Corentin : Attention avec vos couteaux ! Gare à la mandoline ! Benjamin Benoit a mis sa toque de cuistot et a regardé le premier épisode de la neuvième saison de Top Chef et c’était gourmand et croquant et plein de
Benjamin : BAILLEMENT SONORE
C : Mais enfin ça va pas ??!
B : J’suis navré Corentin, j’ai expérimenté de nombreux somnifères alternatifs pour mieux dormir, les films de Terrence Mallick, les livres de Castaneda, mais trois heures vingt de Top Chef c’est juste surefficace. Vers 23h30, je succombe toujours. Idéal pour faire une petite sieste et se réveiller devant les sujets facétieux du programme d’après, « Les Secrets des chefs » : Les secrets de la tomate ! Les secrets de la pomme de terre ! Les secrets... B ILLEMENT SONORE
C : Concentre-toi...
B : Écoute, je vais réaliser une cascade journalistique. Voici une chronique réalisée après trente minutes d’éveil devant le pilote de cette dernière saison de Top Chef, l’histoire d’un format qui stagne beaucoup trop pour son propre bien. Je peux parler sans problemes de trucs que j’ai jamais vu, ça c’est le super-pouvoir de SUPER FAC DE LEEEEETTRES. Tu aimes cuisiner Corentin ?
C : Ca, va, je me débrouille. Mais où veux-tu en venir ?
B : Hé bien, ce n’est pas mon cas, ce qui accentue chez moi la fascination pour les concours culinaires. Iron Chef, Hell’s Kitchen avec le fameux Gordon Ramsay, chef britannique trois étoiles au Michelin... mais aussi Masterchef avec des dilettantes. Et donc Top Chef, concours culinaire professionnel dont la version française est diffusée depuis 2010. Concours très suivi dans ses premières années, apprécié par une grosse nasse de fans qui maigrit au fil du temps. Et lors de la diffusion de ce premier épisode, un rapide coup d’oeil à ma timeline Twitter était implacable : TOUT LE MONDE S’EN FOUTAIT. Tenez, je vous mets le générique, très... musicalement mystérieux.
[GENERIQUE MUSICALEMENT MYSTERIEUX]
C : Je peux aussi l’attester, il fut un temps, j’ai aussi été très fan. Mais Top Chef, dans le fond, c’est quoi ?
B : Une télé-réalité à élimination indirecte. On cherche à couronner un gagnant ou une gagnante dans un casting, et à chaque round, celui qui est jugé le moins performant perd, et a droit à une semaine d’exposition en moins pour son futur restaurant. Il y a un petit pécule variable à l’arrivée, mais dans un tel milieu, l’exposition est l’enjeu le plus important. Epreuves culinaires donc, on met des gens en « dernière chance », et une épreuve finale met certains candidats sur le grill, puis l’un d’entre eux perd. Stéphane Rotenberg anime, les chefs Christian Constant, Helene Darroze, Phillipe Etchebest jugent. Parfois, l’alumni Jean-François PIEGE fait une apparition. Le fond sonore pioche dans n’importe quoi et souvent dans des musique de jeux vidéo. Ah, c’est très important, y’a Auchan qui sponsorise toute l’émission. Et les pubs dédiées rendent fou.
C : C’est sans doute pas simple de rendre fascinant un concours de cuisine quand on ne peut que regarder.
B : Le concours est très visuel, ce qui le rend ridiculement difficile. Le niveau est très élevé, et les candidats doivent davantage sortir des idées que des bonnes assiettes. Fut un temps, dans la première moitié de l’histoire du jeu, les épreuves étaient un peu exagérées. Par exemple : cuisiner sur une nacelle à 100 mètres de hauteur... on a jamais eu l’épreuve à zéro gravité, dommage. Encore une fois, ce qui fait le sel d’une telle émission, c’est le casting avant tout. Dans Top Chef, on a des archétypes : toujours trois femmes seulement sur 15 (et une ne passe jamais la première émission) - quelqu’un d’atypique - un beau gosse - une nana (accent du sud) étrangère ou pétillante au caractère chalereux - un mec qui a bossé à Tokyo ou a Dubai, etc. Et, bien sûr, quelqu’un d’un peu dingue aux bonnes punchlines. Ce qui nous ramène déjà six ans derrière, avec Norbert Tarayre, devenu une star du groupe M6 depuis.
[PUNCHLINE NORBERT TARAYRE]
B : Et pour tenter de faire vivoter l’émission, M6, en 2017, a tenté un truc. Chaque chef prend sous son aile quatre candidats pour faire des brigades. Et c’est tout.
C : Comment ça c’est tout ?
B : Bah c’est tout. Ils sont dans des brigades. Et c’est tout. Ils s’affrontent jamais directement, pas en groupe. Donc ça ne sert à rien. Juste des pépites de narration du genre (alors attention, je vais beaucoup imiter Etchebest ou Darroz avec un accent cliché) j’espère qu’il va intégrer ma brigade puis après, narration du candidat ah bah oui j’espère intégrer la brigade du chef Tartempion ! Voilà. Très fier de cette révolution, M6 a fait la même chose dans le premier épisode diffusé le 31 janvier, d’où un ennui massif. Je vais résumer ma pensée. Il fut un temps, tu regardais Top Chef pour des performances culinaires et des épreuves sympas. Là, machin cuisine. Machin sort. Machin sort. Etc. Tu pourrais créer une saison aléatoire, générée par ordinateur, ça ferait la même émotion.
C : Même le jury ? Si on leur donne une place prépondérante, c’est qu’ils peuvent dynamiter un peu les choses, non ?
B : ET BAH PAS DU TOUT. Leur donner davantage la parole plombe l’émission. Je parlais de narration dans ma chronique sur Koh Lanta, ici aussi elle est désastreuse. Ces trois personnes ont un énorme problème de script : soit ils racontent l’évidence même en boucle, histoire de nous prendre pour des jambons, soit ils le disent en étant de terribles acteurs. Et c’est souvent les deux à la fois. Ca donne une multitude de scène d’une redondance irritante du genre. Candidat : ohlala J’espère ne pas aller en dernière chance ! Sinon je vais quitter la brigade du chef Darroz ! Juste après, la chef Darroz : J’espère que je ne vais éliminer quelqu’un de ma brigade ! Sinon... (pause dramatique) il y aura quelqu’un en moins ! et les deux autres jurés vont dire le même truc derrière. Stop. Pendant trois heures vingt. Le tiers d’une saison au format anglophone. Sérieux, cette émission ne m’intéresse plus du tout, les audiences baissent progressivement. 3 millions de spectateurs l’ont vu, soit 14,7 % de part d’audience), soit 400 000 de moins que lors du lancement de la précédente édition il y a un an. Et moi, je vais faire la sieste et passer à autre chose. BONNE NUIT !
C : Et ben pendant que Benjamin ronfle, on vous rappelle quand même que Top Chef c’est tous les mercredi soir à 21 heures sur M6. A la prochaine Benjamin, et dors un peu plus quand même.
B : HAN j’ai micro-siesté et rêvé que j’étais producteur de Top Chef. Je faisais rien c’était trop bien.
0:00
6:42
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.