“The Handmaid’s Tale”, saison 2 : la soif de liberté dans une dictature phallocratique et religieuse
Corentin : Que ferions-nous si notre pays entrait en dictature religieuse et phallocrate, où les femmes seraient réduites à des rôles avilissant, et dont certaines, plus fertiles que les autres, seraient appelées les Servantes ? C’est l’histoire de la série The Handmaid’s Tale qui est revenu pour une saison 2. Angèle Chatelier revient sur cette dystopie, mais en musique, s’il vous plaît
Angèle : Si l’un ou l’une de vos amis à un chagrin d’amour, il n’y a selon moi qu’une prescription : lui faire écouter la chanson You Don’t Own Me de Lesley Gore (EXTRAIT 1)
Ce titre est l’un des hymnes de la seconde vague du féminisme. Il est aussi au générique du premier épisode de la saison 1 de la série féministe et dystopique, The Handmaid’s Tale.
C : Une série qui est revenu le 26 avril dernier pour une saison 2 disponible sur OCS.
A : The Handmaid’s Tale, issu du roman éponyme de Margaret Atwood sorti en 1985 est d’un féminisme glaçant. Les États-Unis que l’on connaît aujourd’hui se transforment en la société de Gilead. Un pays voué à Dieu et à la prolongation de l’espèce humaine qui se dérobe depuis une crise écologique et terroriste. Dans la société de Gilead, les femmes sont réduites à des rôles. Parmi eux, celui des servantes. Elles sont plus fertiles que les autres et deviennent donc des esclaves sexuelles. Nous suivons l’une d’elle dans sa quête de liberté, ses angoisses et son enfermement, June, désormais appelée Offred.
(EXTRAIT 2)
C : Ça, c’est le pitch. Mais ce qui fait la qualité de la série, c’est aussi sa réalisation et surtout, sa BO
A : Dans la première saison, l’ambiance est souvent douloureuse, angoissante, mais maintes fois remplie d’espérance, aussi. Grâce aux plans symétriques, quadrillés et saisissants mais aussi grâce à la BO. On y retrouve du rock énervé comme celui des Peaches ou de Jay Reatard (EXTRAIT 3)
Mais bien loin de la résignation, les servantes se battent. Ce ton là est aidé par des titres comme la folk de The Monkees et même… Nina Simone (EXTRAIT 4)
C : La musique originale de The Handmaid’s Tale a été créée par un certain Adam Taylor
A : Adam Taylor est un compositeur de musiques de films, de séries et de documentaires. Il produit des sons minimalistes venus directement de Long Beach, en Californie. L’homme est assez discret et a surtout été révélé par The Handmaid’s Tale. On le connaît aussi, un peu, pour avoir composé la musique du long-métrage Meadowland, sorti en 2015.
Dans The Handmaid’s Tale, il arrive à faire ressentir le poids d’une société avec de puissants solos de violoncelle. Un piano parcellaire vient aussi, parfois, divinement incarner l’angoisse. Ça donne ça (EXTRAIT 5)
Je me suis renseignée, c’est bien lui, Adam Taylor qui signe l’univers musical de la saison 2 de The Handmaid’s Tale.
C : Et niveau musique, le teaser annonçait déjà la couleur
A : Avec une reprise bien badante du tube de Bruce Springsteen For What It’s Worth. Deux salles, deux ambiances, écoutez ça (EXTRAIT 6)
C : Mais parlons un peu de ce qui nous attend dans ces nouveaux épisodes, justement.
A : Une saison qui va donc, au-delà de l’intrigue initiée par l’auteure Margaret Atwood qui avait terminé son livre, là où nous en étions à la fin de la saison 1, à peu de choses près. 13 épisodes sont prévus pour cette seconde saison, tous seront disponible sur la plateforme OCS, une fois par semaine jusqu’en juin.
Je n’ai pu en regarder que deux à l’heure où j’ai écrit cette chronique mais dès les premières minutes, le ton est donné : cette saison est bien plus sombre encore que la première.
C : A ne pas regarder si c’est la grosse déprime
A : Oui, je te l’accorde.
The Handmaid’s Tale ne cesse d’interroger le corps et l’appropriation que l’on s’en fait. Les Servantes en sont totalement dépossédées.
Nous laissons June, notre personnage principal à la fin de la saison 1… enceinte.
Servantes, elle est privée de liberté, enceinte, elle est choyée. Etre enceinte pour June, c’est sa force.
Dans cette saison 2, June a la rage. La rage de vivre, la rage d’être libre. Sa quête de liberté est complètement démente, jamais extravagante.
Autre point et pas des moindres : comprendre comment le pays est arrivé dans une telle dictature phallocrate est bien plus présent dans cette saison 2. À travers des flashbacks, on voit des adultes dépérir en comprenant que leur société ne tourne plus rond et que nous sommes en train de leur voler leurs droits.
C’est ce qui est déroutant. Absolument terrifiant. Comme le dit Telerama, « les meilleurs récits dystopiques sont universels et intemporels ». La Servante Écarlate a été écrit en 1985, il a un écho brûlant aujourd’hui.
C : Pour ne rien gâcher, la série a été récompensée par huit Emmy Awards pour sa saison 1
A : dont celui de la meilleure série dramatique, et de deux Golden Globes.
Cette saison 2 risque bien de rester dans les esprits, elle aussi.
C : Je rappelle que la saison 2 de The Handmaid’s Tale est disponible sur la plateforme OCS, n’hésitez pas aussi à lire le livre original, la Servante Écarlate, écrit par Margaret Atwood. Merci Angèle Chatelier et à très bientôt
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