La Maison Tellier, ou la douceur spleeneuse du rock français
Corentin : Leurs textes sont souvent orageux. Empli de spleen. La Maison Tellier a aussi ce quelque chose du rock français qui fait qu’on s’y attache. Qu’avec eux, on guérit nos plaies. Leur nouvel et sixième album studio est à paraitre le 22 mars 2019 et pour l’occasion, Angèle Chatelier retrace le parcours de la Maison Tellier, douze ans après la sortie de leur premier album.
Angèle : Une tribu errante, nomade. C’est comme ça qu’est défini une horde. Une belle description de La Maison Tellier. Et c’est le titre de leur dernière chanson, paru début février.
(EXTRAIT 1)
A : Trois ans que nous n’avions pas eu des nouvelles de la famille Tellier. Enfin, de la fausse famille Tellier. Car si tous ses membres se disent des « frères », ce qui est probablement juste au sens « fraternel pote » du terme, La maison Tellier semble être un clin d’oeil évident à la nouvelle de Maupassant, publiée en 1881. Un recueil narrant le quotidien dans une maison close, tenue par Madame Tellier.
Mais avec la Maison Tellier made in 21ème siècle, on parle bien de rock. Celui qui est doux, mélancolique. Mais un peu froid. Distant, aussi.
C : Trop longtemps, on a associé la Maison Tellier a un style folk, country
A : A juste titre. Dès 2006, le groupe sort leur premier album. L’année suivante, ils publient Second Souffle, leur deuxième opus. Le ton y est doux, chantant. On entend du saxophone, de la guitare acoustique, du ukulélé. En choeur, notamment avec le titre 3 Days In Amsterdam
(EXTRAIT 2)
A : L’album est un peu noir, aussi. Dans Second Souffle, le deuxième titre de l’album, les paroles sont équivoques
(EXTRAIT 3)
A : Sur scène, La Maison Tellier semble timide, discrète. Ils ont envie d’être là, oui, mais semblent écorchés. Leur troisième opus, L’art de la fugue sort en 2010. On se croit en voyage, dans une église désacralisée. Sur le sable, loin de l’eau.
Les albums se suivent et se ressemblent. La maison Tellier fait partie du paysage français. C’est un peu ce qu’écoutent les darons amoureux du rock français. Des belles lettres. Du moins, c’est l’image que je m’en fais.
C : En 2015, ils publiaient l’Avalanche, leur cinquième et dernier album studio en date.
A : Serait-il un peu plus optimiste ? Tout du moins, leur single Amazone semble vouloir apaiser les plaies de la vie.
(EXTRAIT 4)
A : A chaque jour sa peine, ne dit pas que tu l’aimes. A chaque nuit sa joie », scandent-ils. On y parle d’amour, d’histoires d’hommes. De leurs peines. Dans Où sont les hommes, ils s’interrogent : mais où êtes-vous ?!
(EXTRAIT 5)
A : L’album n’est pas encensé par la critique mais La maison Tellier semblent ne pas aimer la vie médiatique. Un peu comme ces artistes qui font de l’art, et point. On écoute, on n’écoute pas, qu’importe. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est très difficile de connaître en substance, en profondeur, la Maison Tellier. Dans une interview accordée à Culturebox lors de la promotion de cet album, ils avouent : un cap est passé avec cet album.
C : « Nous maintenant, on sait ce que l’on fait, on sait ce qu’on vaut », disent-ils.
A : « On peut toujours toucher plus de gens, vendre plus de disques et ça arrivera peut-être. On fait notre part du boulot pour que ça arrive, mais je ne suis pas dans un truc de bilan », avoue celui qui se fait appeler Helmut Tellier.
C : Alors, que nous réserve le prochain opus ? Mélancolique à souhait ou bien il faut tenter de vivre ?
A : Avec La Horde, La Maison Tellier chante « j’ai fini par accepter de m’être perdu quelque part ». Un album plus optimiste ? Pas sûr. Ils disent aussi « non ce n’était pas mieux avant, c’était juste avoir vingt ans ». Primitifs Modernes sortira le 22 mars prochain et douze ans après le début de leur carrière, on s’attend à des textes toujours aussi sombres, cafardeux.
Mais finalement, une mélancolie se guérit-elle ?
(EXTRAIT 6)
C : Et là-dessus, je n’ai pas la réponse ! Merci en tout cas Angèle Chatelier de nous avoir retracé le parcours de La Maison Tellier. Rendez-vous le 22 mars prochain pour la sortie de leur prochain album. A très vite !
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