Titre : ♪ Ohé ohéééé capitaine abandonéééééé ♫
Return of the Obra Dinn
Durée estimée :
Corentin : Aujourd’hui, Pierre-Alexandre Rouillon de Gamekult va nous parler d’un jeu en noir et blanc développé par un indépendant mais je ne suis même pas énervé.
Bonjour Pierre-Alexandre !
Pierre-Alexandre : Bonjour Corentin !
Ah ben encore heureux que tu ne sois pas énervé puisqu’on va parler de Lucas Pope.
Pour ceux à qui ce nom ne dirait rien, c’est le créateur de Papers, Please, une fantastique simulation de douanier.
C : Oui c’est vrai qu’il fallait quand même être un bon designer pour réussir à rendre ça intéressant !
P : Et surtout avec une telle maestria ! Et ben pour son retour, Lucas Pope continue à nous faire jouer des professions terriblement peu sexy, puisqu’on peut désormais incarner un agent d’assurances dans Return of the Obra Dinn
C : Ok donc si on joue un agent d’assurances c’est quoi le plan, on va devoir récupérer des témoignages de gens énervés et faire des devis d’accidents ?
P : Et ben figure-toi que t’es pas si loin de la vérité ! Je te fais le pitch :
[MUSIQUE]ObraDinn01
Nous sommes à Londres en 1802 et c’est le départ de l’Obra Dinn
C’est un fameux trois mâts, mais de 800 tonneaux, lui, qui part vers l’Orient avec plus de 50 personnes et 200 tonnes de marchandises à bord
Problème : six mois plus tard, on réalise que l’Obra Dinn n’est jamais arrivé jamais à bon port et on le déclare alors perdu en mer.
C : Et là : coup de théâtre !
P : Exactement !
Environ cinq ans plus tard, le 14 Octobre 1807, l’Obra Dinn dérive au large du port de Falmouth, au sud de l’Angleterre,
Avec évidemment personne à son bord, à part peut-être quelques ossements ici ou là.
C : Et du coup, l’agent d’assurances est missionné pour faire l’état des lieux du bâteau !
P : Et ben en quelque sorte !
Puisque c’est en effet le moment où on monte à bord de l’Obra Dinn pour mener notre funeste besogne, armé d’un livre qui contient la liste des passagers et quelques documents de voyage.
En gros, le but du joueur ça va être d’essayer de comprendre ce qui s’est passé sur ce bateau. Pourquoi tout le monde a disparu, et dans quelles circonstances.
C : Oui enfin là c’est plus un agent d’assurances, c’est un détective !
P : Ehhh oui, et il est là le premier twist de Return of the Obra Dinn : c’est un jeu d’enquête !
En gros, à mesure qu’on apprend des choses sur les événements du bateau, on va devoir consigner dans son carnet les différents décès survenus sur le navire.
Qui est mort dans cette pièce ? Pourquoi ? A cause de qui ou de quoi ?
En gros, c’est une sorte de Cluedo géant où tu aurais une soixantaine de victimes au lieu d’une. Autant dire que c’est du boulot.
C : Ah en effet, mais du coup, comment on se débrouille pour faire cette enquête, concrètement ?
P : On arrive au deuxième twist de Return of the Obra Dinn.
En plus de son livre chéri, le joueur possède également une montre à gousset un peu mystique qui lui permet de voir les derniers instants d’un cadavre.
[MUSIQUE]ObraDinn02
En gros une fois que la montre est activée, on découvre une saynète figée, dans laquelle on peut se déplacer librement, et où il faut essayer d’identifier les victimes (et les agresseurs, quand il y en a).
Alors c’est assez facile quand il faut dire “ce mec a été abattu d’un coup de feu” ou “cette femme s’est pris un mât sur le coin du crâne”, mais ça devient plus compliqué quand il faut mettre des noms sur ces têtes !
C : Ah oui, il faut vraiment rendre un compte précis !
P : Tout à fait ! Mais heureusement, on a quelques bribes de dialogues avant chaque saynète, et on peut également utiliser les documents mis à disposition pour faire chauffer ses neurones et essayer de déduire tout ça !
C : Je commence à voir pourquoi tu parles de jeu d’enquête ouais, c’est 60 épisodes de Columbo réunis dans un seul jeu en fait
P : Il y a un peu de ça ouais. Et surtout, c’est fait avec une intelligence et une élégance qui nous rappellent que Lucas Pope est quand même un designer de génie.
La manière dont les indices s’imbriquent et dévoilent petit à petit l’histoire - les histoires, même ! - de l’Obra Dinn, c’est absolument génial.
On se retrouve à farfouiller des manifestes, chercher des détails futiles dans une séquence ou un dialogue, tout en découvrant les personnes et les personnalités à bord du navire, c’est très, très grisant.
C : Mais du coup, c’est pas un peu répétitif, comme concept ?
P : Ah si, totalement ! Mais comme dans Papers Please, c’est ce qu’il y a autour qui est important.
Si on part du principe que chaque saynète est un puzzle, ben on va rarement en résoudre deux de la même manière. Et puis le scénario réserve son lot de petites surprises qui seront révélées au fil de l’enquête.
[MUSIQUE]ObraDinn03
Et j’aimerais juste finir sur le troisième twist d’Obra Dinn : son style graphique.
Lucas Pope a bossé comme un damné pour avoir un jeu qui ressemble aux jeux Macintosh Plus de la fin des années 80, comme Shufflepuck Café ou Dark Castle, mais en 3D !
Le résultat est hallucinant et Pope a même ajouté d’autres palettes de couleurs pour les nostalgiques de leurs vieux IBM ou de leurs Commodores.
C : Et bien merci beaucoup Pierre-Alexandre, ça fait envie ! Return of the Obra Dinn, c’est disponible sur PC et Mac pour la modique somme de 20€. A bientôt !
« Return of the Obra Dinn » : une question de vie ou de mer
Il s’est fait connaître avec « Papers, Please », le voici de retour avec « Return of the Obra Dinn ». Le génial Lucas Pope délaisse les douanes au profit d’une enquête passionnante en haute mer, et c’est votre capitaine Pierre-Alexandre Rouillon du fier esquif « Gamekult » qui nous en parle.
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