Archive : on n’arrête pas le progressif

Corentin : Aujourd’hui, Pierre-Alexandre Rouillon de Gamekult va perdre sa particule pour nous parler de musique. Bonjour Pierre-Alexandre !
Pierre-Alexandre : Bonjour Corentin !
J’ai une tonne de marottes musicales dont je parlerai ici où là dans les Croissants, mais là on va se concentrer sur un de mes groupes préférés.
C : Mais t’as pas QUE des groupes préférés toi, justement ?
P-A : Alors si, mais il y en a quand même que je préfère encore plus que d’autres :3
Et aujourd’hui on va parler de mon tout premier amour musical, on va parler d’Archive.
Mais attention, comme je tiens à mon image de petit con parisiano-élitiste, je vais uniquement me concentrer sur les trois premiers albums du groupe.
Et si vous êtes pas contents, c’est le même tarif !
Donc Archive, que beaucoup connaissent aujourd’hui pour leur post-rock déprimé et parfois un peu foutraque,
est un groupe britannique fondé en 1994 par Danny Griffith et Darius Keeler.
A l’origine, le groupe est très expérimental et se cherche plutôt du côté du trip-hop, dans la lignée du premier album de Massive Attack.
C : Ah c’est en effet assez loin du post-rock, pour le moment
P-A : Ah ben oui !
Et pour leur premier album, les deux potos bidouillent leurs machines à faire des tatapoums et se mettent à la colle avec deux voix :
Le rappeur Rosko John et la chanteuse Roya Arab.
Le résultat sort en 1996 sous le nom Londinium et il s’agit d’une claque phénoménale.
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Le flow agressif de Rosko John et la voix éthérée de Roya Arab, mélangés avec des productions trip-hop très sombres,
font de Londinium un des albums les plus fous que j’ai pu écouter dans ma vie,
et c’est encore aujourd’hui celui que je choisirais pour partir sur une île déserte.
Il n’y a pas UNE piste à jeter et je crois bien que je ne m’en lasserai jamais.
C : Oula c’est de l’amour, là !
P-A : Ouais comme je le disais ça a vraiment été une de mes premières claques esthétiques et je tiens vraiment à ce que tous nos auditeurs y jettent une oreille dès qu’ils le peuvent.
Archive - Londinium. Et quand ça sera fait, je conseille aussi la chaîne Youtube de Rosko John qui a rappelé Roya Arab le temps de deux morceaux et c’est incroyable, on dirait des chutes de l’album d’époque.
C : Bon d’accord, je vais l’écouter quand t’auras quitté le studio mais tu m’as parlé de trois albums, non ?
P-A : Tout à fait !
Après Londinium, chanteur et chanteuse ont tracé leur route et le groupe s’est retrouvé sans voix, au sens propre.
Après quelques recherches, ils sont tombés sur Suzanne Wooder, avec qui ils ont composé l’album Take My Head
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C : Ah oui c’est deux salles, deux ambiances, là !
Et c’est là qu’on arrive à ce qui m’intéresse tant dans les trois premiers albums d’Archive : chacun d’entre eux explore un genre musical radicalement différent !
Après le trip-hop poisseux de Londinium, place à une pop plus aérienne, plus douce, portée par une voix un peu moins mélancolique que celle de Roya Arab.
Là encore, le groupe balance un quasi-classique avec de superbes morceaux, tout en y amenant une grosse louche de lumière et d’optimisme.
Certains le trouveront peut-être un peu cucul (et il l’est par moments, hein, on va pas se mentir), mais ça reste un album d’une solidité remarquable, difficile à prendre en défaut.
Faut juste aimer les ambiances un peu plus poppy.
C : Effectivement, ça sonne un peu plus “mignon” déjà. Et si on suit la logique, ça donne quoi le troisième album ?
C’est des comptines pour enfants ? Des reprises de Chantal Goya ?
Alors clairement pas puisque Suzanne Wooder est partie, et qu’on va retourner dans le ouin ouin et la souffrance avec
You All Look the Same to Me, qui amorce le virage post-rock du groupe
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Le nouveau chanteur s’appelle Craig Walker, et il trimballe sa voix pleine de whisky et de dépression sur la totalité de l’album, qui est une fois de plus fantastique.
C’est hallucinant : sur trois albums, le groupe s’attaque à trois genres différents et fait un sans-faute à chaque fois.
C’est d’ailleurs cet album là qui va faire EXPLOSER le groupe.
Londinium et Take My Head leur avaient déjà donné une jolie crédibilité dans le monde de la musique,
Mais grâce à cet album - et son gros single Again, dont on a écouté un extrait et qui était diffusé PARTOUT à l’époque - ça va être la folie.
Walker va les suivre sur trois albums supplémentaires (dont l’excellente BO du film Michel Vaillant) puis partir à son tour fin 2004.
Depuis, le groupe a l’air de ronronner sur sa petite routine et, malgré quelques très chouettes sorties (comme Controlling Crowds et With Us Until You’re Dead), j’ai peur qu’ils ne retrouvent jamais la maestria de leur débuts.
Ca reste un excellent groupe et j’aurais bien du mal à cracher sur le moindre album, mais difficile de ne pas placer les trois premiers au Panthéon.
C : Eh bien merci beaucoup Pierre-Alexandre ! Archive (enfin surtout les trois premiers albums apparemment) , c’est disponible sur la plupart des plates-formes de musique. Merci et à bientôt !