Corentin : Days Gone, ou Les jours Passés traduit littéralement, ça parle de quoi Patrick ? Une interprétation interactive des écrits de Marcel Proust ? Une histoire de voyage dans le temps ?
Patrick : On se calme, Corentin. Du mutant, des méchants scientifiques et un monde ouvert boisé, voilà Days Gone. Le jeu nous plonge dans les bottes du biker Deacon St John, au beau milieu d’une région de l’Oregon, victime d’une invasion de dangereux mutants.
L’introduction nous dévoile les principaux protagonistes. Aux premières heures de l’épidémie, on a Deacon qui est séparé de sa femme grièvement blessée. Il la jette dans un hélicoptère de secours, choisissant de ne pas abandonner son beau-frère Boozer mal en point et acculé sur le toit d’un immeuble.
C : Je connais quelqu’un qui va dormir sur le canapé.
P : Quand l’action du jeu débute, deux ans se sont écoulés et on retrouve le biker devenu un mercenaire et arpentant les contrées boisées de l’Oregon. Boozer grièvement blessé au détour d’une virée, Deacon doit trouver un moyen de le sauver en se frottant aux mutants, mais aussi aux différents groupuscule armés et dangereux qui pullulent dans les environs. Au fil de séquences en flashbacks, on en apprend progressivement davantage sur l’histoire des personnages.
Comme souvent dans les récits post-apocalyptiques à base de zombies et autres mutants, on se rend vite compte que notre principal ennemi se trouve du côté de nos braves congénères humains. Avec en ligne de mire notamment une étrange organisation appelée NERO qui s’est visiblement adonnée à des expériences scientifiques douteuses… BRRRRRR
>son Days Gone 1
C: Non, mais Patrick, c’est pas possible un scénario comme ça en 2019. Franchement, à t’entendre, j’ai l’impression d’avoir vu ça mille fois dans The Walking Dead, 28 Jours Plus tard, World War Z, Je suis une Légende... Côté originalité, on repassera, hein ?
P: C’est clair, le scénario est cousu de fil blanc et on a beau passer plusieurs dizaines d’heures à explorer ce monde ouvert chatoyant, on a systématiquement la sensation de marcher en terrain connu. Terrain connu que ce soit via des films ou des jeux, mais on n’est jamais vraiment surpris.
Le scénario accumule tous les poncifs du genre que l’on appelle “post-apo” et c’est assez synchro en fait avec la conception même du jeu, qui pioche elle aussi allègrement dans des modèles bien connus du genre ”monde ouvert”.
Impossible de parcourir Days Gone sans penser très fort à Horizon Zero Down, un autre blockbuster en monde ouvert de Sony, à Red Dead Redemption 2 évidemment pour les décors carte postale, à Dead Island pour la petite composante RPG qui va bien ou encore à The Last of Us, cette fois pour l’ambiance fin du monde. Et puis il y a surtout une vraie proximité avec les systèmes de jeux Ubisoft vus par exemple récemment encore dans Far Cry 5.
C: C’est frappant j’imagine parce que l’univers de Far Cry 5 est assez proche, non ? Tu nous rappelles rapidement en quoi consistent ces systèmes de jeu ?
P: Missions diverses et variées à travers une carte ample qu’on découvre peu à peu, des camps ennemis à libérer, une radio loquace au ton décalé, tout ou presque y est.
On a globalement une expérience de jeu qui varie entre action, exploration en moto et aussi un peu d’infiltration très “grand public” quand il s’agit de ne pas être repéré par des ennemis à l’ouïe plus ou moins fine. On est loin d’un Metal Gear Solid mais ça reste du coup assez accessible, même s’il faut composer avec une intelligence artificielle souvent complètement à l’ouest.
Bref, l’univers de jeu ne surprend pas, son scénario non plus et son gameplay semble puiser dans à peu près tous les classiques du genre. Days Gone a déjà eu droit à plusieurs patchs conséquents depuis sa sortie, mais on croise encore de nombreux bugs comme des soucis de collisions pas très heureux.
C: Visiblement, tout cela ne t’a pas empêché d’y passer de nombreuses heures. Tu es passé outre cet aspect déjà vu et déjà joué qui paraît tout de même bien tenace ?
P: Oui, car s’il n’invente rien et ne cherche pas à changer la face du genre action en monde ouvert, Days Gone fonctionne bien. Quand on a un penchant pour les jeux du genre type Far Cry notamment, on se retrouve vite en terrain familier.
On fait progresser les capacités du personnage et le jeu parvient à créer un rapport particulier avec la moto devenant un élément capital du gameplay. Cela rythme vraiment les longs passages de déplacements et d’aller et retours : Il faut entretenir son deux roues, l’alimenter en carburant et améliorer progressivement la mécanique.
J’ai eu un peu peur au début, quand on nous balance d’emblée aux commande de la moto dans une séquence assez directive et pas folichonne. Et puis progressivement on s’attache à ces personnages. Et on se prend de collectionnite pour découvrir le maximum de bases cachées et on enchaîne un scénario pas original effectivement, mais finalement assez bien ficelé.
On retrouve dans le rôle principal un visage connu puisqu’il s’agit de Sam Witwer, l’interprète de l’apprenti de Dark Vador dans les jeux Le Pouvoir de la Force de LucasArts. Il a beau porter un postiche, je l’ai reconnu direct et la sensation de voir le jeune Sith à l’écran ne m’a pas lâché !
>Son Days Gone 2
C: La genèse du jeu a visiblement été compliquée. Véritable démo technique lors de sa présentation à l’E3 2016 chez Sony, il est sorti avec de nombreux bugs qui font la joie des youtubers. Tu as rencontré ce genre de problèmes de ton côté ?
P: En fait, Bend Studio qui signe le titre n’est vraiment pas très grand pour un projet de cette ampleur. On parle d’une centaine de personnes, ce qui est peu pour un jeu en monde ouvert. On les connait surtout pour la série old school Syphon Filter ou la version PS Vita de Uncharted par exemple. Voire, au début des années 90, un obscur jeu d’aventure basé sur le personnage de Columbo et paru sur l’OVNI Apple Newton. On imagine que ce projet était peut-être un peu ambitieux pour eux d’où une finition pas exemplaire et des rustines qui continuent à être apposées.
C’est vrai que Sony l’a bien mis en avant il y a trois ans avec ces fameuses séquences où le héros était poursuivi par des dizaines voire centaines de mutants. Ce phénomène de horde, on le retrouve bien dans le jeu et c’est assez impressionnant de voire une marée mutante te courir après.
Ce n’est pas le coeur du jeu, qui reste à mon sens l’exploration et le loot, mais c’est clairement un élément qui permet à Days Gone de se distinguer.
Graphiquement, le jeu tient la route et on sent que le studio de développement basé dans l’Oregon a voulu rendre hommage à des décors sauvages qui leur sont chers.
C: Bon alors, au final, tu le conseilles ou pas ce Days Gone ? A qui il s’adresse en fait ?
P: A mes yeux, Days Gone est une solide série B qui mérite vraiment de s’y plonger. Rien de bien neuf à l’horizon mais on tient un titre bien ficelé plaisant à explorer en passant outre quelques bugs et maladresses comme ces ennemis de petite taille qui évoquent des enfants.
Il me fait beaucoup penser au jeu Mad Max d’Avalanche Studios en 2016 qui ne proposait pas grand chose de neuf lui non plus mais était vraiment agréable à parcourir.
En ces temps de suites en séries, cela reste plaisant de découvrir une nouvelle licence, aussi téléphonée soit-elle. On n’est clairement pas devant un chef d’oeuvre à la Red Dead Redemption 2 chez Rockstar voire au niveau des incontournables de l’écurie Sony type God of War ou Spider-man.
Mais il est aussi important à mes yeux de pouvoir se lancer dans ce type de production plus légère, comme on peut tout à fait apprécier de lancer un film d’horreur de série B pour se complaire dans les poncifs et clichés immuables du genre. Un plaisir coupable assumé quoi, mais moins délirant qu’un Dead Rising par exemple !
Je dirais que si, comme moi, vous avez un faible pour les films d’horreur de série B et les jeux d’action/aventure en monde ouvert, Days Gone est clairement fait pour vous. Moi, je signe et j’y retourne en tout cas !
C : Allez on récapitule. Days Gone est disponible sur PlayStation 4, édité par Sony et développé par Bend Studios. Ça coute 70 euros environ. Merci Patrick et à très vite.
« Days Gone » : tuer des zombies en deux-roues, c’est notre motto
Fin avril, Sony Computer publiait « Days Gone », nouvelle exclusivité PlayStation 4 développée par Bend Studio. Depuis sa présentation à l’E3 2016, le titre a suscité autant d’attente que d’inquiétudes sachant que c’est un studio de seconde division qui est aux manettes. Patrick Hellio s’est immergé dans cette chasse aux mutants et il nous en parle.
0:00
8:01
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.