« Celeste » : si la montagne ne va pas à Madeline…

Corentin : Ouhla ! Vous l’avez constaté, Benjamin Benoit est enthousiaste ! Pourquoi tant d’énergie, soudainement ?

Benjamin : Bon je vais essayer de faire une chronique et de ratrapper les cinquantes « je n’aime pas » que je viens de me taper à l’instant, mais aujourd’hui je suis super content, je vais vous parler de Celeste. Un excellent jeu de plate-formes, sorti sur Switch, Xbox One, PS4 et PC. Un jeu difficile mais juste, avec un chouette propos, une bonne musique, qui réussit avec talent tout ce qu’il fait. Vous êtes partis pour quelque chose de super. Écoutez-moi cette musique !

MUSIQUE CELESTE COOL 1

C : C’est vrai que c’est super. Mais expliquons ensemble pourquoi c’est super. Pour parler de Celeste, il faut parler de son créateur.

B : C’est Matt Thorson, car oui : Celeste est un travail d’auteur. Le dernier jeu de ce monsieur était Towerfall. Un jeu multijoueurs local, où une bande de joueurs s’envoient des flêches à la figure sur un tout petit terrain. C’est extrêmement efficace, et comme la plupart des bons jeux de plate-forme récents, tout réside dans la science de la physique, la précision, l’art des courbes. Pour un tel jeu, l’important c’est la maniabilité et elle est parfaite. Depuis, on attend de voir un travail du monsieur sur un autre genre. On compare souvent Matt Thorson à Edmund MacMillen, auteur de The Binding Of Isaac et Super Meat Boy. Tu as l’impression que ce McMilllen choisit un genre, et qu’il va décider d’en faire le meilleur avatar possible du moment.

C : Alors, est-ce que Matt Torson a ce même talent d’adaptation ?

B : Il avait toutes les chances de son coté, il a déjà codé l’art du déplacement avec Towerfall, et Celeste est donc un jeu de plate-formes en solo qui le réutilise... ET C’EST SUPER BIEN. Tout le savoir-faire de Towerfall est mis au service d’une aventure aux multiples facettes. (LANCER L’EXTRAIT SUIVANT)

Celeste, c’est l’histoire de... Madeline, qui veut gravir le mont Celeste. On sait pas pourquoi, on ne saura jamais vraiment pourquoi. On aura une vague idée, mais elle veut fuir quelque chose, se distraire, accomplir une tâche très difficile pour se prouver quelque chose.
[CELESTE BANDE-SON 2 ]

Le Mont Céleste est ardu, sans pitié et il s’y produit pas mal de phénomènes étranges. Bien sûr, l’ascension sera plus importante que le sommet. Madeline est caractérisée par son air contrit, sa voix qui fait mumumumumu et sa parka verte. Elle a une palette de mouvements respectable. Elle peut sauter, s’accrocher à une paroi mais pas trop longtemps, faire des sauts muraux... Mais sa capacité la plus importante, c’est sa puissante impulsion. Elle peut l’effectuer une seule fois dans huit directions possibles. Sauf que pour recharger cette impulsion, il faudra trouver le moyen de reposer ses pieds sur la terre ferme...

C : C’est là qu’est tout le sel du jeu. Et au delà de ça, le titre va proposer toute une multitude de variations pour enquiquiner le joueur.

B : Dans Celeste, il faut triompher de six mondes, tous tournant autour d’une ou plusieurs idées précises. Chacun d’entre eux comporte de nombreux tableaux, parfois de très très nombreux tableaux. Des écrans, où il faut triompher d’un ou plusieurs problèmes. Comment aller la-bas ? Il va falloir se chauffer les pouces pour franchir ces figures imposées. Des objets qui vous propulsent dans une direction donnée, des bourrasques qui modifient la physique des sauts, des objets qui se déplacent quand vous vous déplacez. Je n’en dirais pas plus, il a quelques surprises, des énigmes à résoudre et pas mal de contenu caché. Mon conseil perso : regardez attentivement autour de vous. Faites attention aux irrégularités dans le décor.
C : Toi, tu es un petit fétichiste des jeux de plate-formes difficiles. Est-ce que Celeste t’as satisfait ?

B : Ce genre de jeux surfe sur une vague de franche difficulté. Celeste... dans son histoire principale, n’est pas TRÈS DUR. Par contre, il y a de nombreux défis option- nels. Il y a les fraises à collecter, ce qui demandera une prise de risque. Des énigmes à résoudre qui vous demanderont de relier certains points de votre tête. Mais surtout, si vous les trouvez, vous débloquerez les Face B, des versions alternatives bien plus difficiles. Et pour les plus gueudins d’entre vous, il y a aussi les Faces C. Plus courtes, mais encore un cran au dessus. Et alors pour TOUT faire, pour le 100%, laissez tombez ! Le défi est DANTESQUE, il faut réussir chaque niveau, dans chaque version, d’un coup. Avec une seule vie. Sans mourir une seule fois. BONNE CHANCE !

Au moins, ces niveaux ont une musique alternative composées par des pontes du milieu, et c’est toujours un plaisir de les découvrir. Ce qui nous mène...

C : aux musiques de Celeste.
EXTRAIT 3 - bed quasiment jusqu’à la fin
B : Par Lena Raine. Elles sont extras. Elles sont évolutives. A chaque écran, des petits ajouts viennent subtilement se mettre en place. Tu progresse, la musique progresse, ton talent au jeu progresse, et le bout est un peu plus proche... Celeste, c’est un jeu qui cultive la synesthésie, l’art de mêler les sens. Et c’est aussi un incroyable exemple d’harmonie ludo-narrative.

C : Oulha, calmons-nous avec tes mots bizarres, qu’est-ce que c’est que ce truc ?

B : C’est l’histoire du jeu mis au service à sa manière de jouer. Madeline a des problèmes. Elle a des névroses. Elle a du mal à penser du bien d’elle même. Ces sentiments arrivent à se retrouver dans le coeur du jeu, dans sa façon de jouer. A chaque fois qu’elle rencontre un problème mental, ça se répercute sur les obstacles physiques. C’est un jeu bougrement intelligent, qui ne force pas, qui reste subtil dans sa démarche. Il vous tirera quelques petites larmes. Et toujours, il reste positif. C’est approprié pour un jeu où l’on doit surmonter un obstacle de cinq kilomètres de haut ! ... et c’est un titre bien plus creusé qu’un tas de pixels en deux dimensions. C’est un exploit de donner autant d’âme, de propos et de sens à un jeu de plate-formes. Ca mérite d’être salué.

C : Bon, tu nous trouves deux trois défauts pour la forme ?

B : Personne n’est parfait. Le jeu, dans son extrême générosité, propose tout de même une aventure principale qui passe très vite. Il lui arrive de planter, même sur Switch. En fin de niveau, heureusement, après qu’il soit validé. Enfin, la traduction française n’est pas top, souvent trop littérale, donc parfois fausse. C’est tout.

C : Celeste a l’air très recommandé par les Croissants.

B : CELESTE EST TRÈS RECOMMANDÉ PAR LES CROISSANTS. Une aventure inté- rieure et extérieure, introspective, qui vous donnera un grand sentiment de satisfaction. L’intelligence de conception de Celeste se voit partout, tout le temps, dans chaque recoin. Allez-y. Coup de coeur de la maison.
C : Celeste c’est donc développé par Matt Makes Games, c’est sur Switch, PS4, Xbox One et PC, ça coûte 20 euros et c’est déjà disponible.