AMBIANCE ROMAN NOIR JAZZY
B : Il y a quelque chose de pourri au royaume du Japon… la corruption hante les villes, la crime organisé règne… j’ai décidé de risquer ma vie et d’infiltrer le réseau sans concession… des YAKUZAS. Voici mon histoire.
C : Ah, Benjamin Benoit se prend pour Jake Adelstein. C’est bizarre, te connaissant, je pensais que tu allais faire une imitation de Bernard de la Villardière.
B : C’est vrai, mais entre les deux, il y a une différence fondamentale - Jake Adelstein a vraiment l’air d’être un bosseur. Et c’est de lui qu’on parle aujourd’hui, puisque son dernier livre vient de sortir, et les algorithmes travailleurs des Croissants m’en tiennent témoin, son sujet va vous intéresser. Il s’appelle J’ai Vendu Mon me En Bitcoins. Et c’est paru en France par les Editions Marchialy, qui suit, depuis trois ans, le rythme très précis d’un livre publié par trimestre. Ce sont de beaux objets, je vous invite à regarder ça.
C : Cette comparaison avec Bernardo ne tombe pas de nulle part. Jake Adelstein est un journaliste d’investigation gonzo.
B : Ce journaliste et auteur, qui fête ses 50 ans le 28 mars 2019, est un spécialiste du Japon et de la mafia locale du Yakuza. Alors, le Yakuza, motif romanesque absolument fascinant, c’est une figure qui incarne toutes les contradictions du Japon. C’est passionnant, et Adelestein raconte tout ça dans le livre Tokyo Vice, que je vous recommande. Il y raconte son parcours de journaliste étranger à Tokyo et son infiltration assez volontaire dans ce milieu. En 2018 sort en France son deuxième livre, Le Dernier Des Yakuzas, où il se met dans une sacré mouise et se voit contraint de rédiger la biographie d’un yakuza nommé Makoto Saigo.
C : D’ailleurs, les deux livres sont disponibles en pack en version poche.
B : Et ils marchent bien ensemble. Le Dernier Des Yakuzas s’attarde plus sur le mode de vie, les codes, et la morale de la pègre japonaise, bref je vous conseille tout ça, inutile de s’attarder puisque la voix du mafieux n’est pas très pertinente pour notre histoire de Bitcoins. Une publication extrêmement bien timée, puisqu’elle fait écho à un jugement qui a été rendu quelques jours après la sortie du livre chez nous. Je parle du jugement de Mark Karpelès, un français au coeur de ce roman. Enfin, je dis roman, mais il s’agit plutôt d’une « succession d’articles avec un style journalistique de petit malin ».
C : Mark Karpeles est quelqu’un de très important dans le petit monde des cryptomonnaies.
B : Il était à la tête de la plateforme MTGox, que j’appelle Mount Gox par réflexe, il y a deux écoles. C’est une plateforme d’échange de Bitcoins. On lui reproche plein de choses à Mark Karpeles, dont son implication dans la disparition de 630 000 bitcoins. C’est là que les chefs d’inculpation démarrent : détournements de fonds, eux-mêmes liés à des abus de confiance et de détournement de données.
Je vais vous le dire maintenant, ce serait pas sympa de faire du suspense avec ça. Le jugement de Mark Karpeles a été rendu le 15 mars 2019, et il a écopé de 30 mois de prison avec sursis pour les manipulations de données. Autant vous dire qu’avec les 10 ans ferme requis par le procureur, il s’en sort vraiment très bien.
Mais ses tracas avec la justice ne sont pas terminés : il a encore une class action aux fesses des anciens utilisateurs de Mount Gox, et il ne doit pas commettre de délit durant les 4 prochaines années.
C : Autant dire qu’avec le système judiciaire japonais, il a particulièrement chaud aux fesses.
B : Jake Adelstein nous rappelle longuement que la justice japonaise n’est pas là pour faire des innocents, et que 99% des procès aboutissent à des condamnations. Pensez à Carlos Gohn, qui est directement cité dans le livre, comme un fusible livré en pâture par d’autres PDGs nippons. Alors, comment en sommes-nous arrivés là ? Parce que le livre, lui, nous explique surtout que Mark est un très mauvais gestionnaire d’entreprise. Adelstein raconte tout ça dans une succession d’articles thématiques. Il rappelle ce que sont les bitcoins, comment ça marche, ce qu’est la fameuse blockchain, le livre des comptes virtuel... Vous comprendrez sommairement les termes du sujet si ce n’est pas votre fort.
C : Mais le coeur du livre, c’est quand même une explication de qui est Mark Karpeles, et qui sont les acteurs de cet improbable méga casse de cyberthunes.
B : Le portrait de Mark Karpeles est celui d’un jeune adulte très otaku très intelligent, et très fan du japon. Il s’y installe après s’être pris de passion pour les cryptomonnaies. A un moment, il est cité dans le documentaire Suck My Geek, et on peut le voir avec ses t-shirts de geek. Regardez ça c’est incroyable on se croirait sur feu Nolife. Et c’est l’un des intérêts de J’ai vendu mon âme en bitcoins, il encapsule une époque de pionniers. En le lisant, on revit des phénomènes rigolos avec un nouvel éclairage, comme ce moment où Twitter banissait plein de comptes parce qu’ils imitaient Satoshi Nakamoto.
C : Attend, qui ça ?
B : C’est le Carmen Sandiego du Bitcoin. Son créateur, qui a particulièrement bien nettoyé ses traces, on ne connaît toujours pas sa véritable identité. C’est donc l’un des enjeux du livre, comme l’identité du braqueur… mais cette question-là aura une réponse. On reparle de The Silk Road, l’Amazon du deepweeb où l’on peut se procurer des drogues par courrier, et de son implication dans l’histoire. Puis de la folle ascension de Mount Gox, et sa chute, puis l’implication de la justice japonaise et américaine dans le lot. Et Jake Adelstein conclut l’affaire avec sa clé publique, si jamais vous voulez déposer des bitcoins sur son compte. Pas folle la guêpe.
C : Ca a l’air passionnant, mais un tout petit peu décousu.
B : Parce que ça l’est. Si le sujet ne vous dit rien de rien, vous risquez d’être un tout petit peu largués. Les autres passeront un bon moment à la lecture de J’ai Vendu Mon Ame en Bitcoins, et sa structure un tout petit peu bordélique. Les chapitres sont davantage thématiques que chronologiques, et le livre pourrait tout à fait être une compilation de longs formats - l’un d’entre eux a d’ailleurs été publié dans le mook XXI. Mais si, vous savez, en chiffres romains. Je vous le recommande, c’est plein d’anecdotes édifiantes.
C : Comme tes chroniques Benjamin ! Alors, c’est quoi ta prochaine rubrique gonzo ?
B : Je me mets à Fitness Boxing là. C’est tout aussi aventureux.
« J’ai vendu mon âme en bitcoins » : le c@sse du siècle
« J’ai vendu mon âme en bitcoins » est le troisième livre du journaliste basé au Japon Jack Adelstein. Dedans, il parle de l’affaire MTGox. Benjamin Benoit nous présente ce livre qui revient sur le plus gros vol de bitcoins de l’histoire.
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