[SON Début chronique > ARMAGEDDON l’embarquement - 9s]
Corentin : Le 20 juin dernier, l’agence spatiale américaine, la NASA a publié un rapport d’une vingtaine de pages présentant les mesures à prendre en cas de collision d’astéroïdes avec la Terre. Au delà de la technique de Bruce Willis dans Armageddon, qu’a donc prévu la NASA ? Réponse avec Laura Aupiais. Bonjour…
Laura : Bonjour Corentin, bonjour à tous. Quand on lit le rapport de la NASA, on se dit que les films catastrophes comme Armageddon que tu viens de citer ou Deep Impact ne sont pas loin de la vérité.
L’agence spatiale américaine articule ce rapport autour de plusieurs axes dont : l’amélioration de la détection, du suivi et de la caractérisation des astéroïdes, ainsi qu’une meilleure prédiction et modélisation de leurs trajectoires.
La NASA a publié ce rapport en ayant très certainement en tête Bennu, un astéroïde de 500m de diamètre qui devrait possiblement croiser la terre entre 2135 et 2196. En terme de probabilité, c’est de l’ordre de 1 chance sur 10-11 mille mais il pourrait causer des dégâts à l’échelle d’un continent.
Corentin : Pourquoi si peu de fiabilités, de certitudes ?
L : C’est à cause de ce qu’on appelle l’effet Yarkovsky. Cet effet modifie la trajectoire des astéroïdes les plus petits, typiquement moins de 20 km.
En résumé, et en étant un peu technique, La rotation de l’objet sur lui-même provoque la restitution de l’énergie solaire émise sous forme de rayonnement infrarouge dans une direction qui modifie lentement sa trajectoire. Ce n’est pas très grave si vous n’avez pas compris.
Mais pas d’inquiétude, il se trouve que la NASA a envoyé une sonde en septembre 2016 pour qu’elle se pose sur l’astéroïde afin d’étudier ce phénomène et permettre d’autres analyses.
Corentin : On a près d’un siècle pour perfectionner la technique. On est dans les temps.
L : On a effectivement un peu de temps devant nous pour s’y préparer.
Corentin : Qu’envisage la NASA pour éviter une collision d’un tel astéroïde avec la Terre ?
L : Elle est en train de réfléchir à plusieurs hypothèses si une telle situation arrivait même si c’est très rare.
Alors l’une d’entre elle consiste à envoyer un satellite de 500 kilos à la vitesse de 7km par seconde pour permettre la déviation de cet astéroïde.
C’est un projet qui est mené en collaboration avec l’agence spatiale Européenne d’ailleurs et un premier test devrait voir le jour en 2022.
Une autre hypothèse c’est le remorquage gravitationnel et cela vous est expliquée par l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet aux micros de Futura Science
[SON 2 - JP Luminet - Le remorquage - 23s]
L : Une autre supposition est envisagée par certains. Mais cela reste de l’ordre du fantasme et qui consisterait à peindre façon paint ball le géocroiseur en blanc pour modifier ses propriétés thermiques. De cette façon, il mettrait 20 années à dévier sa trajectoire.
Sur le papier, ça pourrait marcher mais il n’existe aucun financement pour concrètement la mettre oeuvre et ce n’est pas à l’ordre du jour.
Corentin : Comment la peinture va-t-elle s’accrocher à la surface de l’astéroïde dont on ne connaît pas la composition ? Comment peindre un objet qui tourne sur lui-même ?
Ce sont d’excellentes questions qui n’ont pour le moment pas de réponses.
Corentin : Est-ce que l’hypothèse d’envoyer un missile nucléaire pour le réduire en miette est possible du coup ?
L : Et bien si. Le projet se nomme Hammer. Et effectivement, l’idée est de faire exploser un missile à proximité du géocroiseur pour d’une part défléchir sa direction et d’autre part abaisser la dangerosité de l’impact. C’est très cinématographique comme réponse mais ce n’est pas ce que privilégie la NASA.
En fait, la Nasa souhaite concentrer ses efforts sur la détection des plus petits objets qui font entre 10 et 30m car ils sont bien plus nombreux que les plus gros.
A l’heure actuelle, les chances que l’on détecte un tel objet avant qu’il ne soit sur nous et donc pas de possibilité d’évacuer la zone d’impact est inférieure à 10%.
Corentin : 10 à 30m, ça parait si peu comparé à nous.
L : C’est vrai mais ce qu’il faut savoir c’est que c’est pile la bonne taille pour faire des dégâts. Je ne sais pas si tu te souviens de celui qui est tombée en 2013 et qui avait fait 1000 blessés à cause du souffle de l’explosion. Ce dernier mesurait à peu près 20 mètres.
Corentin : Quelles sont alors les ambitions de l’agence spatiale américaine ?
L : Pour améliorer le système de détection, l’Agence recommande de regarder du côté des dispositifs existants ou déjà planifiés comme les télescopes spatiaux, et les observatoires et d’évaluer dans quelles mesures leurs données pourraient être mieux exploitées à des fins de détection.
Ensuite, elle souhaite qu’il y ait un traitement des données de manière automatisée et systématique. Et enfin elle recommande également la mise en place d’exercices réguliers pour se préparer à une telle éventualité.
Ce que le document rassemble, ce sont toutefois beaucoup de déclarations d’intentions. Reste à voir quelles mesures vont concrètement être mises en oeuvre.
Corentin : Eh bien il ne nous reste plus qu’à espérer que le ciel ne nous tombe pas sur la tête avant. Mer il Laura ! Et à très vite !
Que faire si un astéroïde nous fonce dessus ?
Quels scénarios la Nasa prépare-t-elle si, d’aventure, la Terre devait croiser la route d’un astéroïde ? Eh bien figurez-vous que des films comme « Armageddon » ne sont pas si loin que ça de la vérité. Toutefois, il existe également d’autres plans plus subtils que va nous détailler Laura Aupiais.
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