Parlez-vous la langue étrange des noms des smartphones ?

Corentin : Aujourd’hui, Geoffroy Husson de Tom’s Guide va nous parler d’un nouveau casque audio qui a la particularité d’annuler les bruits ambiants, le Sony WH-1000XM2… non arrête, on annule tout.
Geoffroy : Pourquoi, comment ça ? Attends, mais j’ai écrit ma chronique déjà !
C : Le Sony WH-1000XM2 ? Vraiment ? Ça sort d’où ce nom tout pourri.
G : Eh bien c’est le successeur du Sony MDR-1OOOX…
C : MDR…
G : Je sais Corentin, je sais… MDR jusqu’à présent, c’était la gamme de tous les casques audio chez Sony. Pour son successeur, le constructeur japonais a tout chamboulé avec une nouvelle gamme WH pour Wireless Headphone, casques sans-fil. On garde 1000X parce que c’est le même modèle, mais on rajoute M2 pour Mark 2 parce qu’il s’agit de la deuxième version du casque, c’est tout simple.
C : D’accord, je vois. Mais ils ne pourraient pas faire des désignations de produits plus simples à la manière de l’iPhone. Je ne sais pas, c’est simple chez Apple, on a l’Apple Watch, l’iPhone 8, l’iPad et voilà, c’est hyper simple à comprendre…
G : Non, même chez Apple on a eu l’iPhone 6, l’iPhone 6 Plus, l’iPhone 6s, l’iPhone 6s Plus, l’iPhone SE, etc. Pareil pour les montres, elles s’appellent certes toutes Apple Watch, mais on a eu deux autres modèles depuis la première version, les Apple Watch Series 2 et Series 3, sans même parler des Watch Sport et Watch Edition. En fait, certes Apple propose des gammes de produits claires en apparence, avec des noms simples, mais au détriment de la compréhension. Si je te parle du MacBook sans préciser l’année de sortie, impossible pour toi de savoir de quelle version je parle.
[Insert MacBook]
Dans cette publicité, la « nouvelle génération MacBook » est en fait le MacBook Air de 2010, dont le design a d’ailleurs été repris aujourd’hui par la gamme MacBook classique.
Sans aller jusque dans l’extrême de Sony avec ses casques, force est de constater qu’il y a souvent une logique dans ces acronymes ridicules.
C : Tiens, prenons l’exemple de Samsung, pourquoi le Samsung Galaxy S8 Plus s’appelle comme ça ?
G : Chez Samsung c’est plutôt un bon exemple justement, parce qu’on sent clairement le poids des années derrière le nom des appareils. On va donc décomposer logiquement.
Le Samsung, tu le comprends, c’est la marque du smartphone, du coup on a tendance à la mettre avant le nom, logique. Ensuite, « Galaxy », ça veut dire qu’il s’agit d’un smartphone Android. Tu vas me dire que Samsung ne fait que des smartphones Android, donc pourquoi préciser la gamme…
C : Samsung ne fait que des smartphones Android, donc pourquoi préciser la gamme ?
G : Excellente question mon cher Corentin ! En fait parce que ça n’a pas toujours été le cas. Fut un temps, assez ancien, Samsung proposait aussi des smartphones Windows Phone. Et eux pour le coup ne s’appelaient pas Galaxy, mais Omnia ou Ativ. Voilà pour l’explication du « Galaxy ».
Ensuite le S, parce que le tout premier Samsung Galaxy était un smartphone d’entrée de gamme, sorti en 2009. Il s’appelait i7500. Tu remarqueras qu’il y a quand même des efforts qui ont été faits pour la nomenclature depuis. C’est en 2010 que Samsung a proposé son premier smartphone Android haut de gamme, le Galaxy S. Le S vient en fait de « super smart », super intelligent.
Le 8 s’explique logiquement parce que c’est la huitième génération et le « plus » parce que c’est la version avec un écran plus grand.
C : D’accord donc en fait c’est une accumulation de précisions qui font qu’on a des smartphones aux noms complètement incompréhensibles.
G : Oui, paradoxalement, c’est en cherchant à rendre les gammes plus simples que les constructeurs complexifient les noms des produits.
Un autre exemple, toujours du côté des smartphones, c’est la tendance à proposer plusieurs déclinaisons d’un même produit emblématique. On en a vu un exemple avec le Galaxy S8 et le S8 Plus. Aux États-Unis, il y a même une version « Active », plus résistante.
Et aujourd’hui, tous les constructeurs font de même avec des versions plus grandes, au format phablettes, baptisées Plus, XL ou Max. Et des versions plus compactes, parfois avec des processeurs moins puissants, les Lite ou Mini. Chez Asus on va encore plus loin en proposant un Zenfone 4, mais aussi les déclinaisons, Max, Max Pro, Selfie et Selfie Pro. Et encore, je t’ai donné des exemples relativement simples et j’ai omis sciemment les téléviseurs ou les ordinateurs dont les références varient en fonction du format, du pays de vente et même parfois du distributeur. Souvent, même les journalistes tech ont du mal à s’y faire, comme ici chez 01NetTV.
[Insert 01Net TV]
C : Mais si je pousse ça encore plus loin, tu penses que c’est impossible d’avoir un nom de produit simple et clair à long terme ?
G : Ça doit pouvoir se faire. J’ai découvert récemment la gamme Omen de HP, des ordinateurs et périphériques conçus pour les gamers. Devine comment s’appelle leur clavier ?
C : Euh j’en sais rien, le KB65-TG Max ?
G : Eh bien même pas, alors que les produits gamers ont la réputation méritée d’en faire des caisses en termes de design ou de nomenclature, comme sur les cartes graphiques, chez Omen ils l’ont appelé le Keyboard 1100. Pareil pour la souris, la Mouse 800, ou le casque, le Headphone 600. Tout ça, ce sont des noms très simples…
Par contre, ça ne permet pas pour le consommateur d’avoir une idée claire du type de produit. Ce sont des claviers, souris et casques, d’accord, mais impossible sur la base du nom de connaître les caractéristiques ou la gamme.
C : Ah mais ça me revient, ton smartphone, dont tu es très fier, il a pourtant un nom hyper simple.
G : Oui, il s’appelle Essential Phone. C’est un téléphone vendu par Essential, c’est la marque. Mais même là, ils ont voulu en faire des tonnes. En fait son nom officiel, c’est le PH-1, parce que « un » en anglais ça donne « one », donc si tu colles PH à One, ça fait Phone. Mais je serais prêt à mettre ma main à couper que si la marque perdure, dans cinq ans on aura le PH-5x Plus Selfie Edition, parce que finalement, ça a beau être compliqué, c’est bien plus simple à comprendre pour tout le monde dès qu’on fabrique plus d’un produit, sauf pour les consommateurs…
C : Eh bien merci Geoffroy pour ce décryptage qui s’avérait plus que nécessaire.