Corentin : Un des événements sériphiliques de l’année a été le retour de Twin Peaks sur les petits écrans. Alors que la saison vient de se terminer, notre chroniqueur Thomas revient sur l’importance du petit-déjeuner dans la série. Ca tombe bien pour une application qui s’appelle Les Croissants. Salut Thomas, ça biche ou quoi ?
Thomas : Salut Corentin, ça biche plutôt, ouais. Comme tu l’as dit, le revival de Twin Peaks – Twin Peaks The Return, comme ça s’appelait – s’est achevé il y a peu, bouclant d’une certaine manière cette saga commencée par David Lynch et Mark Frost alors que tu n’avais même pas encore de dents de lait, mon bon Coco. Soit dit en passant, Twin Peaks The Return laisse également plein de questions en suspens, pour la plus grande frustration des fans – moi compris, évidemment. Mais plutôt que spoiler à tout-va cette troisième et dernière saison, on va se concentrer sur ce qui m’intéresse le plus dans la vie : la bouffe. Et plus précisément, la bouffe de petit-déjeuner, comme tu l’as dit en début de chronique. Car le petit-déjeuner occupe une place particulièrement importante dans la série, en particulier pour l’agent Dale Cooper, personnage principal chargé de résoudre le meurtre de Laura Palmer. Mais écoutons plutôt, qui n’est pas que le chien de Mickey :
Et maintenant je voudrais deux œufs au plat. Je sais que ça n’est pas conseillé pour les artères mais les vielles habitudes sont tenaces. Et j’adore les œufs… Bacon : je le veux bien cuit, presque brûlé. Au beurre ! Ca sera parfait. Et je voudrais un jus de pamplemousse. Attention, je ne veux pas de conserve. Il faut qu’il soit pressé.
Il s’agit là de la première commande de petit-déjeuner de Dale Cooper, qui donne tout de suite le ton. On le voit bien, l’agent du FBI est volubile et a des goûts très sûrs. Et surtout, il a besoin d’avoir l’estomac bien rempli avant de commencer sa journée de travail. Après tout, quand on doit enquêter sur le meurtre sordide d’une adolescente tout en voyageant dans différents plans stellaires et en gérant des dames qui parlent littéralement avec des bûches de bois, il faut bien ça pour tenir la journée.
Corentin : C’est bien gentil tout ça, mais c’est juste une scène dont tu me parles, là. Le petit-déjeuner est vraiment important dans Twin Peaks ?
Thomas : Oui, tout à fait ! Pour plein de raisons en fait. Bon, déjà, y’a Cooper qui apprécie à plusieurs reprises son petit-déjeuner au Great Northern Hotel, où il séjourne le temps de son enquête à Twin Peaks. Ensuite, il s’agit quand même d’une série policière, un peu, à laquelle on a greffé des éléments de type surnaturel et parfois comique. Et qui dit série de flics dit… dit…
Corentin : …mandats délivrés par l’assistant du procureur ? vice de forme ? mise sur écoute ? J’en sais rien, Thomas !
Thomas : Qui dit série de flics, dit beignets et café, évidemment ! Et il y en a beaucoup, des beignets et du café, dans Twin Peaks. Si par chez nous, on associerait plutôt ces aliments du bonheur au goûter, aux States, ce sont des compléments alimentaires de petit-déjeuner tout à fait acceptable. Petite aparté : si vous ne prenez pas de goûter parce que vous estimez que c’est un truc de gamins et que vous avez pas le temps pour ça parce que vous êtes un adulte sérieux, vous êtes en train de rater votre vie. Désolé, c’est un fait.
Mais revenons à nos petits-déj : on a Cooper, on a les beignets, et surtout, on a un des symboles de l’Amérique à l’ancienne : les dinners. Celui de Twin Peaks s’appelle le Double R, et est tenu par Norma. Comme dans tout bon dinner, on y consomme des trucs comme des salades ou des burgers, mais aussi des gaufres, des tartes, des pancackes… autant d’éléments composant un petit-déjeuner équilibré. Les différents protagonistes s’y retrouvent pour deviser autour d’un café. D’ailleurs, en parlant de café, une des scènes fondatrices de Twin Peaks a lieu autour de ce breuvage, délicieux lorsqu’il est bien fait :
Une minute, une minute s’il vous plaît… Vous savez… mais alors là, il est véritablement bon ce café ! Je ne sais pas combien de tasses de café j’ai pu boire dans ma vie, mais ça, c’est un des meilleurs !
Ces quelques mots anodins ont fait rentrer Dale Cooper au panthéon des personnages de série TV. Ils le résument parfaitement : on a affaire à un gars poli et sympathique, plutôt expert dans son domaine, assez attachant, mais parfois un peu trop enthousiaste.
Corentin : Bon, Thomas, tu nous as donné faim avec toutes ces bêtises. Une petite recette pour finir ?
Thomas : Eh bien, oui. Que dirais-tu de quelques pancakes bien moelleux, comme les aiment justement l’agent Cooper. Donc pour 8 pancakes, dans un grand saladier, vous allez mélanger 200 grammes de farine, 2 cuillères à soupe de sucre en poudre, 2 cuillères à café de levure chimique, une demi-cuillère à café de bicarbonate de soude, et une pincée de sel. C’est votre mélange sec.
Dans un autre saladier, versez ¼ de litre de babeurre, ce liquide aigrelet produit à partir du lait, que les Bretons appellent lait ribot. Si vous n’en trouvez pas, mélangez ¼ de litre de lait entier avec une cuillère à soupe de vinaigre blanc, et laissez reposer pendant 5 minutes. Ca fera un substitut tout à fait similaire. A ce babeurre, vous allez mélanger un gros œuf, ainsi que 50 grammes de beurre fondu. Vous avez votre mélange humide.
Faites un puits dans votre mélange sec, puis versez le mélange humide petit à petit, en mélangeant doucement pour ne pas faire de grumeaux. Si vous avez le temps, quand tout est bien amalgamé, faites reposer la pâte au frais pendant 30 à 45 minutes.
Il ne vous reste plus qu’à cuire : faites chauffer une poêle, mettez-y une noix de beurre pour graisser tout ça, et versez une petite louche de pâte. Faites cuire environ 2 minutes. Vous saurez que c’est bon quand les bords brunissent un peu et que des bulles se forment à la surface du pancake. A ce moment-là, retournez-le, et laissez cuire 2 minutes de plus. Répétez l’opération jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de pâte.
Il y a 1001 façons de consommer les pancakes, la plus connue étant de les empiler, de faire fondre une noix de beurre sur cette tour de bonheur moelleux, et de recouvrir le tout de sirop d’érable. Mais Dale Cooper a sa façon bien à lui :
Trudy, deux autres cafés s’il vous plaît. Harry, Lucy, la journée se présente tout à fait merveilleusement, non ? Des crêpes de rêve, un beurre salé, un excellent sirop d’érable et un jambon fabuleux ! Rien n’est plus délicieux que cette sensation du sirop qui vient infiltrer le jambon – Tout de suite, monsieur Cooper.
Je n’ai pas encore essayé cette version sucrée-salée du petit-déjeuner, mais elle a l’air pas mal aussi. Pensez juste à faire revenir votre épaisse tranche de jambon avant de tenter l’expérience !
Corentin : Ca fait envie ! Merci Thomas !
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