C : Aujourd’hui Tatiana tu t’es penchée pour nous sur un petit bijou de technologie française, une prouesse qui fait briller la France à l’international : le coeur Carmat.
T : Le Coeur Carmat, vous en avez sûrement entendu parler, c’est un coeur totalement artificiel et totalement autonome. En gros, c’est un coeur de substitution, un coeur fabriqué en laboratoire, mais qui permet de faire exactement ce que fait notre coeur à nous, c’est à dire envoyer du sang dans tout notre corps.
Petite explication par l’AFP.
SON Coeur Carmat - AFP - Fonctionnement
https://www.youtube.com/watch?v=jgKN939ZfZo
T : Le coeur Carmat, on en entend parler à intervalle régulier dans les infos.
Parfois c’est pour une bonne nouvelle : “une nouvelle personne vient de bénéficier d’une implantation d’un coeur Carmat et elle se porte bien”, parfois pour c’est moins bonne nouvelle : le dernier greffé d’un coeur Carmat est décédé, l’essai clinique est à l’arrêt.
C : Et dernièrement, c’est plutôt pour une bonne nouvelle qu’on en a entendu parler, puisque la production des coeurs va reprendre.
T : Oui, depuis près de 6 mois, la production de Carmat était à l’arrêt. Des dysfonctionnement avaient été repérés sur les prothèses, et du coup, l’essai clinique avait de nouveau été arrêté, pour régler ces soucis là, avant d’implanter de nouveau le coeur sur un nouveau patient.
Donc, maintenant la production de coeur Carmat reprend. Mais la vraie question, c’est pourquoi on s’en inquiète de cette production ? Pourquoi on se soucie tant de cette entreprise française ?
C : Oui, pourquoi ? C’est vrai que Carmat est juste une entreprise de la med tech, la technologie médicale. Et il en existe plein d’autres, par exemple certaines qui conçoivent des robots pour assister les chirurgiens lors des opérations, ou d’autres qui se penchent sur les sondes urinaires. Celles là, on en entend jamais parler !
T : Il y a 2 grandes raisons, à mon sens, à cette hype autour de Carmat : déjà, ici, on parle d’un coeur, un coeur, tout de suite, ça fait rêver, on peut facilement se l’imaginer, c’est très accessible au “grand public” comme organe. Et je dis “grand public” sans aucun mépris, c’est simplement pour dire qu’un coeur, ça parle à tout le monde.
L’autre raison, elle est purement scientifique. Le coeur, c’est un organe très complexe. Et vital. Autant, on peut vivre sans un rein, autant sans coeur, il se passe plus rien. Du coup, c’est un organe qui fascine les chercheurs.
A partir du moment où la médecine a été un peu avancée, dans les années 1960, on a donc commencé à s’intéresser aux greffes de coeur. Il y a eu un premier essai en 1963.
de greffe d’un coeur de chimpanzé sur un humain, mais ça n’a pas du tout pris, le coeur était trop petit.
Ensuite, la première greffe de coeur humain, c’est un certain Christian Barnard qui la réalise en 1967, en Afrique du Sud, au Cap.
Lancer en tapis SON Coeur Carmat INA - Première greffe cardiaque
On a retrouvé une archive INA de cette première mondiale.
Remonter SON Coeur Carmat - INA - Première greffe cardiaque
https://www.ina.fr/video/AFE86001077/au-cap-pour-la-premiere-fois-un-coeur-humain-greffe-video.html
T : Le patient va mourir 18 jours plus tard, à cause d’une pneumonie.
C : Ah bah 18 jours, c’est pas tant une réussite, si ? C’est quand même très court.
T : Et bien si, 18 jours, en fait, c’est déjà une prouesse, parce que jusqu’à maintenant, on en était à 0 jours. Mais surtout, ça ouvre le champ à pleins de nouvelle tentatives. Parce que comme je viens de le dire, le premier patient, il meurt d’une pneumonie. En fait, son système immunitaire était totalement à plat, parce qu’il était bourré de médicaments anti-rejet pour ne pas qu’il rejette son nouveau coeur, sauf que du coup, ce sont les autres organes qui vont lâcher.
Et c’est la qu’on en revient au coeur Carmat. Dès le début, on se rend compte que le problème des greffes de coeur, ce sont les rejets et / ou les médicaments anti-rejet.
C : Alors faisons un bond dans l’histoire : première greffe d’un coeur humain en 1967, puis tout s’accélère, dès 1969 on a la première greffe d’un coeur artificiel aux Etats-Unis, puis les avancées scientifiques continuent, continuent… Nous sommes alors en 1986, la France s’y met, on a la première greffe d’un coeur artificiel en France. Puis, on arrive en 2011, et là, tadam, première mondiale et arrivée de Carmat dans les médias.
T : Et oui, en 2011, c’est une vraie révolution. Une entreprise française a réussi à développer un coeur artificiel totalement biologique. Et c’est ce “totalement biologique” qui change tout. Jusqu’à maintenant, les coeurs artificiels, ils étaient fait avec du plastique, du métal, plein, plein de matériaux, et ça entraînait des soucis de rejet. Là, on a un coeur qui est fait, notamment avec des membranes de veau, des matériaux naturels qui sont utilisés depuis longtemps pour faire des valves cardiaque par exemple. C’est le coeur Carmat.
C : En plus d’être biologique, ce coeur, il est aussi ultra performant.
T : Oui, c’est un bijou de technologie. Alors pourquoi je dis ça ? Et bien explication d’un des chirurgiens de l’équipe Carmat, Christian Latré mouille. C’était sur France 2.
SON Coeur Carmat - France 2 - Autonomie du coeur Carmat
https://www.francetvinfo.fr/sante/video-le-coeur-totalement-artificiel-un-espoir-et-un-soulagement-pour-les-transplantes_488346.html
T : Ce coeur est donc autonome, il s’adapte à toutes les situations.
C : À nouveau, on fait un bond en avant dans l’histoire, on revient à aujourd’hui, année 2019, on en est où ?
T : Et bien aujourd’hui tous les premiers patients greffés sont morts. Les 5 premiers, qui faisaient partis du premier essai clinique, tous sont morts entre 1 mois et 9 mois après avoir reçu leur coeur artificiel. Ca a un peu jeté un froid sur les espoirs de Carmat, parce qu’on s’attendait pas à des durées de vie si courtes.
Mais finalement, après un petit temps d’arrêt, l’agence nationale de sécurité du médicament, l’ANSM, redonne l’autorisation à Carmat de reprendre les essais cliniques. C’était il y a 2 ans. Parce que même si les premiers patients sont décédés, ça permis de faire avancer la technologie de ce coeur.
5 nouveaux patient reçoivent donc le coeur Carmat entre 2017 et 2019. Et là, on a une vraie bonne nouvelle : l’année dernière, pour la première fois, un greffé Carmat survit assez longtemps pour ensuite recevoir un vrai coeur, un coeur humain d’un donneur compatible.
C : Parce que le but du coeur Carmat, c’est pas de rester dans le corps du patient jusqu’à sa mort ?
T : Et bien au départ, non. Les coeurs Carmat, ils ont été conçus, parce qu’on manque de coeurs pour les gens qui ont des insuffisances cardiaques. Les listes d’attente des greffes sont longues. Sauf qu’avec un coeur défaillant, on vit pas longtemps, on ne peut pas toujours attendre qu’un donneur apparaisse. Alors du coup, c’était ça l’idée de Carmat : proposer un coeur artificiel, supra performant, qui puisse permettre de sauver la vie des patients, en attendant que ce soit son tour sur la liste des greffes humaines.
C : Mais je sens qu’il y a un “mais” dans ton histoire
T : Mais, effectivement, depuis, Carmat se dit aussi que quitte à développer un coeur artificiel ultra performant, pourquoi pas en concevoir un qui pourra rester à vie dans le corps des patients. A voir donc comment évolue l’essai Carmat. En novembre prochain, de nouveaux essais vont débuter, pour 10 nouveaux patients, et je suis sûre qu’on en entendra à chaque fois de nouveau parler dans l’actualité.
C : Et bien merci Tatiana pour ce petit point coeur artificiel, et à la prochaine !
Cœurs artificiels : Carmat répare, Carmat remplace
On en a parcouru du chemin depuis la première greffe de cœur effectuée sur une personne. Après les cœurs de chimpanzés, puis ceux d’humains, c’est désormais sur le cœur artificiel que les projecteurs sont braqués. Et cocorico, c’est une entreprise française qui est leader du marché. Tatiana Geiselmann vient nous expliquer en quoi cette innovation est révolutionnaire.
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