Corentin : Aujourd’hui, Pierre-Alexandre Rouillon de Gamekult va nous parler d’hommage, de gros pixels et, plus globalement, d’amour. Salut !
Pierre-Alexandre : Bonjour Corentin !
Je te remercie déjà de ne pas avoir hurlé parce qu’on va encore parler d’un Metroidvania indépendant
C : Oui oui, je serre les dents mais je reste cool
P : Non mais là j’ai une excuse parce qu’on va partir d’un des papas du genre pour arriver au jeu qui nous intéresse.
En gros, un beau matin de mars 1997, Konami a sorti Castlevania : Symphony of the Night, un de mes jeux préférés de tous les temps.
C : Ah oui rien que ça !
P : Ah ben faut dire que la série Castlevania, avant 1997, c’était des jeux de plateforme action un peu raides et bien difficiles, mais Symphony of the Night a changé la donne.
En s’inspirant de Super Metroid, ce Castlevania nous jetait dans un gigantesque château et, au fur et à mesure des pouvoirs et des capacités qu’on gagnait, ça débloquait de plus en plus de zones du château.
C : Oui donc c’est un Super Metroid gothique avec des vampires et des démons quoi.
P : Ben pas que ! Parce que Symphony of the Night rajoutait aussi une composante jeu de rôles avec des points d’expérience, de l’équipement, des armes, des pouvoirs et j’en passe.
C’est d’ailleurs le jeu qui a poussé le public ou les journalistes à créer le terme Metroidvania, un astucieux mot-valise que je ne devrais pas trop avoir à vous expliquer.
Et donc en 2014, un pixel artist du nom de Bodie Lee a monté son studio, Lunar Ray Games, et lancé une campagne Kickstarter pour un hommage à Symphony of the Night qu’il a appelé Timespinner.
[MUSIQUE]Time01
Et cette campagne kickstarter, ben ça a quand même été un sacré succès puisque pour 50.000 dollars demandés, notre zigoto en a récupéré plus de 175.000 !
C : Ah oui joli succès !
P : Je te le fais pas dire ! Et donc il a bien pris son temps, monté sa petite équipe et mis quatre ans à développer son jeu-hommage.
Un jeu où on incarne Lunais, une jeune femme qui fait partie d’une tribu qui garde le Timespinner, une étrange machine capable de transporter les gens à travers le temps.
Bien évidemment, la machine s’emballe et le jeu démarre plus ou moins quand Lunais se fait aspirer par le Timespinner (pas facile à dire ça, “aspirée par le timespinner”)
Et qu’elle voit sa mère se faire abattre devant ses yeux par les soldats d’un vilain empire de la planète d’à côté.
C : Ah oui grosse ambiance !
Et c’est donc le point de départ de notre héroïne coincée dans le passé, qui va se balader, défoncer des monstres et essayer de récupérer des morceaux du Timespinner pour changer l’avenir et sauver les siens.
Et le truc rigolo, c’est que là où les autres Metroidvania (genre Hollow Knight ou Iconoclasts) ont fini par vachement s’éloigner de la recette d’origine, Timespinner fait au contraire tout ce qu’il peut pour coller à son modèle, à quelques variations près.
[MUSIQUE]Time02
Au fil du jeu on va trouver des orbes qui servent d’armes, avec des capacités différentes,
Mais aussi des gros pouvoirs secondaires, des pouvoirs passifs, des familiers qui peuvent suivre Lunais et plein de pièces d’équipement
C : Ah là, on est effectivement très proche de la formule Castlevania depuis-Symphony of the Night !
P : Ah ben je t’avais prévenu ! Mais comme je te le disais, Timespinner prend quand même quelques libertés avec la recette d’origine.
Déjà, le scénario prend plus de place que dans Symphony of the Night, avec pas mal de dialogues, beaucoup de choses à lire et même des quêtes secondaires à remplir pour des personnages !
De plus, chaque arme est assignée à une main et on peut donc en porter deux différentes en même temps, même si en fait ça a pas grand intérêt.
Enfin, on pourra aussi arrêter le temps, ce qui s’avère pratique contre certains boss ou pour atteindre des zones difficilement accessibles - en sautant sur un ennemi gelé par exemple -
Mais ça deviendra vite inutile quand on commencera à débloquer des capacités comme le double saut.
C : Ah oui donc les rares ajouts sont en fait accessoires, quoi.
P : Ben c’est un peu ça ! Alors ça ne plombe pas le jeu pour autant, hein. Mais on aurait aimé un peu plus d’inventivité dans ces nouvelles mécaniques.
[MUSIQUE]Time03
Sinon, il y a quand même une partie du jeu que je ne peux pas passer sous silence :
A trop vouloir lui rendre hommage, Lunar Ray Games a - peut-être inconsciemment - quand même pompé des morceaux entiers de Symphony of the Night !
Déjà dans son interface ou dans des éléments visuels comme les salles de téléportation
Mais c’est encore plus hallucinant dans certains morceaux de la bande-son, qui reprend parfois la structure complète de morceaux de Castlevania ou le même type d’instruments, c’est assez perturbant
(D’ailleurs, nos auditeurs qui connaissent bien le jeu d’époque ont peut-être déjà tiqué avec la musique qu’on a passé).
C : Ok mais du coup toi en tant que fan du Castlevania d’époque, tu dois quand même être ravi, non ?
P : Et ben pas tant que ça figure-toi. L’hommage est adorable, mais il trouve assez vite ses limites. Le jeu est particulièrement court puisqu’on peut le finir en 5 petites heures.
Et globalement, pour un Metroidvania qui s’inspire autant du patriarche, ben il manque quand même de secrets et de surprises.
Alors peut-être que je me plante et que le développeur annoncera dans quelques semaines qu’il y a des trucs de fou cachés dans son jeu mais j’en ai pas l’impression.
Et du coup, à 20 euros la friandise, faut quand même être sacrément fan de l’original pour y aller.
C’est pas du tout un mauvais jeu, mais c’est juste un ersatz honnête de Symphony of the Night.
C : Et bien merci beaucoup Pierre-Alexandre ! Timespinner, c’est disponible sur PC, PS4, Vita et peut-être bientôt 3DS voir Switch et ça coûte 20€.
P : Et sinon pour le même prix, fin octobre il y aura une compilation PS4 appelée Castlevania Requiem, avec deux jeux, dont Symphony of the Night.
C : Et bien merci pour cette information complémentaire et à bientôt !
« Timespinner » : symphony of the light
« Timespinner » est un metroidvania en pixel art dans la plus pure dynamique indépendante actuelle. Voilà de quoi plaire à Pierre-Alexandre Rouillon ! Malheureusement, nous verrons que ce titre a énormément de mal à s’extirper de ses inspirations.
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