XAVIER: Bonjour à toutes et à tous ! Vous êtes bien sur les croissants FM, la seule radio qui tranche dans la brioche de l’actu tous les matins. Aujourd’hui, Corentin Benoît Gonin va nous parler de….
CORENTIN : Mais ça va pas ? Qu’est-ce qui te prend Xavier ? Tu veux me piquer ma place ?
X : mais non pas du tout Corentin !!! Je voulais juste faire un tribute, une cover d’une chronique des croissants ! ça marche bien, c’est à la mode, je te jure !
C : Les cover….tu veux dire, les reprises ?
X : exactement Corentin ! Les reprises ! ça cartonne, il y en a eu des tonnes qui ont aussi bien marché que l’original, comme The Man Who Sold the World par Nirvana, à l’origine une chanson de David Bowie, d’autres qui ont surpassé l’original… par exemple Thorn de Natalie Imbruglia.
C : THORN DE NATALIE IMBRUGLIA EST UNE REPRISE ????
X : Oui je sais c’est fou ! Mais tu sais ce qui est encore plus intéressant que les reprises ? Les albums de reprises ! Weezer vient d’en sortir un, et comme souvent avec le groupe californien, il n’a pas de nom à part “weezer”, mais une couleur, cette fois-ci “teal”, ce qui équivaut en Français au “bleu sarcelle”, je ne connaissais pas, c’est marrant on dirait du turquoise….
C : [l’interrompt] Xavier ! On est pas là pour parler de couleurs ! Mais de cover ! Déroule ta chronique ou sinon je déchire le conducteur !
X : Wow ok ! Faut vous calmer mon vieux ! Bon alors ! Eh bien les albums de reprises ça peut être très varié. Il y a des groupes qui sont spécialisés dans les reprises de groupes qu’ils aiment, il y a aussi des albums avec plusieurs artistes, souvent émergents, qui reprennent des chansons d’un même artistes. D’autres, comme le groupe français Nouvelle Vague, ne font que des albums de reprises de chansons. Mais ici, dans cette chronique, il est bien question d’un album d’un artiste, ou d’un groupe, qui ne comporte que, ou quasiment uniquement, des chansons qui ne sont pas originales.
C : Mais du coup, c’est fréquent les albums de cover ?
X : Disons qu’il y en a quelques uns de notables. Dans Rock’n’Roll, sorti en 1975, John Lennon reprenait des morceaux emblématiques du rock, du blues du R&B des années 50/60. D’une certaine façon, cet album permet de comprendre d’où venait une partie de la musique des Beatles. Lennon en propose une interprétation souvent assez sensibles, on peut sentir une certaine émotion s’en dégage. Parfois celles-ci se démarquent nettement des originales, mais pas de façon trop abrupte, c’est le cas par exemple de Be Bop A lula, originellement de Gene Vincent.
[BE BOP A LULA]
C : D’accord, il respectait le matériau d’origine quoi, il rendait hommage sans trop s’éloigner.
X : oui on peut dire ça ! Parfois le groupe peut décider de proposer un album où les reprises proposent des réinterprétations assez radicales des morceaux originaux. C’est à mon sens le cas avec l’album Rage, sorti en 2000 par Rage Against The Machine. La structure de certaines chansons sont considérablement altérée. On perçoit à travers le choix des chansons une volonté de Rage Against the Machine de rendre hommage à leurs inspirations rap et rock à leur manière, avec leur sonorités typique, avec des morceaux d’Africa Bambaata, pape du rap, mais aussi des Stooges et de MC5, groupes qui ont marqué l’histoire du punk, à côté de morceaux de Dylan et Springsteen dans lesquels on peut percevoir des sous-textes politiques
C : D’accord donc ça peut être des hommages qui font dans la réinterprétation de standards, parfois de façon intense
X : mais il y a aussi des albums de cover qui permettent à un artiste de revenir sur des chansons d’autres artistes qui sont importantes pour lui, et même de revenir sur ses propres chansons. C’est ce qu’a fait le chanteur de Country Johnny Cash sur son quatrième disque de sa série “American” intitulé “The Man Comes Around” qui est le titre de la seule chanson réellement originale de l’album. Le reste sont de nouvelles interprétations de vieux morceaux de Johnny Cash. Mais il propose sa vision de chanson des Beatles, Depeche Mode et même de Nine Inch Nails avec Hurt, qui surpasse l’originale à mon sens. Le thème des chansons tournent autour de l’amour, des regrets qui peuvent en ressortir, de la souffrance, mais aussi de la mort.
C : Ici, on est dans de la country non ? ça doit pas mal changer les chansons !
X: Absolument ! Avec beaucoup d’instruments acoustiques et une économie dans la production ! Les émotions explosent, la voix éraillée de Johnny Cash, vieil homme à la santé vacillante, donne une nouvelle dimension à certains des textes. C’est le dernier album de Cash sorti de son vivant et c’est un très beau testament. Perso je pleure toujours en écoutant sa version de “We’ll meet again”, qui clôt le disque.
[We’ll meet again]
C : ok mais du coup l’album de Weezer ! on aurait presque perdu de vue que tu voulais nous parler de ça au départ !!!!
X : Ah ! Oui ! Exact ! Eh bien là, on est dans l’album gimmick, l’album blague. Le disque s’ouvre sur une reprise d’Africa, du groupe Toto. Lucie vous avait parlé du chemin de cette reprise dans une chronique que vous retrouverez dans le brunch. En gros, le groupe avait répondu à la demande d’une fan qui avait fait campagne pendant de longs mois sur Twitter pour qu’ils reprennent la chanson. Le disque est composé de tubes des années 50, 60, 70, 80 et 90, et on va de la pop au heavy metal en passant par le R&B. Il est vraiment difficile d’y voir autre chose qu’un projet qui visait à démultiplier ce que le groupe avait fait sur Africa.
[AFRICA]
C: On prend des tubes, et on les passe à la sauce weezer ?
X : Exact ! Et ça marche pour la plupart des pistes, particulièrement everybody wants to rule the world et sweet dreams are made of this. Il n’y pas pas beaucoup d’imaginations dans ce disque, qui enchaîne guitare méchantes mais pas trop et synthés très synthétisants. LEs chansons sont quasiment reprises à l’identiques, c’est du pilote automatique. Ce n’est pas le meilleur album de Weezer, c’est certain. qui n’est pas le meilleur groupe du monde selon moi. D’aucuns diraient que ce disque est cynique. Et même si c’est un album de reprises sans imagination, elles sont efficaces et sans fioritures, et j’y vois du shitpost sympa et qualitatif. Et c’est finalement peut-être ce dont nous avons le plus besoin par les temps qui courent ? Enfin personnellement, je continue de de l’écouter.
C : Et dieu sait que j’aime le shitpost. Ça vaut peut-être le coup que j’y jette une oreille. En tout cas merci Xavier pour ces redécouvertes, et a très vite !
« Teal Album » de Weezer : reprises multiples
Quand un fan aime la chanson d’un artiste, il n’est pas rare qu’il en fasse une reprise, ou bien une « cover » comme on dit en bon français. Mais il existe aussi des groupes qui se spécialisent dans cet exercice ! À l’occasion de la sortie du « Teal Album » de Weezer, parlons un peu de reprises avec l’ami Xavier Eutrope !
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