C : Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui Geoffroy Husson de Tom’s Guide vient nous parler de photos. Bonjour Geoffroy !
Salut Corentin ! Eh oui, tu l’as dit, on va parler un petit peu de photographie aujourd’hui. Parce qu’avec l’arrivée du beau temps et le printemps, il est toujours sympa de ressortir son appareil pour immortaliser des moments agréables entre amis ou en famille, ou même tout seul, personne ne vous jugera.
D’ailleurs tu remarqueras que cette phrase marche avec n’importe quelle saison. L’arrivée du beau temps au printemps. Les souvenirs de vacances en été. Les belles couleurs de l’automne ou les fêtes de fin d’année en hiver. Bref, il n’y a pas de saison pour les photos et toute occasion est bonne pour en prendre. Mais encore faut-il savoir comment ça marche…
C : Bah moi tu vois, j’ai un smartphone et du coup je prends mes photos en automatique, ça marche bien…
Oui, parce que tu es rédacteur en chef des Croissants, donc plein aux as et tu as un super smartphone haut de gamme.
C : Bah non, j’ai un smartphone un peu moyen d’ailleurs…
Bah dans ce cas mes conseils peuvent t’intéresser. De plus en plus, les smartphones, surtout les plus chers, peuvent facilement remplacer un appareil photo. Ca ne sert quasiment plus à rien de prendre des photos avec un compact. Pour ça j’invite les auditeurs et auditrices à retrouver ma chronique sur la photo sur smartphones dans le brunch.
En revanche, si vous voulez vraiment augmenter votre niveau en photos, débrayer votre appareil, passer en manuel et sortir de votre zone de confort, il y a quelques paramètres qu’il va falloir connaître.
C : Ah oui, tous ces termes un peu effrayants là, l’ouverture, l’exposition, les priorités, la vitesse et tout et tout… je n’ai jamais rien compris tu vois, parce que je mets tout en automatique.
Oui Corentin, j’ai bien compris. En fait la question c’est est-ce que tu ne comprends pas ces paramètres parce que tu ne les utilises pas, ou est-ce que tu ne les utilises pas parce que tu ne les comprends pas ? Mon défi, aujourd’hui, c’est de tenter de les expliquer pour permettre à tout le monde de les essayer et de visualiser les modifications de chaque paramètre. Le tout à l’oral, parce que j’aime bien les défis.
En fait, une photo numérique c’est avant tout de la lumière qui va aller heurter le capteur caché derrière l’objectif. Pour modifier cette lumière, il va y avoir trois paramètres principaux : la vitesse d’exposition, l’ouverture focale et la sensibilité. Ces trois paramètres, c’est ça qui devrait vous permettre d’enregistrer vos souvenirs comme dans ce titre de Nickelback.
[Insert Nickelback]
C : Okay donc tout ça m’a l’air assez fourni. On va commencer par la vitesse. Alors la vitesse, c’est quoi ça ?
Alors pour ça il faut comprendre un peu comment marche un objectif d’appareil photo. En fait par défaut, le diaphragme qui sépare l’objectif de l’appareil va être fermé et s’ouvrir uniquement pour capturer la lumière afin qu’elle soit visible par le capteur, situé dans le boîtier.
La vitesse d’obturation, ou vitesse tout court, c’est la durée pendant laquelle le diaphragme va être ouvert. Logiquement, plus la vitesse est rapide, moins le capteur pourra enregistrer de lumière. Par contre, plus la vitesse est lente, plus il y a de risque de flou, surtout si vous tenez l’appareil à mains nues ou que les sujets bougent.
C’est un peu le principe même des réglages que je vais vous présenter. Il n’y a pas de paramètre à privilégier. Chacun a ses avantages, mais aussi ses défauts et c’est à vous de voir en fonction du type de photo et du contexte.
Par exemple, si vous êtes sur un pont au-dessus du périphérique parisien, en pleine nuit, et souhaitez capturer les trainées de phares des voitures, la vitesse peut être le paramètre à privilégier. Vous posez l’appareil sur la rambarde, vous fixez la vitesse sur trois ou quatre secondes, et vous obtiendrez une belle photo avec des trainées lumineuses sur la route, et le reste tout net.
C : Mais j’imagine que pour des photos de famille c’est bof.
Ah bah oui, forcément, ça marche bien plus difficilement avec des sujets en mouvement comme des enfants un peu impatients, des animaux ou pour un match sportif. Perso je sais pas toi, mais je me vois mal demander aux sprinteurs de s’arrêter en pleine course juste pour la photo. Du coup, on privilégiera dans ces moments-là une vitesse très rapide.Parce qu’au final si on se plante, le moment est passé et comme le chantait Rihanna en 2010, tout ce qu’il reste de nos souvenirs, ce sont les photos.
[Insert Rihanna]
C : D’accord donc la vitesse c’est bon. L’ouverture, quésaco ?
L’ouverture c’est mon petit paramètre chouchou. Même si je disais tout à l’heure qu’il y avait toujours des avantages et des inconvénients aux différents paramètres, l’ouverture c’est celui que je modifie le moins. En fait il s’agit, comme pour la vitesse, d’un paramètre qui va modifier la luminosité de votre photo, mais pas seulement.
Déjà il faut savoir que l’ouverture est un paramètre un peu bavard. La mesure est indiquée par le terme « f » divisé un nombre. Plus le nombre en question va être faible, plus l’ouverture va être grande. Par exemple, un nombre de 1,5 sera généralement une très grande ouverture, quand 5,6 sera une ouverture plus petite. En fait l’ouverture en question c’est celle du diaphragme. Donc plus elle va être grande, plus le diaphragme va s’ouvrir en grand pour laisser passer beaucoup de lumière.
C : Donc il y a plus de lumière, d’accord, mais ça change quoi par rapport à la vitesse ? Pourquoi tu préfères ?
Parce qu’une grande ouverture, ça veut aussi dire de grands flous d’arrière-plan. Si tu veux faire de beaux portraits, c’est avec l’ouverture que tu voudras jouer en faisant la mise au point sur les yeux. Du coup, tout ce qui est derrière le visage va paraître bien plus flou et tu peux jouer avec la profondeur de champ. C’est ce qui va donner un cachet sympa à tes photos, en plus de capturer plus de lumière. C’est très bien résumé par le site Madmoizelle dans une vidéo de 2015.
[Insert Madmoizelle]
Mais attention, l’ouverture ne dépend pas de ton appareil, mais de ton objectif. Autant ça ne change pas grand-chose pour un compact ou un bridge. Autant pour les appareils dont tu peux changer l’objectif, comme les hybrides ou les reflex, ça veut dire qu’il faut faire attention à ce nombre quand tu en achètes un nouveau.
C : Et puis j’imagine que c’est pas adapté à toutes les photos.
Tu l’as dit, Corentin. Si c’est un paramètre particulièrement efficace pour les portraits ou les photos où tu veux mettre un objet en avant, ça l’est beaucoup moins pour les photos de paysage. Quand tous les détails sont à peu près à la même distance, tu n’auras de toute façon pas de flou d’arrière-plan. Et le risque, c’est qu’une ouverture trop grande engrange un manque de précision dans les détails ou les contours, ce qu’on appelle le piqué.
C : Okay donc c’est bon pour l’ouverture. Et la sensibilité ?
La sensibilité en photo c’est en fait un peu comme l’amplification en audio, du moins pour les photos numériques. En fait le capteur est composé de millions de photosites. Chacun d’entre eux va être chargé d’enregistrer un pixel de l’image finale. La sensibilité, ça consiste à demander au photosite d’amplifier la lumière globale.
C : Mais si ça suffit comme amplification, pourquoi se prendre la tête avec l’ouverture et la vitesse ?
Parce que ce n’est pas un paramètre magique, loin de là. En fait la sensibilité, que l’on mesure en ISO, a un très gros défaut : elle dégrade l’image.
Plus on va monter en sensibilité, plus la photo va avoir ce qu’on appelle du bruit numérique. C’est-à-dire que l’appareil est incapable de distinguer si tel point dans le noir est un fait du noir ou du bleu. Autant ça passe si tu n’amplifies quasiment pas la sensibilité. Autant si tu le fais trop, tu vas trouver un gros point bleu ciel au milieu des étoiles. Et c’est pas ce dont tu as envie, comme l’explique la chaîne YouTube Apprendre la Photo
[Insert Apprendre la Photo]
On a des smartphones qui arrivent plus ou moins à corriger ce problème en prenant une dizaine de clichés au même moment avant de les combiner pour annuler ce bruit numérique, mais comme je l’expliquais dans mon autre chronique, les appareils photo sont encore très bêtes. Du coup, on a encore besoin des trois paramètres. Après, une possibilité, pour éviter de passer tout en manuel si c’est compliqué, c’est de choisir ce qu’on appelle un mode priorité. Sur votre boitier, à côté du mode auto « IA » ou du mode manuel « M », vous avez un mode qui vous permet de définir l’ouverture manuellement et les autres automatiquement, le mode A, et un autre où vous sélectionnez la vitesse, le mode S.
C : Très bien, merci Geoffroy pour toutes ces explications bien détaillées. Plus aucune raison de louper ses photos au retour des beaux jours… ou pendant les vacances en famille, ou pendant l’automne, ou avec les fêtes de fin d’années ! À bientôt !
Vitesse, ouverture, sensibilité : pour faire de beaux clichés, y a pas photo !
On peut confier la qualité de ses photos au hasard, ou aux réglages automatiques de son téléphone. Mais pour ceux qui veulent être maîtres du destin de leurs clichés, c’est possible ! Rapide tutoriel avec l’ami Geoffroy Husson de « Tom’s Guide ».
0:00
8:41
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.