Corentin : Aujourd’hui dans le studio des Croissants, on reçoit un Geoffroy Husson de Tom’s Guide à l’air particulièrement sérieux. Ça va Geoffroy ? Tu as l’air tout concentré, ça fait bizarre…
Geoffroy : Eh oui Corentin, je prends mon air de Jack Bauer de 24 Heures Chrono, parce que je m’apprête à te sortir un Previously on « Les croissants » d’anthologie… Previously on « Les croissants » !
[INSERT Previously On]
C : Une chronique qu’on peut retrouver dans le brunch. Et donc ça y est, on y est à cette « prochaine fois » ?
G : On y est tout à fait oui, aujourd’hui on va parler des troisième, quatrième et cinquième plus gros constructeur de smartphones au monde, à savoir Huawei, Oppo et Xiaomi. Des marques qui pour certaines sont complètement inconnues du grand public, et pour cause, elles étaient avant tout orientées vers le marché chinois, du moins jusqu’à récemment.
C’était d’ailleurs le cas de Xiaomi, le dernier à ne pas être distribué en France. Pour se procurer un Xiaomi Mi Mix 2S, par exemple, il faut passer par des sites d’export chinois comme AliExpress ou GearBest. Le principal souci, c’est que par défaut le smartphone est configuré en mandarin, tout comme la notice, sans parler des éventuels soucis de livraison depuis l’autre bout du monde. Par contre, ce n’est déjà plus le cas en Espagne depuis plusieurs mois. Xiaomi s’est lancé de l’autre côté des Pyrénées en novembre 2017 et a même installé une boutique à Barcelone.
C : Et laisse-moi deviner, la France devrait suivre ?
G : Mais qu’il est fort ! Tout à fait Corentin, la France devrait suivre. Officiellement, la date est annoncée pour le premier semestre 2018. Officieusement, ça serait en avril, donc ce mois-ci au moment où on enregistre la chronique, selon les informations du site Numerama. Rends-toi compte, c’est la première fois que le cinquième constructeur de smartphones au monde sera disponible en France, potentiellement avec des accords avec les opérateurs voir même de véritables boutiques, comme l’expliquent ici Ulrich Rozier du site Frandroid.
[Insert Frandroid]
C : Parce que c’est important ça, les opérateurs ?
G : C’est le nerf de la guerre quand on parle de smartphones. Pour te le faire comprendre, je vais te raconter une histoire. C’était il y a cinq ans, en février 2013. Pour la première fois, j’allais à Barcelone pour le Mobile World Congress. On est dimanche, il fait beau et je dois me coltiner la conférence d’un constructeur chinois que personne ne connaît : Huawei. Tu connais ZTE ?
C : Nope…
G : Eh bien à l’époque, Huawei était aussi peu connu que ZTE aujourd’hui, c’est dire. Ils faisaient des smartphones pas chers, souvent en marque blanche pour des opérateurs, et des outils télécoms comme des modems, des clés 3G ou des antennes. Autant dire qu’à part les initiés, personne ne connaissait la marque Huawei.
Donc je reviens à mon histoire. Je suis à Barcelone, dans une salle très bien décorée, avec une petite cour à l’extérieur, à côté du port. Les responsables de Huawei s’enchaînent pour présenter leur nouveau smartphone. Et là, sur scène arrive Yves Maître, qui était le responsable des appareils mobiles multimédia chez Orange, autrement dit le chef des smartphones.
[INSERT Yves Maitre]
Il annonce que les nouveaux appareils Huawei seraient disponibles dans les boutiques Orange. Boum, ça a explosé en Europe. En un an, Huawei a vu ses ventes chez Orange augmenter de 500 %.
Aujourd’hui, cinq ans plus tard, Huawei propose des produits capables de concurrencer ceux de Samsung. Par exemple, le nouveau Huawei P20 Pro parvient à faire mieux que le Samsung Galaxy S9 quasiment sur tous les points, même en photo, pourtant l’un des points forts du constructeur coréen.
C : Oui je pense que Huawei on connaît bien maintenant.
G : Il n’y a pas que Huawei en fait. Il y a une autre marque, filiale de Huawei, qui a aussi percé depuis quelques années, c’est Honor, et ce pour deux raisons.
La première raison c’est que Honor fait essentiellement de la vente directe, via son site Internet ou sur des sites de vente en ligne. Ils ne sont pas disponibles en magasins et se passent donc des intermédiaires, avec une gestion de stocks simplifiée.
La deuxième raison c’est qu’en ciblant davantage le marché européen et plus récemment, américain, Huawei est nécessairement monté en gamme. Maintenant ils proposent des smartphones qui peuvent atteindre les 900, voire les 1700 euros pour certaines éditions spéciales. Elle est loin l’époque où Huawei se battait sur les prix avec des performances haut de gamme pour des appareils pas chers.
C : Et paf, ça fait des smartphones Honor !
G : Tout à fait. Maintenant le haut de gamme pas cher, c’est Honor. C’est une marque au sein de Huawei qui conçoit des smartphones à partir de ce que Huawei a fait précédemment, avec un nouveau design, plus coloré, et un marketing orienté vers les jeunes. Mais au fond c’est la même chose ou presque, avec un prix 30% plus bas. Huawei sort le P10, hop, trois mois plus tard, Honor le redésigne et sort le Honor 9. Huawei présente le Mate 10 Pro. Allez, deux mois plus tard Honor sort le View 10. Là, Huawei vient d’annoncer le P20. Tu peux être sûr que dans deux mois on aura droit au Honor 10 qui reprendra les principales fonctions du P20…
C : Mais il n’y a que Huawei qui a une marque secondaire comme ça ?
G : Alors, la particularité de Huawei, c’est que sa seconde marque, Honor, a une cible marketing différente, plus jeune et connectée à Internet et aux réseaux sociaux en permanence. Mais non, ce n’est pas le seul constructeur. L’autre, c’est Oppo.
C : Oppo ?
G : Oui, Oppo, le numéro quatre des smartphones dans le monde, derrière Apple, Samsung et Huawei.
C : Ça me dit rien du tout.
G : Logique parce qu’ils ne commercialisent des smartphones sous leurs marques quasiment qu’en Chine, où ils sont numéro un. En revanche, si tu ne connais pas la marque Oppo, tu connais surement l’une de ses filiales, OnePlus.
C : Ah mais OnePlus appartient à quelqu’un ?
G : Eh oui, ils ne sont pas nés de l’opération du Saint-Esprit avec des moyens comme ça. Pour expliquer aux auditeurs et auditrices qui ne connaîtraient pas OnePlus, c’est devenu, en trois ans, l’un des principaux acteurs de la téléphonie dans le Monde.
En gros, c’est une marque qui propose des smartphones aussi puissants qu’un Samsung haut de gamme à 900 euros, mais vendu à 450 euros. Mais tout ça, Jerome Keiborg de la chaîne YouTube NowTech l’expliquait mieux que moi, déjà en janvier 2015.
[Insert OnePlus]
C : Yep, et en plus ils sortent deux smartphones par an.
G : Oui, enfin non. En fait OnePlus fait un peu comme Honor. Ils reprennent des smartphones de la maison mère, Oppo, modifient un peu le design et les caractéristiques, notamment pour plaire au marché occidental et les revendent tels quels, directement sur Internet.
En fait c’est ça la stratégie des constructeurs chinois. Des smartphones hauts de gamme, parfois hyper design, mais à prix cassés. Ils font des économies sur les stocks, sur la recherche et développement et se concentrent sur le rapport qualité-prix, toujours très intéressant.
Et c’est comme ça que d’ici un an, tu peux être certain que tout le monde connaîtra Xiaomi.
C : Merci Geoffroy pour ce petit tour des constructeurs chinois de smartphones et à bientôt !
Huawei, Oppo, Xiaomi : les smartphones de l’empire du Milieu de gamme
Si la marque Xiaomi ne vous dit rien aujourd’hui, Geoffroy Husson de « Tom’s Guide » vous le prédit : ça ne va pas durer. Voyons comment cette marque chinoise s’apprête à conquérir le milieu de gamme des smartphones, y compris en France.
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