Corentin : L’eau est une ressource essentielle qui vient à se tarir. Quels sont les moyens qu’on peut mettre en oeuvre pour limiter notre consommation ? Une piste intéressante dans le domaine de l’agriculture va nous être présentée par Laura Aupiais… Bonjour Laura
Laura : Bonjour Corentin, bonjour à tous, alors oui comme tu le disais, les réserves d’eau vont se faire rare si on prend notamment en compte le réchauffement climatique actuel et ses conséquences à venir.
Corentin : Comment utilise t-on l’eau ?
L : Il y a trois principaux secteurs. L’usage domestique, agricole et industriel. A noter que l’usage domestique représente 10% des mètres cubes prélevés par an, l’industrie 30% et l’agriculture 60%.
Corentin : 60% c’est énorme !
L : Et oui, alors 60% ça représente quoi ? D’après l’agence de l’eau Seine-Normandie, c’est environ 5 milliards de mètres cubes d’eau utilisés par an pour l’agriculture ne serait-ce qu’en France. A l’échelle planétaire, ce sont près de 4600 milliards qui sont prélevés chaque année.
Il est possible que ce seuil atteigne 6000 milliards de mètre cubes d’ici 2050. Ce sont des quantités astronomiques d’autant plus qu’on estime que 30 à 60% de l’eau utilisée pour l’arrosage des terres agricoles s’évapore et ne profite pas aux plantes.
Corentin : Je crois savoir d’ailleurs qu’il faut 500l d’eau pour produire 1kg de maïs…
L : Exactement, autre exemple, il faut 600l d’eau pour produire 1kg de pomme de terre et 25 pour 1kg de salade. Mais l’agriculture pose un autre problème.
Pierre Marmonnier, professeur au CNRS et spécialiste dans l’écologie des hydrosystèmes nous en parle dans un reportage de France Télévision réalisé par Laurence Scarbonchi diffusé en 2012.
[SON 1 - Reportage FranceTV - 2012 - 1’29 > 2’05]
Corentin : Justement quelles seraient les bonnes pratiques pour limiter la consommation d’eau dans le domaine agricole ?
L : Et bien, peut-être que l’avenir de notre planète se trouve dans le développement de culture hors sols et dans l’essor des fermes aquaponiques et hydroponiques.
Corentin : Rien à voir avec des petits-chevaux qui vivraient en milieu aquatique ?
L : C’est désopilant, mais non. Rien à voir ! L’aquaponie et l’hydroponie sont tous deux des systèmes à circuit fermé qui ne subissent pas les affres des saisons et du changement climatique. Je m’explique. L’environnement des cultures hydroponiques et aquaponiques est contrôlé entièrement par l’homme.
Corentin : Comment cela fonctionne ?
L : Et bien dans le cadre de l’hydroponie, par exemple, je vais laisser la parole à Marion de la ferme hydroponique les Sourciers expliquer comment ça fonctionne. Marion et son conjoint Nicolas ont créé cette ferme dans le Gers pour fournir les restaurateurs locaux. Bref, on l’écoute.
[SON 1 - Hydroponie et agriculture urbaine > 0’24/1’11]
Corentin : Et pour l’aquaponie ?
L : Dans le cadre d’un système aquaponique, les nutriments dont a besoin une plante ne sont pas apportés par l’homme mais par les poissons.
En fait, les plantes baignent dans l’eau et en dessous de ces plantes, il y a un bassin rempli de poissons. Les excréments des poissons sont ensuite acheminés dans un autre bassin avec des bactéries. Celles-ci vont participer à transformer l’ammoniaque présente dans les selles des poissons en nitrate et en azote.
Et cette eau riche en nitrate et azote est ensuite reversée aux plantes. Les plantes purifient l’eau et retourne aux poissons.
Corentin : Ah oui ! On est dans un circuit presque fermé. Existe t-il d’autres avantages autre que la quantité d’eau utilisée ?
L : L’autre avantage, c’est la place. L’aquaponie et l’hydroponie nous laisse à penser qu’on n’a pas forcément besoin de grands espaces pour cultiver et qu’on n’a pas forcément besoin de mettre à contribution nos campagnes.
L’aquaponie a été inventé par les Mayas, ce n’est pas nouveau mais elle se montre particulièrement intéressante dans le contexte climatique et démographique actuel.
Corentin : Du coup, effectivement pour nourrir 7,5 milliards de d’êtres humains, ça devient compliqué.
L : Ca devient compliqué notamment parce que plus de la moitié de la population mondiale habite dans en milieu urbain. Le taux est de 80% en France à titre de comparaison.
Et quelles sont les conséquences ?
La part du foncier augmente. Il faut loger ces personnes. Les espaces ruraux diminuent et l’urbanisation des territoires s’accélèrent.
Par conséquent, l’urbanisation massive de la planète et notamment des pays en voie de développement entraînent une augmentation importante de l’empreinte carbone, une pollution de l’eau et des sols etc.
Il devient donc indispensable de rationaliser l’eau dans les pratiques agricoles. Car certes, réduire sa consommation d’eau en fermant l’eau du robinet pendant qu’on se lave les mains ou les dents, c’est utile mais comme dit en début de cette chronique, la pénurie d’eau viendra à cause de l’agriculture.
Corentin : C’est donc là que l’hydroponie et l’aquaponie interviennent.
L : Ces pratiques peuvent avoir un rendement important, être beaucoup moins consommatrices d’eau mais surtout elles peuvent produire tout au long de l’année car l’environnement est contrôlé par l’homme.
Corentin : De belles perspectives. Tout ça m’a presque donné envie de piquer une tête. Merci Laura, et à la prochaine.
Avec l’aquaponie et l’hydroponie, l’agriculture traditionnelle pourrait bien boire la tasse
L’hydroponie et l’aquaponie pourraient bien être des pistes extrêmement intéressantes pour économiser place et eau dans le domaine de l’agriculture ! Découvrons ces deux techniques étonnantes avec Laura Aupiais.
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