On a beau se sentir concerné par l’écologie, on ne se rend pas toujours compte de l’impact environnemental de nos smartphones. Heureusement, Laura Aupiais est là pour nous le rappeler, ainsi que quelques astuces pour l’atténuer.Corentin : Le 23 avril dernier, le premier ministre Edouard Philippe annonçait lors d’une visite à l’usine SEB à Mayenne des mesures pour encourager et développer l’économie circulaire. Le gouvernement souhaite ainsi favoriser la reprise et le recyclage des téléphones portables. Enfin pourrait-on dire.
Pourquoi est-ce important ? Quel est l’impact environnemental des téléphones portables ? C’est ce que nous allons voir aujourd’hui avec Laura Aupiais. Bonjour Laura…
L : Bonjour Corentin, bonjour tout le monde. Je pense que ça n’étonnera personne si je dis que les téléphones portables sont très polluants. Je ne suis pas là pour vous culpabiliser pendant 5 minutes mais pour que vous vous rendiez compte de tout ce qu’il y a derrière votre téléphone portable.
Aujourd’hui, on va parler smartphone mais c’est globalement le cas pour vos autres appareils électroniques de type ordinateurs, consoles ou de votre électroménager.
Corentin : En quoi nos téléphones sont polluants donc ?
L : Ils polluent à tous les niveaux c’est-à-dire de sa fabrication à son utilisation et à “sa mort”.
Tout d’abord, au stade de fabrication. D’après une brochure de l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) et de France Nature Environnement (FNE), les téléphones portables sont composés de 30 à 50% de plastiques et de matière synthétique, de verre et de céramique entre 10 et 20% et enfin de métaux de 40 à 60%.
Je ne vais pas rentrer dans le détail des types de métaux que peuvent contenir vos téléphones parce qu’on a pratiquement toute la table périodiques des éléments dedans.
Ca va de l’or à l’argent en passant par le tungstène, le cobalt, le lithium ou encore l’yttrium.
Qu’implique la collecte et l’extraction de mes métaux ? Roland Marion, chef de service adjoint à l’économie circulaire à l’ADEME nous répond dans une vidéo réalisé par l’institut National de la Consommation. On l’écoute
[SON 1 - « Quel est l’impact environnemental des ressources d’un smartphone ? » - 0’17 > 0’59 // 42s].
C’est également synonyme de pollution et de cancer à Baotou en Chine et de déplacement et d’une répression des populations au Pérou par exemple.
Parallèlement à ça, avant d’atterrir dans votre poche, votre téléphone portable a fait au moins 4 fois le tour du monde. La Conception se fait le plus souvent aux États-Unis, ensuite l’Extraction et la transformation des matières premières se passe en Asie du Sud-Est, en Australie, en Afrique centrale et en Amérique du Sud.
3e étape, la Fabrication des principaux composants se déroule en Asie, aux États-Unis et en Europe et l’assemblage se fait en Asie du Sud-Est et pour finir la vente ça revient par chez nous.
Corentin : Après la fabrication, il y a l’utilisation du téléphone qui doit s’avérer également polluante ou en tout cas énergivore..
L : Oui alors, ça n’échappera à personne un téléphone portable consomme de l’énergie, beaucoup d’énergie.
La consommation annuelle d’un utilisateur est de 2,43 kilo wattheures, soit 39h de fonctionnement d’une ampoule de 60 watt ou l’énergie utilisée par une voiture pour parcourir 8km.
De base, notre téléphone consomme l’énergie stockée dans la batterie pour le processeur, la mémoire, le stockage, l’affichage et la 3D.
Mais pas seulement, il y a le bluetooth, le wi-fi, la carte sim, la carte SD, la géolocalisation, les jeux, le téléchargement, les sms et les appels. En résumé, tout ce qu’on peut faire avec un téléphone portable.
Une fois que le téléphone n’a plus de batterie ou très peu, il faut le charger. Et c’est cette étape qui est énergivore.
Corentin : Pourquoi ?
L : Le chargeur branché sur une prise électrique consomme de l’énergie que le téléphone soit relié ou non. Et seule une partie de l’énergie prélevée sur le réseau électrique produit un travail utile dans le dispositif de recharge du téléphone, le reste s’évapore en chaleur.
On estime que seul 40% de l’énergie totale prélevée sur le réseau est utilisée pour charger le mobile.
2,43 kilowattheures annuel, ça peut paraître rien, mais il faut multiplier ce chiffre par 22 millions à peu près.
Corentin : A quoi correspond ce chiffre ?
L : Il s’agit du nombre de téléphones portables vendus en France en 2016 d’après le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc).
C’est un nombre conséquent mais l’autre problème c’est le recyclage des téléphones. D’après l’association les amis de la terre dans un rapport publié en décembre 2016, 15% des téléphones atteignent les chaînes de recyclage et au moins 30 millions d’appareils dorment dans des tiroirs.
François Moisan, directeur exécutif de la stratégie et de la recherche à l’ADEME explique la manière dont ils sont recycler et les problématiques rencontrées dans une interview donnée à Futura Science.
[SON 2 - FUTURA SCIENCE - 1’59 > 2’45]
Corentin : Alors que faudrait-il faire pour diminuer l’impact environnemental qu’impose l’achat d’un téléphone ?
L : Il faudrait tout d’abord ne pas être influencé par les techniques commerciales ou marketing et garder son téléphone 5 ans. Ca compenserait l’impact environnemental de sa fabrication.
Préférez donc la location d’un téléphone ou bien un téléphone durable où les composants du téléphone sont facilement réparable. Il existe notamment le fairphone anciennement Phonebloks avant que Google y mette son nez.
Corentin : Il est assez cher à l’achat mais ça peut être un bon investissement. D’autres pistes ?
L : Infodurable.fr vous fournit 5 idées pour si votre téléphone fonctionne encore vous pouvez en faire don à des associations comme Emmaüs et le réseau Envie qui disposent de 193 points de collectes en France. Ils seront ensuite vendus à des prix solidaires.
2/ Vous pouvez le revendre via largusdumobile ou recyclez-moi s’il a moins de 3 ans.
3/ Il est aussi possible de l’échanger contre des bons d’achats à la fnac en partenariat avec Comparecycle.
4/ Vous pouvez tout simplement le ramener à votre opérateur.
et enfin dernière piste, vous pouvez vous en servir comme GPS dans votre voiture.
Corentin : Peut-être l’un des postes de dépenses sur lequel il est le plus difficile de faire une compromis entre envie du nec plus ultra, et envie de ne pas faire de mal à la planète. Merci Laura pour nous avoir remis les idées en place et à la prochaine.
L’impact environnemental insu-portable des smartphones
On a beau se sentir concerné par l’environnement, on ne se rend pas toujours compte de l’impact environnemental de nos smartphones. Heureusement, Laura Aupiais est là pour nous le rappeler, ainsi que quelques astuces pour l’atténuer.
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