cinquantaine, Tuca & Bertie de la trentaine. La série a un ton beaucoup plus léger, et surtout beaucoup, mais alors beaucoup plus psychédélique. C’est une série visuelle, c’est presque agressif. Ca bouge de partout, les écrans de transition sont colorées comme s’il n’y avait pas de lendemain, il y a moult blagues animalières et langagières de partout. L’univers est bien plus débauché. Surtout dans les trois premiers épisodes, que je soupçonne avoir été écrit dans le même lapse de temps, si tu clignes des yeux tu vas louper 20 blagues. Donc le rythme et le timing comique sont très très serrés.
C : Ce qui apporte une question logique. Que valent la VO et la VF ?
B : Et ben comme souvent les deux sont très bien, c’est comme vous voulez, même s’il y a toujours quelques perditions dans la VF, quelques subtilités qui passent à l’as. Mais vous avez le choix, il n’y en a pas de mauvais. Mais Tuca et Bertie est caractérisé par d’autres trucs. Son humour très loufoque, très progressiste, et éminemment féministe. C’est une série faite par une majorité de femmes, avec des problématiques qui atteindront les femmes, sans jamais forcer ou vous le frotter à la figure. Humour féministe, ou drame féministe, ou juste bon humour et bonne dramaturgie quand ça le fait. C’est une autre série qui vit bien dans son temps, mais qui aborde tout de même des thématiques graves. Dire que c’est une série « post me-too » est peut-être un peu idiomatique mais ça n’en reste pas moins vrai et pertinent.
C : Et comme tu l’as dit, c’est un beau spectacle en termes d’animation.
B : Oui, c’est sans doute là où on ne l’attendais pas. Tuca Et Bertie est un monstre d’imagination et de créativité visuelle. La série quitte de temps en temps le dessin numérisé pour la pâte à modeler, la stop motion, le papercraft, ce genre de choses. C’est un petit délice pour les yeux, même si vous pourriez trouver que ça en fait trop. D’aucuns diraient : « MAIS ILS ONT PRIS DE LA DROGUE. » Eh bien, non. C’est juste dans l’ADN de ce début de série de varier les médiums et d’en faire un show coloré à tous les niveaux. Y’a une esthétique Tuca&Bertie, où on fait péter du airhorn point point pointttt pour souligner les gags. On parle quand même d’un oiseau tropical, que diable.
C : La musique aussi reflète cette idée, cette direction artistique.
B : Oui, quelques morceaux éclectiques, accompagnés du Score de Jesse Novak, qui fait toujours un super taf.
[EXTRAIT 2]
B : Y’a une modernité dingue dans Tuca et Bertie, et l’humour n’est pas trop référentiel ou fixe dans le temps, c’est une série qui passera peut-être plus inaperçue mais elle vieillira bien, parce ce qu’elle ne se contente pas de pointer des œuvres du doigt, mais de réellement faire de l’humour de situation et de personnages en collant au maximum à leurs personnalités. Genre : un gag qui me fait mourir de rire : Tuca veut pimenter sa vie sexuelle et demande à son copain de lui montrer son porno typique. Et son porno typique c’est exactement comme sa vie de couple, 100 % respectueux et consentant. Voilà, c’est de l’humour woke, pas forcé, et bien trouvé. Bravo !!
C : Dix épisodes sur Netflix, comme d’habitude ça se binge facilement en trois ou quatre sessions. Tuca et Bertie est recommandé par les Croissants. Regardez, même Super Fac De Lettres le dit.
SFDL : BONJOUR LES AMIS ! MAIS OUI, C’EST UN SHOW A L’HUMOUR CYLOPEEN, JE SUIS LAUDATIF ! ALORS QU’ATTENDEZ-VOUS ?
C : Mais oui, qu’attendez-vous ?
B : C’est très bien. Allez, vous avez mon feu vert. Tuca et Bertie est drôle, visuel, inventif, moderne et ça se mate tout seul, c’est parfait pour ce que vous avez. Bon. Eh bien merci à tous, et kiffez bien.