Corentin : Aujourd’hui, Pierre-Alexandre Rouillon de Gamekult a abandonné son clavier pour venir nous parler de rap et, plus particulièrement, de PNL. Ahhhh alors Pipo, tu vas te faire plaisir ? Tu vas les mordre à la jugulaire ?
Pierre-Alexandre :
Salut Corentin ! Et ben figure-toi que, même si j’accroche pas trop trop à PNL et que j’ai déjà eu des propos aussi idiots que peu renseignés sur le duo, et ben j’en suis revenu.
J’ai toujours un peu de mal avec le groupe à titre personnel mais faut quand même avouer que c’est d’une qualité indéniable et que leur parcours force le respect.
[MUSIQUE]PNL01 - Da
C : Ah d’accord ! Ben ça, si on m’avait dit que tu viendrais un jour défendre PNL sur notre antenne, j’avoue que j’y aurais pas cru !
P : Ecoute, il paraît qu’il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis ! Et puis quelque part c’est aussi en creusant des artistes *pour* les Croissants que j’ai ouvert mon esprit donc merci patron !
C : Mais de rien !
P : Et donc : PNL. Deux frères, Ademo et NOS, respectivement Tarik et Nabil Andrieu, nés d’un papa corse et d’une maman algérienne et ils viennent de la ville de Corbeil-Essonnes.
Les deux commencent le rap chacun de leur côté avec des mixtapes et des freestyles à la fin des années 2000 mais ils explosent vraiment en duo sous le nom PNL (pour Peace & Lovés) avec l’EP Que La Famille, sur leur propre label QLF Records en 2015.
[MUSIQUE]PNL02 - J’comprends pas
Et dès ce premier EP (de douze morceaux, beau bébé quand même), on trouve les marques de fabrique du groupe : Des paroles qui parlent de galère et de drogue sans jamais les glorifier, avec une grosse chape de mélancolie et de désespoir qui vient peser par dessus. Notamment grâce à de très bons instrumentaux de cloud rap
C : Du cloud rap ? C’est quoi ça ?
C : En gros c’est un sous-genre de rap qui a explosé au début des années 2010 avec des artistes comme Lil B, Yung Lean ou ASAP Rocky et c’est en gros un rap assez triste et mélancolique, sur des productions vaporeuses et douces. [REPRISE DERRIERE]
C : Ah oui d’accord, c’est du rap de vaporwave, quoi !
P : En gros t’as plus ou moins l’idée, ouais ! Et en quelques années seulement, PNL sont devenus les rois du game. Si on peut - comme moi - être agacé par l’utilisation à outrance de monosyllabiques débiles, difficile de nier la qualité des textes et le talent technique des deux frères. Les instrus sont de plus en plus travaillées et c’est vraiment de la dentelle.
C : Ah oui mais il reste un souci quand même…
P : Vas-y, je te vois venir et je t’attends
C : Ben l’autotune quoi
P : AHA, tu es tombé dans mon piège ! L’autotune, faut se dire que c’est un instrument de musique comme les autres. Et le souci c’est qu’on s’en est fait une mauvaise idée à cause d’artistes qui l’utilisent n’importe comment. Mais chez PNL comme chez de nombreux autres, c’est utilisé avec de plus en plus de finesse et ça ne gêne plus vraiment l’écoute.
C : D’accord, tu m’as convaincu. Et ça m’a l’air d’être pareil pour leurs clips d’ailleurs, non ? C’est toujours un événement quand il y en a un qui sort j’ai l’impression
P : Ah ça tu peux le dire ! Plus le temps passe, plus les clips sont léchés, surtout les deux derniers. T’as A l’Ammoniaque avec sa cage d’escalier et sa file de clients en plein désert ou carrément, dans Au DD, qu’on va justement écouter, les deux frères qui rappent au sommet de la Tour Eiffel.
[MUSIQUE]PNL03 - Au DD
Et leur communication est à peu près aussi vaporeuse que leur musique.
Comme tu as pu le deviner, le nom de leur label, QLF Records, ça veut dire Que La Famille.
Et ben c’est tout simplement parce qu’ils font tout en indépendant avec une petite équipe soudée de gens très proches.
Pas de featurings, une interview en quatre ans et une communication au compte-gouttes, c’est presque les Daft Punk du hip-hop, mais encore plus radicaux.
C : Et pourtant ça cartonne !
P : Ah ben pas qu’un peu ! Pour te donner une idée, leur troisième album, Dans La Légende a été disque de diamant - une performance encore plus rare pour des indés - et Au DD est le premier morceau de rap français à atteindre le top 30 de Spotify avec 19 millions d’écoutes en 24h.
C : Ah oui en effet, ils sont vraiment dans la cour des grands
P : Et tout ça sans major ni interview en même pas cinq ans !
Et donc là, après de nombreux mois sans grande annonce, ils ont teasé leurs fans pendant une nuit entière et balancent le fameux Au DD, à la fin duquel ils annoncent la sortie de l’album Deux Frères quelques jours après.
[MUSIQUE]PNL04 - A l’ammoniaque
Et je vais pas faire de chronique à proprement parler sur l’album, parce que je m’y connais clairement pas assez, mais c’est encore plus introspectif qu’avant, avec quelques expérimentations vraiment intéressantes et des morceaux vraiment superbes.
C : Mais c’est quand même très chanté et “pop” depuis tout à l’heure. C’est toujours du rap ?
P : Oulala malheureux ! Bien sûr que c’est toujours du rap, avec des couplets ou ça kicke fort et des punchlines qui frappent juste.
Mais c’est vrai que, comme beaucoup d’artistes, PNL c’est autant du rap que de la variété française - puisque le rap EST la nouvelle variété française. Et ça c’est quand même une bonne nouvelle parce qu’entre nous, PNL, Fianso, Disiz la Peste ou Vald, ça a un peu plus de gueule que Patrick Fiori ou Zaz.
C : Et bien merci Pierre-Alexandre ! Deux Frères c’est le nouvel album de PNL, un groupe disponible sur toutes les plateformes de streaming et chez vos disquaires. A bientôt !
PNL : la bicrave dans les nuages
Avec trois albums et un EP sortis en à peine 4 ans, PNL s’est imposé comme un acteur incontournable du rap, et même de la musique, en France. Pierre-Alexandre Rouillon de « Gamekult » a dépassé ses a priori plutôt négatifs sur le duo originaire des Tarterêts et nous présente leur dernier disque, intitulé « Deux Frères ».
0:00
6:18
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.