[Extrait 1]
Corentin : Ah, Astro le petit robot. Figure japonaise iconique du manga des années 50 et 60. Il a participé à l’imagerie populaire du super-robot à la force démesurée et capable de voler grâce à ses propulseurs sous les talons. Mais si ce genre de machines n’existent toujours pas en 2017, d’autres robots bien plus dociles et domestiques, eux, sont bien présents. Lucie Ronfaut, journaliste au Figaro Tech est ici pour nous en parler, car elle en a croisé un certain nombre… en Allemagne. C’est bien ça Lucie ?
Lucie : Absolument ! Alors, avant de commencer cette chronique, je dois vous avouer une chose : je suis petite. Je mesure 1m59, pour être exacte. Il est donc rare que je dépasse un adulte, et encore moins qu’il percute mes jambes. C’est pourtant ce qu’il m’est arrivé l’autre jour. Je me baladais à l’IFA, le grand salon européen de l’électronique organisé à Berlin, quand une personne s’est heurtée à moi. Je baisse les yeux ; je réalise qu’il s’agit d’un robot. Il fait la taille d’un enfant, il peut se déplacer sur des roulettes et est équipé d’une tablette tactile. En théorie, il peut faire plein de choses : prendre des commandes dans un restaurant, orienter des passagers dans un aéroport, ou tenir compagnie à des personnes âgées. Je ne sais pas vous, mais moi je ne confierais pas mon grand-père à une tablette montée sur roulette.
Corentin : En attendant Lucie, ils suscitent quelque peu l’engouement ces robots, non ?
Lucie : Oui. Blague à part, les robots sont à la mode. Mais ils sont parfois concons. Par exemple : des ingénieurs de Panasonic ont imaginé un frigo roulant capable de rejoindre son propriétaire à l’autre bout de la cuisine, pour lui apporter un ingrédient ou une bière fraîche. Toujours chez Panasonic, on a fabriqué une machine capable de laver et de plier le linge. Les robots dansent, tondent le gazon, chantent, et moi je me demande : à quoi servent-ils vraiment ?
Corentin : Bah oui, c’est vrai, à quoi servent-ils ?
Lucie : Concrètement, à pas grand-chose. Déjà, certains de ces robots ne sont que des prototypes. Ils sont conçus spécialement pour amuser la galerie et attirer les journalistes sur des salons. Quand j’ai vu le frigo intelligent, il était capable de se déplacer, mais pas de s’ouvrir. Un peu compliqué pour se servir une bière. Pour les autres, je soupçonne des ingénieurs et des chefs d’entreprises qui ont vu un peu trop de films de science fiction. Les robots, c’est chic. Maintenant qu’on a compris qu’on n’utiliserait pas de voiture volante de sitôt, ils sont notre seul moyen de vivre dans l’an 3000.
Comprenez-moi bien: je n’ai rien contre les robots. Mais avoir un machin à roulette me rentrer dedans pour me proposer une chanson, ce n’est pas l’idée que je me fais de l’avenir. Dans le même genre, la Suédoise Simone Giertz fait un carton sur YouTube avec ses “shitty robots”, littéralement ses robots de merde. Le pitch : elle fabrique une machine inutile et le filme. Elle a déjà donné naissance à un drone qui peut couper les cheveux, des robots qui essuient les fesses aux toilettes ou qui versent des céréales du petit dej dans un bol. Le résultat est très approximatif, et c’est très drôle.
[Extrait 2]
Corentin : Rassure-moi, il y a quand même des endroits où les robots sont utiles ?
Lucie : Il y a des endroits où les robots sont utiles : pour le transport d’objets lourds, dans la nanomédecine, ou le divertissement, pour ne citer que quelques exemples. Disney, par exemple, a plusieurs laboratoires dans le monde entièrement dédiés aux robots qu’il met dans ses parcs d’attractions. Les machines de Boston Dynamics, ancienne filiale de Google, sont capables de se déplacer dans des terrains accidentés ou en guerre. Nao, un robot développé par l’entreprise Aldebaran, est utilisé par des chercheurs et des médecins pour communiquer avec des jeunes autistes. Lego développe des robots qui apprennent aux enfants à coder. Bref : ce n’est pas parce qu’on sait faire des robots qu’on peut en mettre partout. L’important, c’est d’être utile. Et d’éviter de me rentrer dans mes jambes.
Corentin : J’espère que le message est passé. Merci Lucie et à la prochaine fois !
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