Corentin : Alors que grognent les gilets jaunes sur l’augmentation des taxes sur les carburants et notamment le Diesel, il est temps de comprendre pourquoi il est si nocif pour l’environnement et notre santé. Eléments de réponses avec Laura Aupiais...Bonjour Laura.
Laura : Bonjour, Corentin, bonjour à tous, On peut le dire sale temps pour le carburant des moins aisés.
Enfin, même si d’après le Figaro, le diesel serait plus cher que l’essence dans 6 stations sur 10.
Corentin : C’et vrai que ce mouvement semble prendre de l’ampleur mais pourquoi le diesel est-il si répandu ?
L : Si on se penche sur l’Histoire, à la fin du XIXe siècle, l’inventeur du diesel, Rudolf Diesel, cherchait des investisseurs et il prétendait que le moteur diesel ne polluait absolument pas.
Il assurait que si l’on plaçait une feuille blanche derrière l’échappement, on ne relèverait aucune trace de la combustion du gasoil. Ce qui était évidemment faux.
Ensuite, en Europe de l’Ouest et en France, l’essor du diesel est lié à celui du parc électronucléaire. Avec le concours des constructeurs automobiles, les pouvoirs publics ont trouvé là un usage de substitution au fioul qu’on utilisait auparavant pour produire de l’électricité.
Corentin : Et pourquoi alors tant de succès ?
L : C’est parce que la plupart des gouvernements européens occidentaux ont adopté une réglementation spécifique qui autorisait des niveaux d’émission plus importants afin de favoriser le développement de son usage.
Corentin : Quand s’est-il vu décrié ?
L : On a commencé à critiquer le diesel à partir des années 1980, avec la découverte par le grand public des particules fines qu’il émet. Et depuis les constructeurs automobiles ont décidé d’équiper leur véhicules de filtres à particules.
Corentin : Pourquoi le diesel est-il plus polluant que l’essence ?
L : Si l’on considère la contribution au réchauffement climatique, la version diesel d’un véhicule émet moins de CO2 que sa version essence. Mais, selon des études scientifiques, cet avantage est annulé en cas d’absence de filtres à particules.
Et ces particules contribuent à « noircir » les glaces polaires, réduisant leur capacité à réfléchir le rayonnement solaire et favorisant leur fonte.
Corentin : Et en ce qui concerne la pollution de l’air en elle-même ?
L : Il se trouve que même équipé d’un filtre, un moteur diesel émet plus de particules fines qu’un moteur à essence. Quant aux émissions d’oxyde d’azote, les dispositifs dont peuvent être équipés les moteurs diesel les rapprochent du niveau de celui des moteurs à essence.
Corentin : Tu parles des particules fines depuis tout à l’heure, mais de quoi s’agit-il exactement ?
L : Il s’agit tout simplement de particules en suspension dans l’atmosphère. Elles sont catégorisées selon leur taille. Une particule fine doit avoir un diamètre inférieur à 2,5 micromètre. Pour rappel, un micromètre équivaut à 0,0001cm.
Corentin : En quoi cela est dangereux pour notre santé ?
L : Le docteur Bernard Jomier au micro de l’AFP en 2013 répond à ta question. On l’écoute.
[SON - Dr Jomier - 23s]
A titre indicatif, l’OMS, l’organisation mondiale de la santé prône un taux de particules fines qui ne devrait pas dépasser 10 microgrammes par mètre cube, les normes européennes disent 20 et pour Paris, en moyenne, le taux de particules fines est autour de 35-40.
Corentin : L’avenir pour notre santé et l’environnement se trouve dans les voitures électriques, alors ?
L : Et bien non. Tout d’abord, parce que fabriquer une batterie est très polluant.
La fabrication de la version électrique d’un véhicule génère un niveau de pollution 50 % plus élevé que celui de la version essence ou diesel.
Ensuite, il faut produire de l’électricité supplémentaire et il est fort probable qu’on ait à recourir à des centrales thermiques qui, elles, émettent du CO2.
Et enfin, les réserves de métaux nécessaires à la fabrication des voitures électriques ne sont pas suffisantes pour remplacer le milliard de voitures qui circulent aujourd’hui sur la planète.
Corentin : Que faire alors ?
L : Il faut limiter le poids et le gabarit des véhicules, brider leurs performances pour qu’elles soient en adéquation avec le Code de la route. Cela permettrait de réduire la consommation de carburant par kilomètre parcouru.
Mais en fait, on se rend compte que réduire la pollution automobile impose en fait de réduire l’usage de la voiture. Et cela passe par un aménagement du territoire qui réduise l’étalement urbain et par un recours accru au transport collectif.
A bon entendeur….
Corentin : De quoi donner au moins du baume au coeur de ceux qui se retrouvent écrasés comme des sardines dans leur wagon tous les matins. Merci Laura pour ces explications et à bientôt !
Comment le diesel nous pompe l’air
Banni des villes, surtaxé par les États, pourquoi un tel traitement pour le diesel ? Celui dont on pensait qu’il était moins polluant que l’essence a en réalité un impact sur l’environnement et la santé bien plus fort que prévu. On vous détaille tout ça avec Laura Aupiais.
0:00
5:26
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.