MAI LAN, la popstar que la France ne mérite pas, revient avec son deuxième album

C : Vous n’avez très certainement jamais entendu son nom, et pourtant, elle a assuré des duos avec Casseurs Flowters et Oxmo Puccino, et s’est produite à travers les États-Unis avec M83, autre Français qui connaît plus de succès à l’étranger que chez nous. Aujourd’hui, Morgane Giuliani vient nous parler de MAI LAN, chanteuse pop qui a sorti son 2e album solo, Autopilote, le 19 janvier chez Cinq7/Wagram. Bonjour Morgane !
M : Bonjour Corentin ! Aujourd’hui, je viens clâmer un coup de coeur autant que pousser un coup de gueule. Parfois, quand tu aimes un ou une artiste très fort, ou je sais pas moi, un film ou une série, mais qui ne trouve pas suffisamment de succès à ton goût, tu as un sentiment d’injustice et tu te sens investi.e d’une mission quasi divine de conversion des foules. Eh bien, c’est ce que je vis avec MAI LAN, chanteuse originaire de Paris. À 35 ans, elle est la fille de la costumière vietnamienne Minh Truong et du graffeur Kiki Chapiron, et la soeur du cinéaste Kim Chapiron. Une famille de “punks” comme elle s’amuse à dire. Son nom de scène est écrit en capitales, ça a de la gueule et ça reste en tête comme un slogan. MAI LAN a commencé à faire parler d’elle en reprenant le titre Bâtards de Barbares de La Caution pour le film Sheitan. Ensuite, comme tu l’as bien résumé Corentin, elle a collaboré avec plein d’artistes ultra intéressants, Surtout, son premier album, éponyme, sorti en 2012, était marqué par le hit Easy, qui avait été utilisé dans une campagne SFR.
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M : Malgré tout ça, on a l’impression que MAI LAN n’a pas imprimé dans la tête des gens, pas dans notre beau pays en tout cas, et ça ne peut plus durer. C’est joli non, cette petite guitare acoustique et ces harmonies vocales ?
C : Ça a son charme oui !
M : Eh bien zou ! Tout ça : au placard. Pour son 2e album, MAI LAN s’est tournée vers un son électro-pop implacable, qui écrase tout sur son passage. Il y a un an, le premier single, Vampire, a montré la nouvelle direction prise par la chanteuse, et c’est difficile d’y résister :
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M : Ce nouveau son a pu être impulsé par ses collaborations avec le Français M83, connu pour son tube Midnight City.
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C : MAI LAN l’a rencontré lors d’une soirée à Los Angeles, en 2015. Elle a co-écrit 4 titres de son 2e album, Junk, sorti en 2016.
M : MAI LAN est l’un des piliers du disque. Au point qu’elle accompagne M83 sur une tournée à travers les États-Unis, qui les emmènent dans les plus gros festivals comme Coachella, et même, quelques late-shows. On la retrouve notamment sur l’énorme single Go! :
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C : C’est donc tout naturellement que MAI LAN a demandé à M83 de l’épauler pour son 2e disque solo.
M : Elle s’est aussi tournée vers Nick Sylvester (qui a bossé avec Sleigh Bells) et Myd, du label électro Ed Banger. Depuis les tréfonds d’une cave de Williamsburgh, ils ont façonné un disque de pop bétonnée. La plupart des titres sont construits sur un beat répété jusqu’à l’obsession, avec des montées en puissance, des explosions, des loopings, des descentes vertigineuses. Sans parler des couplets longs et bavards tirés par MAI LAN comme à la mitrailleuse. Les morceaux Peru, Pumper, Nail Polish (qui me rend dingue), Vampire, Missile, Dial My Number ou encore Blaze Up et Technique donnent tous envie de sautiller en pleine rue. Bref, plus de la moitié de l’album est composée de tubes en puissance.
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C : La pop de MAI LAN répond à des formats “classiques” mais elle les adapte à sa sauce.
M : Il y a des titres dingues sur Autopilote, qu’on n’aurait pu entendre ailleurs. Prenons pour exemple Technique, l’un des singles. MAI LAN y reprend des conseils/injonctions assénés par les médias ou les coachs en bien-être. Dans son monde, ça donne ce refrain tout aussi improbable que génial : “Hydrate-toi, fais des pauses, hydrate-toi, fais des pauses loin de ton ordinateur”. MAI LAN mélange ça à des habitudes que tout le monde a, comme manger des nouilles instantanées ou promener son chien. Sur Nail Polish, le délire part encore plus loin : “Je mange plus que ce que je peux contenir/Le ventre fait grandir le cerveau/J’en ai rien à foutre du sucre de canne/Je mange des patates et du poulet !” On a l’impression d’écouter de la cyber-pop surréaliste, du genre dont on ne pensait pas avoir besoin dans sa vie avant de tomber dessus.
C : À côté de ces morceaux barrés, MAI LAN propose aussi des vrais moments d’émotion.
M : MAI LAN chante, en français ou en anglais, la souffrance, l’attente, le vide, aussi bien amoureux qu’artistique, dans le titre d’ouverture du disque, sur de belles nappes de synthé. Et ça colle des frissons. Sans parler du single Haze, qui plonge dans une torpeur pop aussi belle que triste.
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M : Autopilote est un album vivant, qui vibre, inventif, moderne, bref, c’est un voyage dans la 4e dimension pop. Il est temps que la France se réveille et se rende compte de sa chance d’avoir une telle artiste qui n’a rien à envier à ses collègues anglo-saxonnes.
C : Autopilote est disponible chez Cinq7/Wagram. MAI LAN se produira quelques fois en février et mars, dont à Cergy le 8 mars. On espère que de nouvelles dates s’ajouteront ! Merci pour le coup de coeur/coup de gueule Morgane et à bientôt !
M : À très vite !