Corentin : Aujourd’hui, Geoffroy Husson de Tom’s Guide a écumé les brocantes pour nous parler de vieux produits high-tech comme la Super Nes, la Game Boy ou le Nokia 3310…
Geoffroy : Mais pas du tout Corentin, de quoi tu parles ?
C : Attends, moi je t’ai demandé de parler de ces produits-là.
G : Oui, et c’est ce que je compte faire, mais pas besoin d’aller en brocantes, ou même de parler de vieilleries, ce sont des produits qui ont moins de deux ans.
C : Alors là je ne comprends plus rien
G : Eh bien figure toi que la tendance aux rééditions ne concerne plus seulement les jeux vidéo avec leurs remakes HD, les vinyles vintages ou les bandes dessinées cultes. Cette mode a désormais également atteint le petit monde de la high-tech.
C : Ah mais je comprends mieux du coup ! Je ne comprenais pas quand tu me disais que tu voulais parler de cette nouvelle console qui te faisait envie, la Super NES.
G : Eh oui Corentin, maintenant on ne trouve donc plus seulement des rééditions de jeux, mais aussi de hardware, à commencer par les consoles. Nintendo a en fait attiré les projecteurs en 2016 avec la sortie de sa Nes Classic Mini. Il s’agissait d’une console reprenant le design de la NES, sortie en France en 1987, avec un design ultra compact. Pas de cartouches cette fois, ni de prise Peritel RVB, mais un câble HDMI pour la brancher à un téléviseur moderne, et 30 jeux préinstallés, parmi les meilleures de la première console de Nintendo. Avec plus de deux millions de ventes et de nombreuses ruptures de stock, le succès a été tel que le constructeur japonais a continué en 2017 avec la Super NES Classic Mini, intégrant 21 jeux, tout aussi cultes que pour le premier modèle comme l’expliquaient nos confrères de Gamekult.
[Insert Gamekult]
C : D’accord, je vois. Donc Nintendo s’est mis à rééditer des versions de ses vieilles consoles… mais de là à parler de tendance, tu vas un peu loin Geoffroy !
G : Ah mais il n’y a pas que Nintendo. Le constructeur japonais n’a fait que suivre une mode lancée par d’autres constructeurs. C’est notamment le cas de SNK ou Sega.
C : Sega refait des consoles ? C’est nouveau ça…
G : Non, je te rassure, Sega ne refait pas de consoles, mais l’éditeur a vendu les droits de rééditions de ses anciennes machines à une autre entreprise, AtGames. Celle-ci a donc logiquement profité du filon creusé par Nintendo pour s’engouffrer dans la brèche et lancer une nouvelle version de la MegaDrive. Baptisée SEGA Genesis Flashback, elle reprend le design de l’ancienne console, mais aussi le système de cartouches, compatibles avec celles d’origine.
C’est la même entreprise, AtGames, qui propose également des rééditions de machines Atari avec la Flashback 8 Gold ou la Flashback Portable Edition. Pour SNK, on a eu droit à une nouvelle version de la Neo-Geo, au doux nom de Neo-Geo X, fabriquée par Tommo avec une licence officielle dès 2012.
Du côté des rééditions de consoles s’approchant plus ou moins de celles de Nintendo, on retrouve un autre constructeur, Hyperkin. Chez eux, c’est la Super NES qui est à l’honneur avec la SupaBoyS et l’Ultra Game Boy. Reste que dans ces cas-là, il ne s’agit pas du tout de versions officielles.
En fait Hyperkin s’est fait une spécialité ces dernières années de proposer de fausses consoles rétro permettant de jouer avec des cartouches d’origine, comme les Retron 3 et Retron 5, compatibles avec les jeux SNES, MegaDrive, NES ou Master System.
[Insert Sega]
C : Oui, là c’est sûr qu’on est carrément dans le filon, je te l’accorde. Mais il n’y a pas que les consoles…
G : Oh non je te rassure, les gamers ne sont pas les seules cibles de ces tendances aux rééditions, en mode « c’était mieux avant ». Les possesseurs de téléphones portables aussi et, pour le coup, c’est surtout une spécialité de Nokia.
C : Ils n’ont quand même pas relancé le 3310 ?
G : Oh que si ! Ils ont carrément relancé le 3310 ! C’était il y a un an tout juste, au Mobile World Congress de Las Vegas. En fait, pour t’expliquer un peu leur stratégie, il faut savoir que les téléphones Nokia ne sont plus conçus par Nokia, mais par une entreprise finlandaise baptisée HMD Global.
Ils ont récupéré la marque Nokia en décembre 2016 et il leur fallait rapidement un appareil qui fasse du bruit à présenter, deux mois plus tard, au Mobile World Congress, le grand salon de la mobilité. Du coup, ils ont joué la facilité et ont relancé le téléphone portable culte de la marque.
Bien évidemment au menu, pas de 3G, un tout petit écran, un appareil photo de 2 mégapixels et l’emblématique jeu Snake. Bref, rien de transcendant pour le prix de 50 euros. Un prix plutôt élevé pour ce type de caractéristiques. Mais ce n’était pas le but puisqu’en 2017, alors que Samsung ne présentait pas de Galaxy S8 sur le salon, c’est du nouveau Nokia 3310 dont tout le monde parlait comme l’explique le journaliste P.P. Garcia.
[Insert PP World]
C : Okay, donc un joli coup de la part de Nokia…
G : Ah mais attends, je n’ai pas fini. HMD a été ravi de tirer la couverture à eux l’an dernier, donc ils ont refait de même cette année avec une autre réédition d’un vieux smartphone. Ils ont relancé le Nokia 8110, le fameux banana phone qu’utilise Néo dans Matrix. Toujours aussi décevant en termes de caractéristiques, toujours un joli coup de projecteur à moindres frais et tout le monde est encore tombé dans le panneau…
Et puis, toujours en téléphonie, il y a un autre constructeur qui s’est fait remarquer ces derniers mois, c’est Samsung avec son Galaxy Note 7…
C : Attends, le Note 7 c’est le smartphone qui explose ?
G : C’est complètement le smartphone qui explose, oui. Et du coup, suite aux incidents Samsung a non seulement arrêté les ventes, mais également rappelé l’ensemble des smartphones vendus. Sauf que chez les fans de la marque, la gamme Note bénéficie d’une excellente réputation et a de véritables fans.
Du coup Samsung a eu la riche idée de reprendre les Note 7 non vendus et de les revendre l’an dernier, un an après la sortie de l’original, avec une nouvelle batterie, comme le souligne le youtubeur américain MKBHD.
[Insert Note FE] « Je ne sais pas si c’est comme ça qu’ils vont l’appeler, l’édition pour les fans, mais c’est un Galaxy Note 7 reconditionné, sans aucun sept nulle part sur la boîte »
C : Et ça a marché ?
G : Évidemment que ça a marché. Certes, le smartphone n’a été commercialisé qu’en Corée, mais est passé rapidement en rupture de stock pour les 400 000 modèles mis en vente au lancement en septembre dernier.
En fait, A l’exception du Galaxy Note, toutes ces rééditions marchent sur le même principe, le vieux refrain du « c’était mieux avant ». C’était mieux avant parce que les téléphones avaient une autonomie d’une semaine. Oui, mais ils n’avaient pas accès à Internet. C’était mieux avant parce qu’ils étaient solides. Forcément, puisqu’ils avaient un écran minuscule. C’était mieux avant parce qu’on avait des cartouches. Évidemment, c’était suffisant pour faire tourner des jeux de quelques kilooctets. En fait, c’était surtout mieux avant parce que c’est ce que les consommateurs ont connu en premier. Ce n’était pas mieux avant, c’est simplement de la nostalgie et les produits vendus aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec ceux d’hier, ils ont juste vingt ans de retard.
C : Eh bien. Quel rabat joie ! Mais merci quand même Geoffroy pour ces explications sur ce marché de la nostalgie et à bientôt !
Les produits tech, c’était vieux avant
Ce n’est pas parce qu’on est en 2018 qu’on n’aurait pas le droit de s’acheter un Nokia 3310 ou encore un Super NES ! Il existe une véritable tendance de la remise au goût du jour de la tech d’antan, et c’est Geoffroy Husson de « Tom’s Guide » qui vient nous en parler.
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