Corentin : Aujourd’hui on retrouve Omar Belkaab de FrAndroid qui va nous parler de télévision et…. !
Omar : … (rigole en dans mon coin)
C : Hé ho Omar ! On est en train d’enregistrer !
O : Oh mince ! Excuse moi Corentin, j’étais en train de regarder la télévision. Il y avait un épisode des Simpsons sur W9 et c’est seulement la 45 fois que je le voyais celui-là.
C : C’est pas sérieux ça Omar ! En plus tu racontes, n’importe quoi ! Il n’y a pas de TV dans nos studios !
O : Ah mais je n’ai pas besoin de téléviseur. J’ai installé l’application Molotov TV sur mon smartphone. Tu connais ?
C : De nom seulement. Je ne regarde pas beaucoup la télévision.
O : Moi non plus et cette introduction n’était qu’un effroyable moment de comédie. Mais j’avais envie de parler des récentes actualités autour de Molotov qui prouvent une nouvelle fois que les mondes de la télévision traditionnel et celui d’Internet se sont toujours un peu tournés autour, parfois de manière hostile, parfois pour essayer de se séduire.
C : Intéressant. Mais avant d’attaquer le sujet, il faudrait peut-être rappeler ce qu’est Molotov, tu ne crois pas ?
O : Tu as tout à fait raison. Alors, Molotov TV -- on dit Molotov pour faire plus court -- c’est une application qui permet de regarder via Internet toutes les chaînes de la TNT. Le concept est aussi simple que pratique : avec une seule et unique application on peut zapper entre les chaînes en direct, retourner au début d’un programme si on en a raté une partie et enregistrer des émissions pour les regarder au calme plus tard.
Molotov a l’avantage d’être gratuit -- enfin pas totalement, pour profiter de certaines options il faut payer -- et Molotov fonctionne sur smartphone, tablette, Android TV, Apple TV et c’est compatible aussi avec le Chromecast.
Globalement l’application est vraiment bien fichue.. On écoute François Sorel de 01Net TV décrire l’une des options de Molotov dans une vidéo datant de 2016.
[EXTRAIT MOLOTOV 01NET]
C : Ah oui c’est effectivement bien pratique. Il n’y a pas besoin d’avoir de box TV en gros.
O : Oui c’est l’un des avantages et c’est en partie pour ça que Molotov est considéré comme un service de contournement. C’est-à-dire que l’on peut profiter d’un service sans avoir recours à un opérateur traditionnel de ce secteur.
C : Et j’imagine que c’est pour ça que tu dis que c’est si populaire.
O : Eh oui ! D’après les derniers chiffres, la plateforme compterait 7 millions d’utilisateurs dont 3 millions qui se connectent chaque mois >> 3 millions d’utilisateurs actifs. C’est quand même pas rien !
C : Effectivement ! Et je suppose du coup que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour l’entreprise Molotov TV…
O : C’est ce qu’on pourrait croire en effet mais ce n’est pas si simple. La plateforme a encore du mal à trouver un modèle économique viable et on a souvent entendu que les responsables du service cherchaient à lever des fonds…
Mais cette levée de fonds… Bah elle n’a jamais eu lieu en fait. Et il y a donc régulièrement eu des inquiétudes autour de la santé financière de Molotov.
C : À ce propos, si je me souviens bien, il y avait aussi une rumeur en 2018 qui disait que l’opérateur Orange allait racheter Molotov.
O : C’était en été 2018 effectivement. Sauf que Molotov avait très vite réagi en disant que c’était faux et que l’entreprise se portait très bien.
C : Ils ont crié FAKE NEWS ! en somme...
O : On pourrait résumer la réaction de Molotov comme ça oui ! Le message en tout cas était clair : Molotov n’est pas à vendre !
Ok ! Message reçu ! On arrête les bêtises : cette chronique est donc terminée !
C : Tu plaisantes !
O : Évidemment que je plaisante ! L’histoire ne s’est pas terminée là puisque depuis le début de l’année 2019, la mauvaise santé de Molotov est une nouvelle fois revenue sur le tapis. Et une nouvelle fois, le cofondateur de la plateforme a dû intervenir pour dire :
« Molotov va très bien ! On a plein de projets ! Ne vous inquiétez pas pour nous ! »
C : Donc encore une fois, l’idée là c’était de rassurer et dire que Molotov n’était pas à vendre.
O : C’est ça ! Mais il y a mais !
2 jours après que le patron de Molotov a dit ça, mais vraiment littéralement 2 jours, le groupe Altice a publié un communiqué officiel qui venait un peu contredire tout ça.
Altice, on le rappelle, c’est le groupe énorme de SFR, de BFM TV, du journal Libération, du magazine L’Express de RMC et de plein d’autres trucs. Et dans le communiqué, on pouvait lire qu’Altice était entré en discussions exclusives avec Molotov.
Et on pouvait aussi lire qu’il était question d’une entrée majoritaire dans le capital. En gros, il y a vraiment de fortes chances qu’Altice prenne le contrôle de Molotov.
C : Et du coup, il y a des risques que Molotov disparaisse si Altice en prend le contrôle ?
O : A priori non. Altice a précisé que son objectif était de garder la marque Molotov et d’accélérer son développement, notamment à l’étranger.
Oh ! Et le service devrait apparemment rester gratuit. Pour Molotov, j’ai l’impression que ce serait plutôt positif.
C : Mais Altice, qu’est-ce qu’ils ont à y gagner ?
O : Ça c’est une bonne question. On peut supposer que les abonnés SFR auront des avantages ou que si le service reste gratuit, ce ne soit que pour les abonnés SFR.
Enfin… Pour l’instant on ne sait pas grand chose. C’est juste qu’il est intéressant de voir un groupe TV comme Altice -- parce que oui en possédant BFM, Altice est un groupe TV…. -- … eh bien c’est intéressant de voir cette entreprise essayer de mettre des billes dans la diffusion de la télévision par Internet.
Parce que ça n’a pas toujours été le cas avant.
C : Les acteurs traditionnels voyaient plutôt d’un mauvais œil la montée en popularité de Molotov.
O : Tout à fait. En 2018, le groupe M6 voulait que les utilisateurs de Molotov paient une certaine somme pour avoir le droit de regarder M6 ou W9. Alors que ce sont deux chaînes qu’on peut regarder gratuitement normalement.
C : Ah oui. En gros M6 voyait que Molotov pouvait gagner de l’argent grâce à ses chaines et a voulu avoir sa part du gâteau.
O : C’est ça. ET ce n’est pas le seul conflit entre guillemets qu’il y a eu. Toujours en 2018, TF1 avait demandé à Molotov de ne pas rendre compatibles les chaines du groupe TF1 compatibles avec le Chromecast.
Ça veut dire que si on regarde TF1, LCI ou TMC sur son smartphone avec Molotov, on ne peut pas caster le contenu sur une TV. Là aussi du coup c’est un peu problématique.
C : Ah oui donc on n’a pas toujours fait les yeux doux à Molotov.
O : On a même essayé de lui mettre des bâtons dans les roues. Mais là, on sent que les choses sont en train de changer. Il y a quelque temps, TF1, France Télévisions et M6 ont annoncé qu’ils allaient créer le service Salto.
Salto c’est une plateforme de streaming en ligne qui va proposer tous les programmes des trois groupes TV qui l’on fondés. Il y a des médias qui ont carrément parlé de Netflix à la française.
On écoute à ce propos Julien Verley qui est directeur du développement commercial chez France Télévisions.
[JULIEN VERLEY SALTO]
O : Il le dit bien. Les services de SVoD sont devenus une menace. Et au lieu d’essayer de bloquer le développement de ses plateformes, les groupes TV traditionnels ont quand même fini par se dire « ce serait finalement plus intelligent d’investir dedans ».
C : Donc on voit progressivement en France une sorte de convergence entre le monde de la télévision et celui de l’Internet.
O : Et il faudra voir s’il n’y aura pas la même chose un jour entre Netflix et le monde du cinéma français qui sont eux aussi souvent en conflit.
Enfin, pour en revenir à nos moutons, j’invite tout le monde à suivre de près les tractations entre Altice et Molotov. Ça pourrait donner un sacré… cocktail explosif…
C : Ppppprrrrt. C’est sur cette vanne toute pourrie qu’on terminera cette chronique. Merci Omar et file, tu es en train de manquer un épisode des Simpsons ! Il pourrait ne plus jamais être rediffusé !
O : Je fonce !
Rapprochement entre Molotov et Altice : vers une autre vision de la télé
Molotov TV est un service qui permet de regarder la télévision française sur Internet en toute simplicité. La plateforme est très populaire auprès des utilisateurs mais sa santé financière n’est pas au beau fixe. Avec Omar Belkaab de « FrAndroid », nous verrons comment ce service de streaming nous en dit beaucoup sur les drôles de relations qui existent entre les grands groupes TV et le monde d’internet.
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