C : Comment reconquérir le coeur des jeunes lorsque l’on est un média généraliste ? C’est le pari qu’a fait France Télévision en sortant au début du mois de février France TV Slash, une offre numérique disponible sur l’application France Télévision et destinée aux 18-35 ans. Alors, kézako et surtout, est-ce que ça marche ? Faisons le point avec Angèle Chatelier, bonjour Angèle.
A : Qu’est ce qu’être agriculteur lorsque l’on a vingt ans ? Comment repérer une fakenews ? Dois-je prendre la pilule pour un premier rapport ? Autant de questions que traite France télévision sur sa nouvelle offre numérique à destination des jeunes, France TV Slash. Disponible en replay sur internet et sur l’application mobile de France Télévision, France TV Slash veut s’adresser à nous, les jeunes. Et surtout, ce qu’on appelle les millenials, ceux d’entre-nous qui ont grandi dans les années 2000.
C : Eh l’enjeux est grand pour France Télé car les jeunes ont aujourd’hui déserté la télévision
A : Oui, nous vous en parlions déjà dans Les Croissants lorsque nous tentions de dépeindre la côte des jeux télévisés. Si près de 45 millions de Français regardent aujourd’hui la télé tous les jours, seule la moitié des 15-25 ans ont encore un engouement pour elle. La faute à qui ? A Netflix, à YouTube et aux réseaux sociaux principalement.
Alors France Télévision a voulu parier là-dessus. A travers une dizaine de pastilles et d’émissions spécialisées et thématiques, ils veulent reconquérir le coeur des jeunes.
C : A commencer par créer une série pour eux
A : Skam. C’est la série phare de France TV Slash.
Skam est un remake d’une série norvégienne à succès du même nom. Dedans, on y suit le quotidien de jeunes ados au lycée avec toutes les questions que cela engendre : puis-je mettre un stérilet si je suis vierge ? Putain, ce mec me plait, je fais quoi ? (EXTRAIT 1)
Loin des clichés, Skam s’adresse aussi bien aux très jeunes qu’aux trentenaires nostalgiques d’une époque qui semble lointaine.
D’autant que Skam mélange fiction et réalité. Les personnages de la série ont aussi leur propre compte Instagram. Leur quotidien est partagé comme s’ils étaient de réels lycéens. Si un extrait d’épisode sort à 11h34 un mardi, un post sera fait en même temps. Mise bout à bout, toutes ces pastilles constituent un véritable épisode de vingt minutes, diffusé tous les vendredi soir sur Slash et le dimanche soir sur France 4
C : La question de l’identité, l’affirmation de soi et la sexualité est centrale sur France TV Slash
A : Bah oui. Ce sont un peu toutes les questions qui nous animent lorsque nous sommes adolescents et jeunes adultes. C’est pour ça que la plateforme a aussi fait appel à Diane Saint-Réquier, une animatrice de prévention bénévole dans une association de lutte contre le VIH et surtout, bien marrante. Avec son franc parler, elle n’a pas froid aux yeux et nous parle de sodomie, d’orgasme, de cunnilingus et toutes les questions qui vont avec dans la pastille Sexy Sousis (EXTRAIT 2)
C : Autre particularité, parler des fake news
A : Oui, ce fléau du 21ème siècle. Sur le même modèle que les YouTubeurs, la journaliste Aude Favre nous donne des cours de vérité et tente aussi d’expliquer notre métier de journaliste pour ceux qui doutent ou ceux qui veulent comprendre.
C : Il y a aussi en vrac du reportage avec la pastille Les Hauts-Parleurs, de l’humour avec Nos Vieux Décryptent et des sujets d’innovation avec Turfu Now
A : Tout est bien produit, bien fait, de manière à ce que chaque personne entre 18 et 35 ans puisse s’y retrouver. Des vidéos sur le même format que Brut ou Konbini.
C : Mais alors, quelques semaines après son lancement, est-ce que cela marche ?
A : J’ai un peu épluché les réseaux sociaux de France TV Slash pour voir si c’était beaucoup suivi. Pour l’instant, la plateforme compte 5200 abonnés sur Twitter, plus de 400 000 sur Facebook et seulement 235 sur Instagram.
Sur Twitter, peu de twittos réagissent pour le moment aux pastilles de France Télévision
C : Ce qui ne veut pas dire que personne regarde, nous sommes d’accords !
A : Nous sommes d’accords Corentin. D’autant que sur Facebook, les commentaires sont plus nombreux. Beaucoup disent « merci » : merci de parler d’anorexie, des règles, de l’homosexualité, des fake news… certains s’indignent, aussi forcément : « Me dites pas que c’est nos impôts qui payent ça ?! » mais globalement sur Facebook, les réactions sont très positives.
C : Sur Snapchat, impossible de savoir combien de personnes regardent leurs Snap.
A : Non, l’application ne le permet pas. Mais puisque 71% des utilisateurs de Snapchat ont moins de 25 ans, on peut parier que France TV Slash est très actif dessus.
C : Merci Angèle Chatelier pour nous avoir éclairé sur ce qu’était France TV Slash ! D’ailleurs, moi j’y file car ils ont mis en replay gratuit des épisodes de l’adaptation du manga Ping-Pong par Masaaki Yuasa, je suis joie ! A très bientôt.
France TV Slash, la plateforme de France Télévisions qui veut (re)conquérir les jeunes
C’est loin d’être la première tentative de France Télévisions pour remettre les jeunes devant le poste. Cependant, avec « Slash », le service public mise sur un nouveau support, celui de la VOD ! Angèle Chatelier y a jeté un œil et elle nous dit ce qu’elle en pense.
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