Corentin : Cette fois, avec Benjamin, on rentre dans un univers chalereux... un peu trop. Brûlant, aride, sec, c’est tout ce qui caractérise la musique des Queens Of The Stone Age, qui ont sorti un nouvel album le 25 aout 2017.
Benjamin : Absolument. Je vais vous parler d’un groupe de coeur. Une musique qui vient du désert, de la chaleur de la Californie et des chemises à carreaux de Josh Homme. Pour cette chronique musique, je me suis penché sur l’album Villains du groupe Queens Of The Stone Age.
Et pour vous présenter un peu cette formation, il faut revenir aux origines d’un genre délicieux : le stoner rock.
C : Aucun rapport avec des substances illicites, j’espère.
B : Pas directement. On pourrait aussi parler de « desert rock » (Aucun rapport di- rect non plus avec les pâtisseries). le stoner, c’est une forme plus actuelle de hard rock avec une touche d’indus, peut-être moins précise et polishée, mais où on trouve souvent une grosse basse, beaucoup de chant mélodique et des tons ma- jeurs comme mineurs. Généralement, tu bouge ton popotin sur une musique mé- tallique et violente. Avec le stoner et tes oreilles, tu vois aussi dans ta tête le sable jaune, les cactus et les vautours car on aime les visions stéréotypées.
Au début des années 90 émerge le groupe Kyuss, qui a contribué à codifier le genre. On y trouve Josh Homme et Nick Oliveri, un duo qui, une petite dizaine d’années plus tard, s’émancipera pour devenir les Queens Of The Stone Age en 1998. Sept albums en 19 ans, dont le style heavy évoluera au fil des galettes. Ils partent d’un album éponyme au son très brut - ils ne vont pas surimprimer 20 pistes à la fois - brut et un peu macho, mais rafraîchissant déjà un éventail de son qui commenaçait à devenir desuet. Il évolue en 20 ans, Nick Oliverie est viré à mi- chemin pour ses excès qui nuisent au groupe. Le son de ce dernier devient de plus en plus propre, comprendre un peu mieux enregistré. Ses membres tourneront, mais Josh Homme, un espèce de coyote à la voix de crooner de deux mètres, reste à la fois le visage et la colonne vertébrale du groupe.
Vous connaissez peut-être ses plus grands hits, dont le magnus opum et le très rouge album Song For The Deaf. On y trouve le métronomique No One Knows et A Song For The Dead, qui clôt tous les concerts du groupe dans une débauche brui- tiste. Je vous recommande Era Vulgaris, sorti en 2007, et son inénarrable tube 3’s & 7’s.
Trois ans après la dernière galette sortie en 2013, voici Villains, sorti en aout dernier.
[EXTRAIT - FEET DONT FAIL ME - BED A 15’]
On entend donc Feet Dont Fail Me, longue introduction trois actes, qui com- mence avec cet orgue à la sauce Orange Mécanique qui tonne avec fracas, avant d’enchaîner sur un riff bondissant en diable.
Ce nouvel album produit par Mark Ronson. Est-ce que ça te dit quelque chose ?
C : (réponse)
B : Certes, mais c’est aussi l’un des producteurs les plus successfoule et carré de notre époque, connu pour ses collaborations avec Amy Whinehouse, par exemple. C’est lui qui a signé le TOO HOOOT
C : HOT DAMNNNN
B : Uptown Funk avec Bruno Mars, qui ne fait que pondre des mégatubes depuis trois ans. Une personne de confiance et un bon collègue de travail, donc. Villains est un album de neuf pistes assez longues, l’un des plus efficaces et immédiats de la discographie du groupe. Ca lui a valu une note un peu moins bonne sur le très pointu Pitchfork.
[EXTRAIT - THE EVIL HAS LANDED]
On écoute donc The Evil Has Landed, le gros morceau de bravoure de cet al- bum, qui a des atours de Led Zeppelin. Une comparaison qui ne sort pas de nulle part, je rappelle que Josh Homme et Dave Grohl (monsieur Foo Fighters, qui colla- bore avec tout le monde) ont aussi formé un supergroupe nommé les Them Croo- ked Vultures et John Paul Jones à la basse, qui était donc le bassiste des...
C : (réponse)
B : (Répartie appropriée.) Une musicalité qui transparaît dans un album plutot ma- jeur, positif, moins angoissé que d’habitude.
Villains arbore des tonalités disco, dansantes, animales. Les fans de la première heure le trouveront moins audacieux, moins varié. Les QOSTA, c’est aussi une sa- lade de rythmes. Une plus grande variété de sons qu’on ne le pourrait croire, et l’amour des rupture et des contrastes. Villains, lui, mise plus sur la constance et l’im- médiateté. Normal quand on est produit par une machine à tubes. Et c’est un petit paradoxe, le groupe à son mieux quand il explore son propre ADN plutôt que d’explorer des territoires plus dansants.
Villains, c’est neuf pistes, neuf univers, toujours aussi heavys, un peu moins cra- cra. On s’approche dangereusement du disco, et ce n’est surement pas le Magnus Opum de Josh Homme en tant qu’auteur. Mais Villains a cette qualité de vous pré- senter efficacement ce groupe, et vous pourrez remonter leur discographie à loisir pour des sonorités un peu plus violentes.
C : Conclusion
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