Pour se détendre, rien de tel que de se mettre dans l’« Ambient »

CORENTIN : Bon Xavier je vais être tout à fait honnête j’ai de plus en plus de mal à comprendre tes mails, là tu as écrit “sens le vent caresser tes cheveux, Corentin, laisse toi aller à la distorsion, embrasse la reverb délaisse le rythme”, c’est pas sérieux !
Xavier : Désolé Corentin, c’était pas super clair, je me suis laissé emporter ! Ce que je voulais te dire dans mon mail c’était : “je vais parler de musique ambiante !”
C : ah ! eh bien ! Ok !
X : et plus particulièrement, de la réédition en compilation il y a quelques mois de deux albums de David Sylvian et Holger Czukay, intitulés “Plight & Premonition” et “Flux & Mutability” ! Est-ce que c’est plus clair pour toi ?
C : Moui un peu, va vraiment falloir faire des efforts pour tes prochains mails. Alors, c’est quoi cette histoire de musique ambiante dont tu me parles là ?
X : Je pense que le mieux, c’est encore de vous faire écouter à quoi ça ressemble.
[BRIAN ENO]
Là, vous venez d’entendre un très court extrait du premier morceau qui figure sur l’album “Ambient 1/music for airports” de Brian Eno, sorti en 1978. Brian Eno, vous le connaissez notamment pour son travail sur l’album Heroes de David Bowie. Mais ce n’est pas le sujet. Ce que l’on vient d’entendre est planant, calme, éthéré. Il n’y a pas de rythme marqué, il y a un travail sur l’atmosphère et le voyage du son. C’est ce que l’on appelle l’ambient, nom donné notamment par l’album dont est extrait le bout de musique que Corentin vient de vous passer.
C : ah c’est particulier ! on se sent en effet porté par le vent et le souffle de la musi….hm pardon, excusez-moi. Mais donc ça vient d’où l’ambient ? C’est vraiment Brian Eno qui a inventé tout ça ?
X : eh bien bonne question Corentin. Les origines de la musique ambiante se trouvent au début du 20ème siècle dans le travail de compositeurs comme Erik Satie, qui portent un intérêt à l’atmosphère que peuvent instaurer des sons qui sont de la musique mais pas nécessairement au sens admis à l’époque. Mais c’est davantage dans les années 70 avec le développement de l’usage des synthétiseurs dans la composition musicale que l’ambient se développe, sans trop dire son nom au départ.
C : Donc tu veux dire que Brian Eno a inventé le terme d’ambient, mais pas réellement la musique en elle-même ?
X : oui en effet c’est à peu près ça ! Même si Kraftwerk ne faisait pas réellement d’ambient, leur utilisation des synthétiseurs et d’instruments électroniques ont influencé le mouvement. Le groupe japonais Yellow Magic Orchestra a développé de son côté son propre petit style, tandis que que des albums de David Bowie comme Low, sur lequel Brian Eno a travaillé, en ont façonné une certaine vision. Le groupe Harmonia, dont nous allons écouter un court extrait de leur morceau “sehr kosmisch” sorti en 1974, a été un précurseur de l’ambient.
[HARMONIA]
C : ça y est je m’envole la gravité perd prise sur moi Xavier ! ah non en fait ça va. Mais ça c’était il y a plus de 40 ans, on en fait toujours de l’Ambient ou pas ?
X : Eh bien oui Corentin ! Il y a des tas d’artistes qui en font, et pas forcément toujours de la même façon, il y a de nombreux sous-genres qui se sont développés au fil des années. Certains ont des approches qui s’apparente presque à la musique classique, d’autres à de la musique électronique, certains autres mélangent un peu tout voire font des sons torturés. APhex Twin en a m pas mal fait, par exemple. Personnellement, un de mes artistes préférés dans ce genre (mais aussi tout genre confondu) est Oneohthrixpointnever, dont vous allez entendre un extrait d’Andro, qui vient de son album Replica
[ONE]
C : c’est tout de même très expérimental comme genre de musique non ?
X : il est clair que l’un des axe de développement les plus important de l’ambient, notamment via la musique électronique comme je l’ai dit tout à l’heure, est l’expérimentation. Et c’est d’ailleurs un peu l’enjeu des deux albums dont je vais vous parler pour terminer cette chronique : Plight & Premonition / Flux & Mutability de David Sylvian et Holger Czukay. Le premier est anglais, le deuxième allemand. Tous deux viennent de genres musicaux qui sont un peu éloignés. David Sylvian faisait partie du groupe Japan, qui faisait de la New wave, tandis que Holger Czukay a co-fondé le groupe Can, qui était plutôt dans le rock expérimental.
C : C’est effectivement pas super proche mais vu comme tu me les as présentés j’imagine qu’ils ont pu se réunir autour de l’électronique et du bidouillage du son ?
X : Bien deviné ! Sur ces deux albums sortis en 88 et 89 et qui contiennent chacun deux chansons, on peut entendre une multitudes d’instruments et d’effets différents : de la guitare, de la basse, du piano, des voix, mais aussi différents types de flûte, des dictaphones, des radios, de nombreux samples, des vibraphones etc. Le tout donne quelque chose de très intéressant et, je trouve, d’assez abordable, plus que le travail de certains des autres oeuvres que j’ai pu aborder plus haut
[FLUX]
On vient d’entendre Flux, premier morceau du deuxième album. Les deux disques ont été réunis en un coffret deux cd ou en un double vinyles il y a quelques mois. Je vous en recommande l’écoute si vous découvrez le genre et que vous souhaitez commencer à découvrir ce qui peut se faire dedans. Et si n’aimez pas forcément ces deux albums, je pense qu’il y a d’autres productions ambient qui pourraient vous plaire, car comme je l’ai dit tout à l’heure, il y a à peu près autant de façon d’en faire qu’il y a d’artiste qui en font.
C : Eh bien je te remercie, je vais moi même y jeter un coup d’œil. Donc ne t’étonne pas si mes mails se mettent à leur tour à ne plus avoir aucun sens. À la prochaine mon bon Xavier.