[Véronique Sanson - Ma drôle de vie]
CORENTIN : Aujourd’hui, Lucie tu vas nous parler de Vero... …nique Sanson ?
Lucie : Presque ! Tu nous connais, moi et mon humour : on vole au ras des pâquerettes. Aujourd’hui, donc, je vais vous parler de Vero. Mais pas n’importe laquelle : le réseau social, Vero. Plus exactement, il s’agit d’une application mobile qui connaît un succès fulgurant depuis le début 2018. Le 26 février, elle est même devenue l’application la plus téléchargée aux Etats-Unis. A titre de comparaison, quatre jours plus tôt, elle occupait le rang numéro .. 544.
CORENTIN : J’imagine que le concept derrière ce réseau doit être extrêmement original, alors !
L : Même pas ! Vero est un réseau social assez basique. Il permet de partager des photos, des liens, des endroits que l’on a fréquentés ou de discuter d’œuvres qu’on a appréciées récemment. On peut choisir l’audience de ses publications selon les personnes qui nous suivent. Un contenu pourra être restreint à ses amis proches. Un autre à ses «connaissances» ou à tous ses abonnés. Etc.
En fait, la véritable originalité de Vero est invisible, ou presque. Il n’affiche aucune publicité, et n’utilise aucun algorithme pour ordonner son fil d’actualité. Le modèle économique de l’application devrait, à long terme, reposer sur un système d’abonnement : les utilisateurs paieraient une dizaine d’euros pour utiliser Vero pendant un an. En attendant, le service fait tout pour attirer les nouveaux utilisateurs. Il a déjà signé des partenariats avec des célébrités, des médias ou des “influenceurs” pour qu’ils utilisent Vero, et qu’ils y publient des contenus exclusifs. Surtout, l’application a promis que le premier million d’utilisateurs ne paierait jamais son service.
[Shania Twain - Cashing]
C : Ce que tu expliques, c’est que ça a créé un effet d’aubaine. Les gens se sont pressés de s’inscrire pour profiter du bon plan…
L : Oui, mais ça ne suffit pas à expliquer entièrement le succès si soudain de Vero. Il faut savoir que l’application est vieille : elle a été publiée sur les iPhone dès 2015. Mais là, le discours marketing de Vero a particulièrement bien pris, grâce à des partenariats avec des influenceurs mais surtout une actualité favorable. Son principal concurrent, c’est Instagram, l’application de photos de Facebook. Or, elle a beaucoup changé ces dernières années. Elle a introduit les publicités dans son fil d’actualité ; ce dernier a aussi abandonné le principe antéchronologique, et est désormais régi par des algorithmes. De nombreux utilisateurs proéminents se sont plaints de cette évolution. Parce qu’il a affecté, pour beaucoup, leur visibilité. Vero ressemble en un sens à cet Instagram du passé vers lequel ils aimeraient retourner. L’entreprise promet en outre de ne jamais collecter de données sur ses utilisateurs, ce qui peut séduire les internautes soucieux de leur vie privée. Bon, là dessus, c’est difficile à croire : il faut un numéro de téléphone pour s’inscrire à Vero. Et il est aussi très difficile d’y supprimer son compte, une fois inscrit Pour la vie privée, on repassera … Mais le discours marketing, lui, est bien rodé !
C : OK mais cette idée d’un réseau social sans pub et sans algorithme, ça peut marcher ?
L : C’est possible, mais ça va être difficile. Vero est loin d’être le premier service à vouloir révolutionner les réseaux sociaux. Vous vous souvenez peut être de Ello, qui se présentait comme un réseau social “anti-Facebook”. Après quelques semaines de succès, il est tombé dans l’oubli. Idem pour l’application de messagerie Peach, qui voulait concurrencer WhatsApp et Facebook Messenger. Un exemple plus populaire : Mastodon, un réseau social ouvert et décentralisé qui a bénéficié d’un petit exode d’utilisateurs de Twitter, lassés par l’exploitation de leurs données à des fins publicitaires.
Les services comme Vero répondent à une vraie demande des internautes pour du Web sans publicités ou ciblage en ligne. Mais ils se heurtent à la même difficulté. Avant le modèle économique, c’est l’audience qui est importante pour garantir le succès d’un réseau social. On doit pouvoir y retrouver ses amis, sa famille et d’autres proches, ainsi que des contenus proches de ses intérêts. Et pour le moment, tous ces gens, ou presque, sont sur Facebook ou Instagram.
Aujourd’hui, Instagram revendique 800 millions d’utilisateurs mensuels actifs ; Facebook, lui, est fréquenté par plus de 2 milliards d’utilisateurs par mois. Les internautes sont nombreux à critiquer les défauts des réseaux sociaux. Ils ne les quittent pas pour autant.
C : Dans le monde cruel des réseaux sociaux, il est bien difficile de se tailler la part du lion, et ce, malgré les meilleures intentions du monde. Merci Lucie, et à la prochaine.
De Ello à Vero, les réseaux sociaux alternatifs se cherchent encore un héros
Se présentant comme un réseau social alternatif avec des valeurs bien définies, Vero a récemment fait couler beaucoup d’encre. Mais comme va nous le montrer Lucie Ronfaut du « Figaro Tech », Vero n’est pas le premier à vouloir renverser la table sur laquelle sont bien installés Facebook, Instagram et Twitter.
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