C’est pas de la radio, mais ça y ressemble : quand la presse investit dans le podcast
Corentin : Il parait que le podcast a la côte. Depuis plusieurs années c’est le cas, pourtant, mais ce n’est que depuis quelques mois que les grands médias s’en emparent et s’y intéressent. Est-il aujourd’hui intéressant pour une radio de faire du podcast natif ? Aujourd’hui, même la presse écrite s’y met. En témoigne le groupe Les Échos-Le Parisien qui s’apprête à entrer dans le capital de Binge Audio. Angèle Chatelier fait le point.
Angèle : « C’est pas de la radio c’est du podcast ». Ce slogan est celui du Paris Podcast Festival, le tout premier festival du genre qui se déroule du 19 au 21 octobre. Déjà bien en vogue aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, le podcast commence doucement à se faire une place populaire en France. Car s’il appartenait auparavant à un public de niches, de plus en plus de grandes groupes s’y intéressent ou commencent à produire eux-même leurs contenus.
C : Les radio elles-mêmes, d’ailleurs
A : Oui, force est de constater que les radios doivent vivre avec leur temps. Avant, un auditeur de radio se rendait sur le site pour réécouter des émissions déjà diffusées. Et encore s’il n’était pas déjà abonné au flux afin de les télécharger automatiquement sur son téléphone. Aujourd’hui, les radios sont nombreuses à produire des podcasts qu’on appelle “natifs”, c’est à dire créé exclusivement pour une diffusion sur le web.
En France, les entreprises de podcasts natifs naissent comme des petits bourgeons. Louie Media, créé par Melissa Bounoua et Charlotte Pudlowski, elle même en charge des podcasts nommés « Transfert » sur Slate. Son plus grand succès, la série Entre qui interroge une petite fille de 11 ans sur sa vie de collégienne (EXTRAIT 1)
Boxsons, aussi, la plateforme audio créée par Candice Marchal et Pascal Clark (EXTRAIT 2)
C : Aujourd’hui, la grande nouvelle, c’est donc la levée de fond de Binge Audio
A : Binge est aussi l’une des plateformes françaises de podcast les plus connues. Fondée en 2015 par Joel Ronez, ex-directeur des nouveaux médias à Radio France, la plateforme peut aujourd’hui se targuer d’avoir 700 000 écoutes par mois. Son but ? Cibler les moins de 35 ans en racontant par exemple des histoires d’individus ordinaires dans la rubrique Super héros.
Une histoire ou un coup de gueule tiré d’un thread sur Twitter, aussi. (EXTRAIT 3)
C : Un groupe de presse s’apprête donc à investir dans Binge audio.
A : Le groupe Les Echos-Le Parisien, filiale de LVMH. S’il l’on sait qu’il ne s’agit pas d’un rachat, rien n’a encore été dévoilé sur le montant de l’investissement. Ce que l’on sait, donc, c’est que Binge Audio est le premier réseau numérique de podcast à obtenir l’investissement d’un grand groupe de média français.
Mais c’était, soit, assez prévisible. Comme le rappelle Libération, le pôle presse de LVMH était déjà l’un des clients de Binge Audio. En témoigne aussi la production quotidienne de revue de presse sonore pour Le Parisien-Aujourd’hui en France, des revues de presse que l’on peut entendre sur l’assistant vocal d’Amazon.
C : Peut-on dire que Binge Audio se transforme en mini radio ?
A : Peut-être. Du moins, la plateforme évolue. Outre les podcasts natifs historiques de la plateforme, Binge Audio proposera désormais une émission et un flash d’information quotidien. Cette émission, rappelle Libération, sera présentée par Thomas Rozec, un ancien journaliste de France Info. De la radio au podcast ? Il n’y a qu’un pas.
Mais là où il n’y a qu’un pas également, c’est entre le livre audio et le podcast natif. Louie Media par exemple et leur série Transfert sont de véritables ouvrages pour les oreilles. Les épisodes durent entre 25 et 35 minutes. 40, parfois. On y entend qu’une voix, celle d’une personne qui a vécu une histoire extraordinaire, romantique ou complètement flippante. (EXTRAIT 4)
L’entreprise, d’ailleurs, a fait appel en sponsor à Audible Audio, l’un des leaders du livre audio.
C : Louie Media, d’ailleurs, qui va aussi travailler avec des rédactions
A : Outre le fait d’être créatrice de contenue, la plateforme Louie Media va produire deux émissions pour Madame Figaro. Au Figaro, Mélissa Bounoua explique même qu’un projet pour la télé est à venir en 2019.
C : Et comme en radio, le mercato impitoyable est aussi présent dans les podcasts
A : Binge Audio a réussi à recruter deux programmes venus d’ailleurs : Le Tchip, né sur Arte Radio, et Silence on joue, autrefois produit par Libération. Oui entre le podcast et la radio… il n’y a qu’un pas. Celui de l’audio.
Et la bataille s’annonce féroce car début septembre 2018, l’ancien Patron de Radio France, Mathieu Gallet, a annoncé vouloir lancer “Majelan”. Une plateforme qu’il décrit comme étant le Netflix du Podcast : tout un programme.
C : Merci Angèle Chatelier pour ces lumières sur le marché du podcast ! A très vite
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